Cause et effet Evelyn Hecht-Galinski Traduction : Christiane Reynaud

Cause et effet

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire du 19 mai 2021

Texte original : https://www.sicht-vom-hochblauen.de/kommentar-vom-hochblauen-ursache-und-wirkung-von-evelyn-hecht-galinski/

Traduction : Christiane Reynaud

 

Les photos et les nouvelles de Palestine et de Gaza sont si horribles que l’on ne peut commenter ce massacre qu’avec colère et impuissance. S’il n’y avait pas les médias étrangers, nous serions impitoyablement à la merci de la propagande allemande pro-israélienne partiale. Une campagne d’intimidation sous prétexte d’antisémitisme est en cours ici contre les positions pro-palestiniennes et critiques envers Israël, dans le seul but de détourner l’attention du massacre sioniste à Gaza. Pendant que le carnage s’aggrave chaque jour et que de plus en plus de victimes civiles palestiniennes à Gaza sont à déplorer, principalement des femmes et des enfants, ici en Allemagne, il n’est question que d’antisémitisme. Alors qu’aux États-Unis, les citoyens juifs américains se sont rassemblés par milliers pour protester contre le nettoyage ethnique de la Palestine, les Juifs allemands se sentent « menacés ». Si l’on regarde derrière les coulisses, ce sont précisément ces Juifs qui soutiennent pleinement la politique de nettoyage ethnique d’Israël, alors que les Juifs qui critiquent Israël sont réellement menacés par des accusations inqualifiables d’antisémitisme.

 

Conséquences de la politique raciste d’Israël

Si les États-Unis continuent de bloquer les déclarations communes de sécurité des Nations unies, ils jouent encore un rôle plus que passif dans la tentative de mettre fin aux attaques ou d’obtenir un cessez-le-feu. L’Union européenne, elle aussi, semble aussi molle que la formule « solution à deux États » ou les accords d’Oslo.

Les manifestations devant les synagogues ne sont que la triste expression de la politique sioniste, qui, après l’introduction de la « loi de l’Etat-nation » dans « l’État juif », a exigé qu’Israël soit reconnu comme « État juif » et a ainsi renforcé le « caractère juif » dans la politique.

Que cette politique n’a même pas de respect devant des mosquées comme Al-Aqsa, a été prouvé le dernier vendredi du Ramadan lorsque des « soldats de la défense » armés de grenades assourdissantes s’y sont introduits de force. La « liberté religieuse » ne vaut visiblement que pour les Juifs.

 

Qu’est-ce qu’un drapeau brûlé, comparé à la barbarie commise au nom de ce drapeau ?

A mon avis, ce n’est pas d’un grand secours de défiler devant des institutions juives en tant que cibles de protestations mais il faut admettre que le « drapeau à l’étoile de David » est le symbole de l’oppression sanglante, une pièce de propagande comme identification à « l’État juif ». Pour ce qui est de brûler cette pièce de propagande, je suis d’accord avec Moshe Zuckermann : Qu’est-ce qu’un drapeau brûlé, comparé à la barbarie commise au nom de ce drapeau ?

Les films avec la populace sioniste qui traversait Jérusalem en démolissant les commerces palestiniens ont rappelé à des membres américains de l’organisation « Jewish Voice » les récits de leurs familles sur la « Nuit de cristal ».

Il est donc plus que compréhensible que les Musulmans du monde entier, le monde arabe et turc, se montrent solidaires de la Palestine et des Palestiniens et s’opposent à cette immense injustice. En tant que « citoyens ordinaires » on ne peut vraiment pas faire grand-chose pour montrer notre solidarité avec les Palestiniens. Dans ce contexte, je vous rappelle notre pétition pour Gaza et vous demande d’être nombreux à la signer et de la diffuser largement :

https://www.sicht-vom-hochblauen.de/petition-den-verbrechen-gegen-die-menschlichkeit-ein-ende-setzen-in-solidaritaet-mit-gaza/

ou :

http://www.nrhz.de/flyer/beitrag.php?id=27435

 

Liberté d’expression et de manifester ?

Le samedi 15 mai, jour anniversaire de la Nakba, la commémoration de l’expulsion violente de plus de 700 000 Palestiniens de leur patrie à l’occasion de l’établissement de l’État juif sur le sol palestinien, de nombreuses personnes se sont rassemblées dans beaucoup de villes allemandes comme Berlin, Francfort, Cologne, Stuttgart et Fribourg pour exprimer leur solidarité avec le peuple palestinien. Mais très rapidement, la police a mis fin à ces démonstrations pour des raisons cousues de fil blanc – comme le non-respect des « règles de sécurité -.

À Fribourg, tout s’est déroulé sans problème. Mais des amis de Berlin m’ont parlé d’arbitraire de la part de la police avant le démantèlement de la manifestation. Des amis de Cologne ont parlé d’une manifestation pacifique de plusieurs milliers de participants, principalement des Palestiniens et des Turcs. Et mes amis de Francfort ont fait état d’environ 2 500 participants. Partout, les manifestants étaient pacifiques, ne portaient pas de banderoles « choquantes » et ne criaient pas de slogans « antisémites », il n’y eu pas d’incidents. Néanmoins, la manifestation a été dispersée par la police déjà deux heures plus tard après plusieurs annonces en raison de « violations permanentes des conditions imposées ». Que peut-on espérer d’autre dans une ville comme Francfort où un maire d’arrondissement, trésorier et commissaire à l’antisémitisme a hissé un drapeau israélien sur la mairie avec le Premier bourgmestre juif Feldmann (SPD) ?

Les manifestations pro-israéliennes, telles que celle organisée à Mannheim par la société Allemagne-Israël, avec, bien sûr, la participation de politiciens allemands, n’ont pas été dérangées, alors que la manifestation précédente pro-palestinienne a été vite dispersée. Voilà pour la soi-disant liberté d’expression et de manifester.

 

L’antisionisme n’est pas de l’antisémitisme

En vérité, la politique officielle allemande, de connivence avec le lobby pro-israélien, a saisi l’occasion pour qualifier les manifestations pro-palestiniennes « d’anti-israéliennes » ou carrément « d’antisémites », mais sans aucune preuve. De cette façon, on confond critique d’Israël avec antisémitisme pour empêcher toute critique indésirable, tout à fait dans l’esprit de la « hasbara » d’assimiler antisémitisme et antisionisme, ce qu’on doit absolument rejeter.

Et en ce moment, le ministre de l’intérieur Seehofer annonce des « mesures sévères » contre les antisémites et les incidents antisémites. J’aurais souhaité un tel zèle contre l’extrémisme de droite et le NSU, alors on n’en serait pas arrivé aux terribles meurtres et attentats, notamment contre les Musulmans.

Cela prend l’apparence d’un concours entre les partis, animé par la CDU/CSU, le SPD, les Verts, la Gauche et l’AfD, sous la devise « Qui est le plus grand philosémite et le plus grand ami d’Israël du pays ? » Les partis qui adoptent des positions aussi partiales sont-ils encore éligibles ? Quelle est la différence entre un membre de l’AfD en Allemagne et un membre du gouvernement d’extrême droite au parlement israélien ? Ils ont tous en commun une composante anti-musulmane qui consiste à considérer les Musulmans  comme des personnes potentiellement « dangereuses ». Ce que cette marginalisation va entraîner n’est pas encore prévisible mais devrait fortement nous inquiéter. Après tout, ce sont surtout les Palestiniens, les Arabes, les Turcs qui s’engagent pour les droits inaliénables de la Palestine, manifestent contre les attaques sionistes et font preuve d’empathie, ce qui manque à l’Allemagne et à ses politiciens. Cela touche donc principalement un antisémitisme soi-disant musulman, ce qui va de pair avec l’État d’apartheid juif où des extrémistes juifs hurlent des slogans comme « Mort aux Arabes » ou « Arabes au gaz ». Mais le citoyen allemand n’entend pas parler de cela lors des informations. Netanyahu cultive depuis longtemps des alliances sans scrupules avec des régimes d’extrême-droite, unis par une haine commune envers les Musulmans.  « L’expert en antisémitisme » du gouvernement allemand, Felix Klein, qui s’inquiète davantage de « l’antisémitisme musulman » que de l’extrémisme de droite, surfe également sur cette vague. C’est probablement la raison pour laquelle il a pris la défense de l’ancien président de l’Office pour la protection de la Constitution, Maaßen, après les accusations d’antisémitisme d’une activiste, et l’a mis en garde contre l’utilisation irréfléchie du terme antisémitisme. Maaßen a trouvé son chemin de Damas, ce qui permet de tirer des conclusions particulières.

 

Pourquoi les associations musulmanes reprennent-elles en chœur le refrain de la propagande ?

J’ai aussi été consternée par les réactions hâtives des associations musulmanes qui ont immédiatement repris en chœur le refrain de la propagande des accusations en bloc au lieu de condamner les attaques sionistes meurtrières en Palestine et de se solidariser avec les manifestants.

Josef Schuster, le président du Conseil central des Juifs d’Allemagne et « porte-parole » du régime israélien en Allemagne, a, de son côté, une fois de plus, été fidèle à sa réputation. Il a même eu le culot de demander aux citoyens allemands une „solidarité claire“, non seulement avec les Juives et les Juifs d’Allemagne, mais aussi avec l’État d’Israël. Quelle exigence infâme que d’appeler à la solidarité avec un État d’occupation juif meurtrier qui viole le droit international et le droit humain. Il a surtout réduit à l’absurdité sa déclaration qu’il ne faut pas assimiler les Juifs d’Allemagne à « l’État juif » d’Israël.

Les citoyens allemands veulent-ils vraiment se tenir aux côtés de criminels de guerre qui bombardent sans se soucier des victimes, y compris des femmes et des enfants sans défense, et exterminent ainsi délibérément des familles entières ? Voici le témoignage d’un médecin dans la bande de Gaza :

 

« Je n’ai encore jamais vu une telle ampleur de destruction »

Samir al-Khatib, un secouriste de Gaza, rapporte : « Je n’ai jamais vu une telle ampleur de destruction au cours de mes 15 années de service en tant que secouriste – même pas pendant la guerre de 2014 ». Rien que dans la nuit de dimanche à lundi, l’armée israélienne a tué 42 Palestiniens à Gaza, selon la dpa. L’agence de presse Associated Press (AP) a rapporté que parmi eux se trouvaient 10 enfants et 16 femmes. Plus de 50 personnes ont été blessées, dont certaines grièvement.

Au total, 188 Palestiniens ont été tués – dont 55 enfants et 33 femmes – depuis le début des bombardements le 10 mai, selon l’AP. Plus de 1 200 personnes ont été blessées. Du côté israélien, huit personnes ont été tuées par des tirs de roquettes en provenance de Gaza – dont aussi un enfant.

Les citoyens allemands veulent-ils soutenir les bombardements ciblés d’organes de presse pour éviter de perturber leur propre propagande ?

Les citoyens allemands veulent-ils soutenir un régime à qui on reproche de manipuler délibérément les journalistes internationaux en annonçant le déploiement de troupes terrestres afin de rallier les médias du monde entier à ses objectifs de guerre ?

Les citoyens allemands veulent-ils que des immeubles dans lesquels vivent des personnes, soient bombardés de façon ciblée par un État qui se vante d’avoir entre-temps attaqué plus de 1500 cibles à Gaza, une bande côtière si densément peuplée qu’aucun habitant ne peut fuir le brasier qu’Israël a délibérément allumé et où des dizaines de milliers de Palestiniens cherchent refuge dans des établissements de l’ONU comme des écoles ? Mais, déjà lors de la dernière offensive à Gaza en 2014, la volonté de destruction sioniste n’avait pris aucun égard pour les institutions civiles qui avaient été rasées par les bombardements.

Les citoyens allemands veulent-ils soutenir un gouvernement dont l’armée – selon l’ancien pilote israélien Yonatan Shapira – « est une organisation terroriste dirigée par des criminels de guerre » ?

Continuons-nous à accepter que l’Allemagne, tous partis confondus, soutienne à ce point sur le plan politique et dans les médias, un « régime de guerre et d’apartheid » meurtrier avec une fidélité servile et, de ce fait, s’oppose à toutes les soi-disant valeurs et à la Loi fondamentale ?

La pandémie de Corona et la « campagne de vaccination » avec l’aide « spéciale » de l’Allemagne qui n’a finalement profité qu’au « roi de la vaccination » Netanyahou, n’ont-elles pas montré comment un nettoyage ethnique peut également se dérouler ? Avec la formule « les Juifs d’abord », les Palestiniens occupés ont été privés de vaccin.

 

La politique allemande aux côtés de l’État d’occupation et d’apartheid

Si la chancelière Merkel, le président fédéral Steinmeier, le ministre des affaires étrangères Maas, et Annalena Baerbock des Verts qui se prend déjà pour une chancelière ainsi que tous les chefs de partis et les candidats à la chancellerie se rangent sans réverse aux côtés d’Israël, un État occupant et d’apartheid qui, sur son territoire, traite 20% de sa population palestinienne comme des citoyens inférieurs de seconde classe, alors nous, les citoyens allemands ne devons pas supporter cela et nous devons dire NON, nous ne cautionnons pas ce genre de politique !

Ne devrions-nous pas enfin rejeter la « doctrine Merkel » de la raison d’État allemande pour la sécurité de « l’État juif » ? Mardi, Merkel a, assuré Netanyahou par téléphone de sa solidarité ; un drapeau israélien a, en outre, été hissé sur le siège de la CDU. Quel signal de la part du « parti des valeurs chrétiennes » ! Il en va de même pour l’exigence ridicule de reconnaître le droit à l’existence de « l’État juif ».

Si cette exigence reste maintenue et qu’on l’impose à tous les Musulmans et citoyens issus de l’immigration, cela est totalement inacceptable, pour moi aussi, d’ailleurs. « L’État juif » a perdu le droit à cette reconnaissante par sa propre faute à cause de sa politique coloniale judaïsante  de nettoyage ethnique. Raison de plus pour soutenir un État démocratique de Palestine avec des droits égaux pour tous ses citoyens et pour défendre son droit à l’existence.

 

From the river to the sea Palestine has to be free

L’Allemagne doit enfin assumer sa responsabilité à l’égard de la Palestine, et son histoire en tant qu’auteur de l’Holocauste ne doit plus être une raison de garder le silence sur les crimes contre le droit international et contre les droits de l’homme commis par « l’État juif », et pas non plus de les permettre et de les soutenir activement.

Regardons les choses en face : le Hamas n’est pas un mouvement terroriste, mais un mouvement de résistance contre l’occupation en Palestine. Par contre, « l’État juif » est un État terroriste.

En attendant, les fronts se durcissent également sur le territoire israélien, où, comme à Lod ou à Jaffa, la violence s’intensifie à cause de Juifs nationaux-religieux d’extrême-droite, principalement immigrés des États-Unis, soutenus par des organisations puissantes qui ont acheté délibérément avec beaucoup d’argent des appartements et des maisons avec l’aide du mouvement des colons et de leur idéologie. Par ces achats, ils tentent à dessein d’accélérer la judaïsation des villes, également sur le territoire israélien.  Nous avons ici le potentiel d’une guerre civile à venir.

 

Grève générale contre les attaques sionistes sur Gaza

Les Palestiniens de Cisjordanie occupée ont appelé à une grève générale nationale mardi pour protester contre les attaques sionistes sur Gaza, l’expulsion forcée des Palestiniens de Sheikh Jarrar et la violence des colons juifs.

 

Le soutien mondial à la Palestine s’accroît dans le monde entier, et la diabolisation de la résistance palestinienne, qui s’oppose à « l’autodéfense illégale de l’occupant », ne porte pas ses fruits auprès des militants des droits de l’homme ; les efforts de « l’État juif » de criminaliser le mouvement de boycott, les manifestations ou les voix critiques envers Israël n’auront pas non plus de succès à long terme. Le pouvoir de Netanyahou semble à nouveau assuré pour le moment, et son peuple « élu » le soutient peut-être, ce « grand seigneur de guerre » israélien avec la supériorité de ses « bombes à l’étoile de David » contre les minables « roquettes du Hamas » et le nombre bien plus élevé de Palestiniens tués par rapport aux Israéliens juifs tués. UNE seule attaque sioniste fait beaucoup plus de dégâts mortels que 3000 « roquettes du Hamas ».

 

Il faut le reconnaitre : la cause de tous les maux est l’occupation illégale

La cause et l’effet sont constamment laissés pour compte. La cause de tous les maux est l’occupation illégale, l’expropriation et la judaïsation de la Palestine. Et l’effet sont quelques tentatives désespérées de résistance par un peuple sous occupation.

Nous ne devons pas permettre que les Palestiniens et les Musulmans soient rendus responsables comme boucs émissaires pour un massacre sans scrupule par le régime sioniste en Palestine, que l’on ne tienne pas compte de la cause et de l’effet de la culpabilité dès le début et les relègue à l’arrière-plan. Le déclenchement a eu lieu à Sheikh Jarras, une zone de Jérusalem-Est occupée, par l’expropriation arbitraire de familles palestiniennes. Ce vol de terres quotidien est le projet principal du plan sioniste sans lequel il n’y aurait jamais eu « d’État juif ». L’objectif est de judaïser complètement la terre de Palestine, au détriment de la population palestinienne autochtone. Si ces faits de cause à effet auxquels nous avons aujourd’hui affaire, ne sont pas finalement reconnus par la communauté internationale, il n’y aura jamais de paix.

 

 

 

Hinterlasse jetzt einen Kommentar

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.


*