L`hypocrisie sans pareille du Gouvernement de Merkel Evelyn Hecht-Galinski Traduction Christiane Reynaud

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L’hypocrisie sans pareille du gouvernement de Merkel

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire du 3 octobre

Texte original : https://www.sicht-vom-hochblauen.de/die-einzigartige-verlogeneheit-der-merkel-regierung-von-evelyn-hecht-galinski/

Traduction : Christiane Reynaud

 

 

Ce gouvernement fédéral, qui aime tant parler de valeurs, a, en très peu de temps, jeté toutes les valeurs par-dessus bord et autorisé des exportations d’armements qui se chiffrent en millions malgré la clause précise de l’accord de coalition de ne pas exporter dans des pays qui participent à des guerres. Selon la devise « qu’est-ce que j’en ai à faire de ce que j’ai raconté hier », ce gouvernement a  autorisé, ni vu ni connu et en toute hâte, des livraisons à l’Arabie Saoudite, aux Émirats arabes unis et à la Jordanie, ces exportations massives d’ogives, d’autodirecteurs pour les systèmes de défense aérienne des navires de guerre, des missiles antichars, des systèmes de localisation pour véhicules blindés. Toutes ces livraisons vont à des pays qui sont actuellement impliqués dans la guerre génocidaire contre le Yémen.

 

En raison de tentatives de chantage de l’Arabie Saoudite de rappeler leur ambassadeur de Berlin et d’annuler les commandes, le ministre des Affaires étrangères Maas et le prince héritier saoudien ont pu dissiper les « malentendus » survenus après les termes clairs de l’ancien ministre des Affaires étrangères Siegmar Gabriel vis-à-vis de l’Arabie Saoudite. Tout marche à nouveau comme sur des roulettes : l’industrie de l’armement et les Saoudiens sont contents. Il n’y a pas plus hypocrite !

 

Une commande de l’Égypte qui a de grandes chances d’atteindre des milliards attend déjà le chantier naval Thyssenkrupp Marine Systems (TKMS). Après avoir livré l’année dernière quatre sous-marins à l’Égypte, TKMS doit maintenant construire au moins deux frégates du type allemand Meko A200 pour le « pharaon par coup d’État ». Les livraisons à l’Algérie et à l’Afrique du Sud ont été réalisées à toute vitesse à la grande satisfaction de tous les clients.

 

L’Allemagne n’empêche pas un génocide, au contraire, elle y participe

 

Après tout, dans toutes les guerres d’intervention, il s’agit d’intérêts propres et non pas de morale ni de valeurs et encore moins des droits de l’homme. Au lieu d’empêcher des génocides, on y participe directement ou indirectement. Alors que les budgets d’armement sont augmentés de milliards, les budgets des organisations humanitaires comme l’UNRWA sont supprimés ou les fonds pour le développement sont réduits. On doit donc aussi fortement contredire le ministre de l’Économie Altmeier qui a critiqué un soi-disant antiaméricanisme. Nous avons en effet besoin d’un partenariat avec les Etats-Unis mais sur pied d’égalité, ainsi que d’une libération du statut aveugle de vassal des Etats-Unis. Pour ce faire, nous avons besoin de toute urgence de renouveler nos relations et de nous rapprocher de la Russie, notre voisine et partenaire naturelle. Nous devrions en effet assumer davantage de responsabilité dans le monde, mais, par conséquence, non plus par armement mais au contraire, par médiation  pacifique et par des mesures d’apaisement, sans guerre ni ventes d’armes.

Quand la chancelière Merkel aura le plaisir de se rendre le 4 octobre en compagnie de six ministres de son cabinet et d’une délégation économique à la 7ème consultation gouvernementale israélo-allemande pour renforcer les relations « exceptionnelles » avec « l’État juif », l’hypocrisie n’aura pas sa pareille. Un emploi du temps serré de 24 heures, un dîner avec Bibi et Sara Netanyahou, des réunions ministérielles, des négociations économiques, des réunions de coalition et, comme cerise sur le gâteau, le titre de docteur honoris causa de l’université de Haïfa l’attendent à Jérusalem.

 

Merkel est vraiment persuadée qu’elle vient en tant qu’héritière de notre histoire, de la rupture avec la civilisation de la Shoah, où nous, en tant qu’Allemands, avons une responsabilité particulière dans notre relation avec Israël et devons être reconnaissants d’être aujourd’hui des partenaires proches et des amis. Et elle ferme les yeux sur les décennies de violations israéliennes du droit international. En tant que lauréate du Prix Galinski, elle aurait dû intérioriser la devise de mon père, Heinz Galinski : « Je n’ai pas survécu à Auschwitz pour me taire sur une autre injustice ». Mais Mme Merkel se tait sur cette injustice. Ou bien va-t-elle cette fois aborder le sujet de la politique de colonisation contraire au droit international conformément à ce qui est écrit dans le contrat de coalition ?

 

La question intéressante est de savoir si Merkel mettra chez ses interlocuteurs israéliens les violations des droits de l’homme, les crimes contre le droit international sur le tapis ainsi que la démolition du village bédouin de Khan al-Ahmar contre laquelle les cinq membres du Conseil de sécurité de l’ONU, dont l’Allemagne, avaient protesté. Ce village est situé à un endroit stratégique important dans la zone C, sans lequel Jérusalem-Est serait complètement coupée de la Cisjordanie illégalement occupée. Quand viendront les bulldozers, avant ou après la visite de Merkel ? Cette démolition a été réclamée par des colons judaïstes, justement pour rendre un État palestinien impossible. Il faudrait aussi parler de l’arbitraire raciste envers les citoyens d’origine palestinienne, le traitement des réfugiés et des demandeurs d’asile, de même que de la Loi nationale raciste de Jérusalem qui ressemble beaucoup aux lois raciales de Nuremberg et qui devrait fortement éveiller des souvenirs, précisément chez les Allemands. Ou bien Merkel ne va-t-elle pas vouloir, une fois de plus, se mêler des affaires « intérieures » de l’État juif » qui devraient pourtant tous nous regarder et nous concerner ?

 

Ne pas détourner le regard de 70 ans de vol et d’expulsion !

 

Nous assistons en effet quotidiennement à une rupture de civilisation dans « l’État juif » qui, depuis plus de 70 ans, vole et expulse de manière sans égale un autre peuple. Nous ne devrions pas nous en montrer reconnaissants, mais essayer de changer cette situation et d’assumer notre responsabilité. Ne pas détourner le regard quand des torts se produisent devrait être notre obligation qui découle de la Shoah !

 

Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas qui dit être entré en politique à cause d’Auschwitz, a assisté récemment en Italie à une cérémonie commémorative en souvenir d’un des pires crimes de guerre commis sur le sol italien, au village de Mazarbotto,  où 771 victimes dont 315 femmes, 189 enfants dont le plus jeune avait juste un mois, ont été massacrées par des unités SS et la Wehrmacht. Quand il éprouve de la tristesse et de la honte devant les victimes et leurs proches, il ne devrait pas oublier les parallèles avec aujourd’hui.

 

Comment Maas peut-il prononcer la phrase « Nous n’avons pas oublié à quoi mènent la haine et le racisme » et oublier, lors de sa visite dans « l’État juif » de penser aux victimes du génocide de Gaza et oublier aussi où mènent le racisme et la haine dans « l’État juif », un État où 56% de la population juive se croit « élue » et agit et vit selon cette devise. Oui, Monsieur Maas, c’est vrai, cela ne sert à rien d’ériger des murs, mais il est utile de lutter pour faire tomber les murs dans les esprits et dans la réalité – comme le mur de l’apartheid -. C’est pour cela que vous devriez lutter en tant que ministre des Affaires étrangères, et éprouver de la honte quand vous vous rendrez la prochaine fois dans « l’État juif ».

 

L’occasion se présentera déjà le 5 octobre, le lendemain de la visite de la Chancelière, quand « le ministre à cause d’Auschwitz » arrivera dans « l’État juif ». Au cours de cette deuxième et plus longue „visite d’amitié“, il sera intéressant de voir si et comment, pendant ce séjour, il abordera avec les amis juifs le sujet de leur politique d’occupation contraire au droit international et de leurs violations des droits de l’homme.

 

Cette Grande Coalition devrait être navrée et avoir honte de s’affranchir de toutes les règles et de permettre des exportations d’armement dans les régions en guerre. Tout s’est passé sous le couvert de la politique allemande qui était alors occupée avec elle-même. Les négociations secrètes du Conseil fédéral de sécurité (RSF) ont pu passer inaperçues et le ministre de l’Économie, M. Altmeier, a pu envoyer au Parlement fédéral, en toute confidentialité, la longue liste des exportations d’armement autorisées par le RSF. C’est aussi simple que ça ! Pour ce gouvernement, il n’est important que de ménager l’industrie et à tout faire en collaboration avec elle pour la renforcer et consolider les associations d’entreprises sous prétexte de sauvegarder les emplois. Il en va de même dans l’affaire des moteurs diesel où on couvre les activités criminelles et la fraude de certaines entreprises automobiles et de leurs sous-traitants. Et c’est le consommateur qui doit payer ! Après les prochaines élections en Bavière et en Hesse, cette politique de lobbying entrera pleinement en vigueur aux dépens des consommateurs.

 

Des colonies sur des terres palestiniennes volées avec la bénédiction de la Chancelière

 

L’Allemand moyen doit soi-disant se réjouir que nous entretenions un partenariat avec un État qui a, de toute évidence, abandonné toutes les valeurs démocratiques et ne poursuit plus qu’un but : la judaïsation de toute la Palestine. C’est de l’hypocrisie quand Merkel souligne qu’elle continue de soutenir une solution à deux États, un État juif d’Israël et un État pour les Palestiniens, alors qu’elle fait tout pour que cette solution dont Israël n’a jamais voulu ( !) ne puisse pas être réalisée. En effet, presque tous les jours, de nouvelles colonies sont construites, agrandies ou projetées sur des terres palestiniennes volées. Et Merkel souligne aussi constamment que pour elle en tant que chancelière allemande, la sécurité d’Israël a la plus haute priorité. Elle répète cette maxime depuis plus de 10 ans sans que les conditions de vie des Palestiniens se soient améliorées.

 

 

Qu’en est-il de la responsabilité de l’Allemagne à l’égard des Palestiniens qui doivent vivre sous l’occupation illégale, contraire au droit international, par le régime juif. Leurs conditions de vie deviennent de plus en plus désastreuses et depuis longtemps, personne ne parle plus de « solution à deux États » à part les habituels beaux parleurs politiques comme Merkel & Co…La situation désespérée, le taux de chômage élevé et l’impuissance contre les occupants supérieurs sur le plan militaire ont miné les habitants de la Palestine illégalement occupée. L’Allemagne devrait se demander, dans quelle mesure elle a contribué à ces circonstances.

 

Merkel regrette le soi-disant antisémitisme en Allemagne et voyage avec Felix Klein, le commissaire à l’antisémitisme du gouvernement fédéral en tant que « combattant contre l’antisémitisme » pour prouver quelle importance elle accorde à la vie juive en Allemagne. Cependant, cela ne fait que montrer que ce gouvernement ferme les yeux sur le racisme et la haine de l’islam dans notre pays. Il faudrait un commissaire au racisme qui serait la personne adéquate pour un voyage en Israël car il y a là-bas assez de racisme pour se documenter.

 

Qu’en est-il de la situation dans la bande de Gaza verrouillée contrairement au droit international où deux millions d’habitants vivant dans des conditions inimaginables manifestent tous les vendredis avec l’énergie du désespoir pour leur liberté ? Depuis le 30 mars ils ont déjà à déplorer 150 victimes assassinées, dont des femmes, des enfants, des handicapés, des secouristes et des journalistes. Est-ce compatible avec « nos valeurs » que nous, les contribuables soyons sommés par des politiciens irresponsables de payer pour des cadeaux d’armes et des sous-marins à capacité nucléaire. ?

 

Les Palestiniens ont enfin intenté une action en justice contre les Etats-Unis auprès de la Cour internationale de justice à La Haye pour le déplacement de l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem. Les Palestiniens exigent du tribunal des Nations-Unis d’ordonner aux Etats-Unis de retirer leur représentation diplomatique de Jérusalem.

 

Curieusement, après ce déplacement contraire au droit international, l’AfD et le Conseil central des Juifs étaient logés à la même enseigne : tous deux avaient reconnu le déménagement et exigé du gouvernement fédéral de reconnaître à son tour cette reconnaissance unilatérale et illégale des Etats-Unis de Jérusalem comme capitale de « l’État juif ».

C’est d’autant plus frappant qu’une nouvelle association « Juifs dans l’AfD » vient d’être fondée. Le Conseil Central a fortement critiqué cette fondation, mais cela ne doit pas être pris au sérieux, car ils ont beaucoup en commun. Tous deux critiquent avec véhémence un soi-disant « antisémitisme musulman » et soutiennent un « État juif » raciste.

Le Conseil central des Juifs : le bras long de « l’État juif »

L’hypocrisie du gouvernement allemand et des politiciens se montre aussi quand la DITIB, l’Union turco-islamique pour les affaires religieuses et association des mosquées, est sommée par exemple par le Premier ministre de la Rhénanie-du-Nord-Westphanie Laschet, d’abandonner son rôle politique et de se concentrer en Allemagne sur des tâches religieuses et pastorales au lieu d’observer les adeptes de Gülen ou de prier pour la Syrie. On accuse DITIB de ne pas agir comme organisation religieuse mais d’être le bras long politique d’un Président autocrate. Il ne serait que normal et juste d’exiger enfin la même chose du Conseil central des Juifs en tant qu’organisme de droit public qui agit clairement comme bras long de « l’État juif » et ouvertement comme porte-parole de cet État. Dans les synagogues, on prie pour la sécurité des « soldats juifs de la défense » et on diffame impitoyablement les militants du BDS et les critiques d’Israël. Le Conseil Central est ainsi le représentant adjoint de l’ambassadeur d’Israël. Tout cela se passe aussi avec l’argent des contribuables allemands, mais est accepté sans critique. Une fois de plus, nous avons affaire ici à deux poids, deux mesures.

Imaginons qu’une grande synagogue allemande doive être solennellement inaugurée, que le Premier ministre Netanyahou ou le Président Rivlin aient annoncé vouloir faire un discours à l’inauguration et qu’une grande fête soit prévue devant la synagogue. Aurait-on alors évoqué des consignes de sécurité, interdit la fête et diffamé les politiciens israéliens comme certains médias l’ont fait contre Erdoğan ? Certainement pas, car, après un tollé d’indignation contre la haine des Juifs, la massue de l’antisémitisme aurait été tout de suite brandie comme moyen dissuasif éprouvé. L’Allemagne est championne pour les deux poids, deux mesures.

La situation des droits de l’homme dans « l’État juif », une démocratie parlementaire dans laquelle plusieurs partis politiques sont représentés, relève cependant plutôt d’une ethnocratie. L’État n’a pas de constitution et, jusqu’aujourd’hui, pas de frontières définies. Les droits fondamentaux sont, le cas échéant, garantis au niveau des lois. Les citoyens et citoyennes arabes sont discriminés sur le plan institutionnel et social. Leur accès à l’éducation, au marché du travail, au marché du logement et aux terres agricoles est, dans certains cas, très limité. Ils ne sont pas libres de choisir leur lieu de résidence. Le traitement des réfugiés, des demandeurs d’asile et des migrants et migrantes clandestin(e)s est également problématique. Les demandeurs d’asile africains sont emprisonnés puis expulsés. . Les travailleurs et travailleuses étranger(e)s ne bénéficient que d’une protection minimale contre l’exploitation. Les autorités restreignent la liberté d’expression, d’association et de réunion des personnes qui critiquent l’occupation israélienne des territoires palestiniens. L’objection de conscience est punie de prison. En décembre 2017, le gouvernement des Etats-Unis du président Donald Trump a reconnu Jérusalem comme capitale israélienne. Cette décision constitue une violation du droit international.

Dans les territoires palestiniens occupés sous le contrôle des forces armées israéliennes, la situation des droits de l’homme est précaire. Israël n’offre aux Palestiniens et Palestiniennes des territoires occupés aucune protection contre la construction de colonies illégales. Des Palestiniens et Palestiniennes sont régulièrement emprisonné(e)s sans mise en accusation ni jugement. Il existe des rapports sur des tortures et des mauvais traitements de prisonniers lors des interrogatoires ou pendant la garde à vue. De nombreux prisonniers ont entamé une grève de la faim en raison des conditions de détention intolérables. Il existe aussi des rapports sur des exécutions extrajudiciaires. Dans les territoires occupés, les enfreintes aux droits de l’homme ne sont ni poursuivies ni punies. Les habitants sont en outre soumis à de nombreuses restrictions des droits fondamentaux (voir la plateforme d’information humanrights.ch)

Il faut immédiatement en finir avec les crimes contre les droits de l’homme et contre le droit international

Il faut en finir immédiatement avec l’hypocrisie sans pareille du gouvernement allemand, le soutien inconditionnel de « l’État juif occupant », la diffamation du mouvement non-violent BDS, de l’appel de la société civile internationale palestinienne à la solidarité avec le peuple palestinien à qui on refuse depuis plus de 70 ans les droits fondamentaux, ainsi qu’avec l’utilisation abusive du reproche d’antisémitisme pour détourner l’attention de la politique de crimes contre les droits de l’homme et contre le droit international ! La chancelière Merkel devrait emporter et présenter cette exigence dans « l’État juif ».

 

 

 

 

 

 

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