De cruels Points communs Evelyn Hecht-Galinski Traduction Christiane Reynaud

De cruels points communs

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire du 4 juillet 2018

Texte original : https://www.sicht-vom-hochblauen.de/grausame-gemeinsamkeiten-von-evelyn-hecht-galinski/

Traduction : Christiane Reynaud

Je me souviens encore très bien du 31 août 2015 quand la chancelière Merkel, impressionnée par la situation aux frontières de l’Europe, parlait « d’un nombre infini de tragédies », « d’atrocités inimaginables » et d’images qui «vont au-delà de notre force ». C’était une toute autre facette de cette femme de pouvoir implacable qui a voulu enfin se montrer comme « une fille de pasteur protestant » chaleureuse, pleine d’empathie. Mais est-ce que cette image lui allait vraiment ? Je ne crois pas. Merkel, dont pratiquement le seul charme consiste à distribuer des bisous compassés « à l’européenne », veut à tout prix faire bonne figure. Elle veille minutieusement aux résultats des sondages mais sans penser aux citoyens. Elle semble avoir perdu toute intuition. Aurait-elle sinon pris ses décisions solitaires avec autant de suffisance ?

 Les pires durcissements du droit d’asile entrent en vigueur

Le système de Merkel a fonctionné sans heurts tant qu’elle a pu se débarrasser de tous ceux qui pouvaient lui devenir dangereux. En fait, sous son règne, les plus sévères durcissements du droit d’asile sont progressivement entrés en vigueur et on a procédé à des expulsions. La politique de Merkel est passée d’une „culture d’accueil“ à une „culture de déportation“.  

 

L’ensemble de l’UE, y compris Merkel, n’a pas réussi à trouver une solution européenne. Ce qui a été négligé pendant des années ne peut, à plus forte raison, pas fonctionner avec la nouvelle direction populiste de droite. On n’arrive à rien avec les pays dits de Visegrad comme la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie. Ces pays qui refusent catégoriquement d’accepter des réfugiés, et surtout pas de musulmans, sont des populistes racistes qui s’accordent mieux avec „l’État juif“ qu’avec l’UE.

 

Si maintenant l’Italie et l’Autriche rejoignent aussi les gouvernements d’extrême-droite, nous n’entendrons plus résonner que les « termes de combats » comme « réfugiés », « demandeurs d’asile » et « islam » à travers la forteresse d’Europe (Interview de Robert Menasse à l’émetteur Deutschlandfunk DLF)

Le chancelier autrichien Kurz a pris la présidence du Conseil de l’UE le 1er juillet et, avec son partenaire de coalition FPÖ, il a réussi un revirement anti-islamique sans précédent en Autriche.

Le spectre du Musulman a remplacé celui du Juif

 

Qu’est-ce que tous ces politiciens ont en commun ? Ils veulent mener une politique nationale de repli sur soi qui touche principalement les réfugiés et les Musulmans. Le spectre de l’islam et du Musulman a remplacé celui du Juif.

 

L’antijudaïsme s’est transformé en anti-Islam. Cependant, dans le cadre de campagnes de diversion ciblées, le lobby pro-israélien tente de mettre en évidence l’antisémitisme qui, en réalité, ne joue pratiquement aucun rôle en Allemagne.  Par contre, la critique justifiée de « l’État juif » s’est accrue. Comment peut-on développer un « amour » pour les occupants juifs qui construisent leur État sans égards aux dépens des Palestiniens expulsés. Que cet État soit en plus fêté sans critique à cause du passé, me met en colère. Le but est d’empêcher la critique « de l’État juif ». Ce que nous voyons actuellement à Gaza devrait tous nous rendre furieux, quand, en plus, les médias ne prennent partie que pour un côté, pour les Israéliens soi-disant en danger qui prétendent ne faire que se défendre contre les roquettes palestiniennes et les manifestants. Au lieu de venir en aide aux occupés illégalement, on les criminalise.

 

Ce qui est grave, c’est que « l’ère Merkel » a joué un grand rôle dans cette tentative de restreindre la liberté d’expression quand il s’agit de « l’État juif ». Il semble qu’il y a maintenant un genre de « blocus médiatique » quand il s’agit d’informer objectivement sur la situation réelle en Palestine occupée illégalement.

 

Criminalisation des vidéos qui dévoilent la réalité brutale

 

Alors qu’à Gaza les Palestiniens essaient sans violence de libérer leur peuple et de documenter ces actions avec des caméras, que les plus « moraux » de tous les tireurs d’élite, l’arme à la main, essaient de les en empêcher, pourquoi le gouvernement essaie-t-il de faire passer une loi qui criminalisera le fait de filmer des soldats israéliens sous peine d’au moins cinq ans de prison?

 

Il s’agit de documentations de groupes palestiniens et juifs qui ont tourné de nombreuses vidéos entre Hébron et Gaza qui dévoilent la brutale réalité de l’occupation coloniale.

 

Alors que dans « l’État juif » on expulse les partisans du mouvement BDS, ici en Allemagne, on essaie de les tenir à l’écart des locaux publics et de les réduire au silence. Mais la vérité ne peut pas être dissimulée éternellement, même si les sionistes et leurs adeptes zélés ne craignent rien de plus que la vérité.

 

Il est particulièrement honteux que précisément le président du Conseil central des Juifs Schuster ainsi que de nombreux autres responsables juifs aient joué un rôle aussi minable dans cette affaire : il a parlé, comme le « ministre chrétien-social de la patrie », Horst Seehofer de « limite supérieure » et « d’antisémitisme musulman ».

 

Expulsion pour ne pas mettre le « caractère juif » d’Israël en danger

 

De même que le régime de Netanyahou fait tout pour emprisonner les réfugiés et les demandeurs d’asile, les expulsent ou ne laisse même pas entrer ces « infiltrés » dans le pays pour sauvegarder le « caractère juif », il ne s’occupe pas des citoyens palestiniens de « l’État juif » ou des Palestiniens qui vient sous l’occupation illégale juive.

 

Quelle est la différence avec la politique des politiciens de l’AfD (Alternative pour l’Allemagne) ou d’autres extrémistes de droite qui aiment tant rencontrer Netanyahou et soutiennent pleinement « les Juifs » ?

Ce sont précisément ces politiciens de l’AfD qui luttent contre « ce système corrompu », mais prennent avec grand plaisir son argent pour financer une fondation du parti. La comparaison de Gauland entre Merkel et Hitler – dont il n’a pas cité le nom, mais tout le monde a compris de qui il s’agissait – a été un impair « à la Gauleiter ».

 

Aussi bien les néonazis que les sionistes, ils aiment tous se servir de comparaisons nazies, ils sont sur la même ligne.

 

 Mais lorsqu’il s’agit de « l’État juif », la soi-disant Gauche est de même „pleinement intégrée“. Il n’y a qu’à penser aux derniers voyages dans « l’État juif » de visiteurs du parti de la Gauche comme Ramelow, Bartsch ou Wagenknecht.

 

Merkel : sa compassion pour les réfugiés n’est pas digne de foi

 

Qu’a fait Merkel pour arrêter « l’État juif » dans sa politique d’occupation contraire au droit international, et encore moins de lui demander des comptes pour ses massacres, ses meurtres d’enfants, ses représailles, sa terreur d’État ? Elle a toujours toléré de toute sa « force protestante » cet État. Elle est donc la dernière à qui l’on croit en sa compassion pour les réfugiés.

 

Quand on lit le « Materplan Migration », le plan anti-immigration, en partie très discutable, de Seehofer, on voit que la plupart des 63 points sont pleinement dans l’esprit de la chancelière. Ce qui m’inquiète particulièrement sont les points qui font pratiquement de tous les réfugiés des criminels ; ils en font déjà des intrus, exactement de la même façon que Netanyahou. Cette phrase m’est absolument insupportable : « Um der aktuellen Notlage bei Abschiebehaftplätzen zu begegnen sollte die Trennung von Abschiebegefangenen und anderen Häftlingen vorübergehend ausgesetzt werden und die Bundesländer sollten zum Ausbau ausreichender Haftplätze angehalten werden“.(Pour faire face à l’actuelle situation critique pour les places de détention en vue de l’expulsion on devrait temporairement suspendre la séparation des détenus passibles d’expulsion et des autres prisonniers et les États fédéraux devraient être tenus d’accroitre le nombre de places de détention).

https://media.frag-den-staat.de/files/docs/ee/3b/81/ee3b817c3b5d48a19d870f4915820585/sog-masterplan-csu.pdf

 

C’est ainsi qu’on crée des ennemis, ces mesures ne favoriseront sûrement pas l’intégration mais le refus (c’est l’intention ?)

 

Seehofer aurait dû démissionner après avoir employé l’expression « Asyltourismus » (tourisme d’asile), bien qu’il soit revenu sur ce mot, car il a montré par là ce qu’il pense vraiment. Les Allemands en particulier, auraient dû tirer une leçon de leur histoire et savoir qu’aucun réfugié n’a fuit son pays pour le plaisir.

 

„Crazy Horst“ et „Sainte Angela“

Après «le « tourisme d’asile » arriva dans la nuit de lundi à mardi l’accord de la CDU/CSU entre « Crazy Horst » (Seehofer) et « Sainte Angela-nous-y-arriverons » » (Merkel). Pour ces deux « modèles en voie de disparition » ringards, il ne s’agissait plus des réfugiés ni des migrants, mais seulement de leur maintien au pouvoir. Maintenant, les « touristes d’asile » doivent aller dans des « centres de transit », un terme suranné qui ne veut rien dire d’autre que de concentrer les réfugiés dans des camps d’internement, une sorte de « mise en cages ». Le parti social-démocrate SPD qu’on ne remarque pratiquement plus dans la Grande Coalition, réfléchit encore désespérément comment il pourrait accepter ce compromis. Son plan en cinq points qu’il a rapidement présenté pour ne se montrer les mains vides devant les électeurs, prouve que le parti est maintenant si irrémédiablement enchainé à cette chancelière qu’on ne peut plus espérer de lui une politique raisonnable et indépendante. De nouvelles élections sont ce que le SPD craint le plus, donc il fait des concessions et va accepter ce qu’il a refusé en 2015, c’est-à-dire les centres de transit. La cheffe du groupe parlementaire Andrea Nahles voit en 2018 un autre état de fait et ne refuserait plus les centres de transit aujourd’hui puisqu’ils ne peuvent pas être considérés comme fermés – vu qu’après tout, ils seraient ouverts du côté du pays voisin ! – Je pense qu’après d’autres délibérations, le SPD va se montrer prêt à des compromis. Ce gouvernement ne se caractérise plus que par de la querelle et des interprétations de mots. Stephan Detjen de DLF a écrit un brillant commentaire au sujet de cette querelle indigne sous le titre “ Potemkinsche Dörfer der Asylpolitik“ (villages Potemkine de la politique d’asile).

https://www.deutschlandfunk.de/transitzonen-potemkinsche-doerfer-der-asylpolitik.720.de.html?dram:article_id=421985

La seule vraie solution serait d’élaborer une loi sur l’immigration dont nous avons un besoin urgent. C’est seulement avec cette loi qu’on pourrait apporter une solution au problème de l’immigration et favoriser l’intégration.

Mais tant qu’on parlera des Musulmans avec mépris, qu’on les présentera comme un problème pour la sécurité, comme des terroristes ou des délinquants potentiels, il n’y aura pas de véritable coexistence dont nous avons tous besoin.

Nous avons assez de murs !

Pourquoi le gouvernement prévoit-il de recruter du personnel soignant en Albanie et au Kosovo alors que nous avons tant de réfugiés désireux de travailler ? N’avons-nous déjà pas assez de murs dans le monde, à commencer par le mur de l’apartheid de « l’État juif » jusqu’au mur projeté par Trump à la frontière du Mexique et maintenant celui autour de la forteresse Europe !

Tant que l’alliance occidentale « judéo-chrétienne » anti-islam continue d’exporter des armes et des guerres, il y aura toujours plus de réfugiés et Netanyahou a déjà prédit à Merkel où ils vont. Tant que « l’État juif » se ferme aux réfugiés et n’autorise qu’aux Juifs à y « revenir », il y aura des réfugiés et c’est aussi la faute de la politique allemande qui n’a rien fait pour permettre à ces réfugiés palestiniens de retourner dans leur patrie.

Le « journal de combat » du Conseil central des Juifs a déjà écrit un hommage nostalgique, presque qu’une oraison pour Merkel : « Danke Merkel » (Merci Merkel). Le fait qu’elle ait été une aubaine pour la communauté juive en Allemagne et que cette communauté n’ait jamais eu de meilleure amie à la Chancellerie me rend furieuse.

Avec la politique de Merkel, un « État juif occupant » contraire au droit international a été déclaré raison d’État en Allemagne contre toutes les règles de la Loi fondamentale et il a été vivement gratifié de dons d’armes et de fausse solidarité ; Merkel a, par contre, totalement manqué d’empathie pour la misère des habitants enfermés dans le ghetto de Gaza. Sa cordialité de fille de pasteur protestant ne va pas jusqu’à là. Non merci, Merkel !

Il y a trop de points communs cruels entre les sionistes chrétiens et les sionistes juifs !

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