Je n’ai pas survécu à Auschwitz pour me taire face à une nouvelle injustice ! Evelyn Hecht-Galinski Traduction : Christiane Reynaud

 

Je n’ai pas survécu à Auschwitz pour me taire face à une nouvelle injustice !

Evelyn Hecht-Galinski

Bertolt Brecht : „L’homme n’est vraiment mort que lorsque plus personne ne pense à lui“.

Commentaire du 19 juillet 2022

Texte original : https://www.sicht-vom-hochblauen.de/ich-habe-auschwitz-nicht-ueberlebt-um-zu-neuem-unrecht-zu-schweigen-von-evelyn-hecht-galinski/?fbclid=IwAR1m4av6dQzPY3A7ilb8-Ht3cC2wZGFtRpBW1gZxiDsjOfaGru_Aw_83Vpo

Traduction : Christiane Reynaud

 

Le mardi 19 juillet 2022 a eu lieu le trentième anniversaire du décès de mon père, Heinz Galinski. Il est mort après une vie consacrée à la lutte pour la justice et contre le fascisme. Le titre de mon commentaire « Je n’ai pas survécu à Auschwitz pour me taire face à une nouvelle injustice » a été pour lui, après sa libération d’Auschwitz, une force motrice pour la suite de sa vie. Cette phrase a marqué toute notre vie de famille et reste son héritage. Maintenant, elle me stimule pour mon travail et est la raison de ce commentaire.

Mon père, citoyen d’honneur de Berlin, ayant eu droit à des « funérailles nationales » et dont la tombe d’honneur a subi un attentat terroriste à l’explosif qui n’a toujours pas été élucidé, était de tout cœur Berlinois et est toujours resté attaché corps et âme à sa ville.

 

Heinz Galinski en conflit avec Israël

C’est Heinz Galinski qui, en 1990, avec l’ancien chancelier Helmut Kohl, avait permis, par un accord, l’immigration de contingents de Juifs de l’ex-Union soviétique. C’était un accord important qui fut torpillé par Israël. Par plusieurs notes de protestation et par une opposition diplomatique, Tel Aviv avait corroboré sa position selon laquelle Israël était la patrie « naturelle » précisément des Juifs soviétiques émigrés ; il ne pouvait donc pas y avoir de réfugiés juifs en Allemagne, le pays de l’Holocauste. Pour Heinz Galinski, en tant que président du Conseil central, il était impensable de refuser aux Juifs de venir en Allemagne ou d’aller ailleurs qu’en Israël. . Il s’est opposé avec véhémence à cette exigence israélienne et n’a pas reculé devant une confrontation avec le gouvernement israélien. PERSONNE n’avait à prescrire à un immigrant juif où il devait aller. Un autre aspect de l’immigration pour la communauté juive de Berlin, qui souffrait de vieillissement, était la « Überlebensfrage » (Galinski), la question de la « survie »

Je me souviens également très bien à quel point l’exigence du gouvernement fédéral de ne laisser venir si possible en Allemagne que des jeunes Juifs soviétiques avec une bonne formation et de « milieu culturel allemand », avait indigné mon père. En tant que survivant d’Auschwitz qui avait vécu de près la rampe « de sélection », la « sélection du gouvernement de Bonn » l’avait mis en colère. Oui, il était un homme combatif et droit, un vrai Prussien occidental, attaché à la justice et  non au silence. Invité par le gouvernement, il a visité la Russie et a été enthousiasmé par Moscou et Saint-Pétersbourg, par la richesse de la culture et par la chaleur de leur accueil. Il avait toutefois « une prédisposition positive » car il n’avait jamais oublié la libération d’Auschwitz par l’Armée rouge, pas plus que les pires gardiens du camp de concentration, à savoir les Ukrainiens, dont il m’a décrit de façon saisissante les atrocités, qui dépassaient même celles de leurs « collègues » allemands.

La fondation Heinz-Galinski existe depuis 1987 : J’en ai été mise à la porte car mes propositions de lauréats, comme par exemple le militant pour la paix Uri Avnery, ne correspondaient pas aux idées et aux statuts de cette fondation. Entre-temps, la fondation est devenue (volontairement !) un élément insignifiant dont la dernière remise annuelle de prix a eu lieu en 2017, bien sûr toujours à des personnes liées corps et âmes à « l’État juif », tout à fait dans l’esprit du Conseil central actuel mais qui ne répondent ni à la mémoire de mon père ni à mes attentes. En ce sens, je ne regrette pas qu’il n’y ait plus de remise de prix.

 

L’action et l’œuvre de la vie de Heinz Galinski systématiquement détruites

Heureusement que mon père ne peut plus voir que son action et l’œuvre de sa vie de 1949 jusqu’à sa mort en 1992 pour la communauté juive e Berlin sont systématiquement détruites et partent à vau-l’eau de la Spree. Il en va de même pour le Conseil central des Juifs, qui se positionne aujourd’hui partialement comme « gouverneur et porte-parole » allemand de « l’État juif » en Allemagne et comme « censeur », et qui a donc perdu toute crédibilité et toute raison d’être alors qu’il est une corporation de droit public – allemand ! – qui reçoit depuis 2018, après une troisième augmentation des prestations annuelles de l’État, 13 millions d’euros !

L’argent de nos impôts doit également permettre de « lutter contre la montée de l’antisémitisme » par le renforcement du travail éducatif et culturel du Conseil central. Nous venons de voir de près à quoi ressemble ce « travail éducatif et culturel » de la hasbara dans le cas de l’actuelle exposition d’art Documenta. Une campagne de dénigrement sans précédent contre le collectif d’artistes indonésiens Taring Padi et ses bannières créées en 2002, quatre ans seulement après la dictature de Soeharto, a entraîné une chasse à l’homme médiatique et politique contre la Documenta fifteen et ses responsables, et pas l’arrière-plan de l’hécatombe de 500.000 personnes en Indonésie en 1965 sous le régime de Soeharto ! « Peoples Justice » montre pourtant de manière impressionnante les services secrets étrangers Mossad (Israël), MI-5 (Grande-Bretagne), Marin (allusion à la CIA), KGB (Union soviétique) et bien sûr aussi le BND. C’est un fanal politique et artistique important qui électrise. Mais l’Allemagne est complètement bâillonnée par des accusations d’antisémitisme totalement infondées qui recouvrent tout et détruisent l’art. Il est effrayant de constater comment toute l’avalanche médiatique se précipite sur cette Documenta et se répand en articles écumants pour la politique et le lobby pro-israéliens. Ce n’est pas le scandale mis en scène qui attend un travail de conscience mais l’intervention des lobbyistes pro-israéliens, comme le Conseil central, le commissaire à l’antisémitisme et Israël. On ne peut que conseiller à tous les artistes étrangers d’éviter les expositions d’art allemandes !

Ce „scandale“ de la Documenta n’est après tout qu’un symbole de l’organe de censure du lobbying juif qui voit un antisémite derrière « chaque buisson » et décide impitoyablement qui et quoi est antisémite. Cela concerne, bien sûr, les Juifs comme les Non-Juifs, et entre-temps aussi particulièrement des scientifiques étrangers, des artistes, des Palestiniens et des soutiens et sympathisants du BDS. Je recommande vivement à ce sujet l’article de Joseph Croitoru paru dans l‘Abendzeitung du 16 juillet 2022 et celui, exceptionnel, de Werner Ruf et Günter Werning sur mon site :

https://www.abendzeitung-muenchen.de/kultur/kunst/das-chaos-fair-deuten-art-829413

https://www.berliner-zeitung.de/kultur-vergnuegen/kunst/antisemitismus-auf-der-documenta-15-warum-war-eine-antisemitische-darstellung-auf-dem-banner-eine-einordnung-li.242080

https://www.fr.de/kultur/kunst/jetzt-geht-es-immer-wenigerum-die-kunst-die-auf-der-documenta-fifteen-gezeigt-wird-91674434.html

https://www.sicht-vom-hochblauen.de/antisemitismus-auf-der-documenta-fifteen-von-werner-ruf/

https://www.sicht-vom-hochblauen.de/48915-2/

http://tlaxcala-int.blogspot.com/2022/07/franco-bifo-berardi-wer-ist-antisemit.html

 

Propagande abjecte

Pendant que l’Occident « des valeurs » prolonge la guerre en Ukraine à l’aide de milliards de dollars, les débats sur l’antisémitisme fleurissent ici. Cela conduit à la question très importante : à qui cela profite-t-il ? À « l’État juif » naturellement, pour détourner l’attention de ses infamies. Qui parle encore de l’occupation illégale ou de l’apartheid, pendant que l’Ukraine et ses fascistes sont transformés en héros exemplaires qui défendent aussi « notre liberté » ?

Cette propagande abjecte ne correspond en tout cas pas à ma conception de la liberté ! Pour cette Ukraine corrompue, je ne veux avoir ni froid ni faim, mais je suis pour un bon voisinage dans la paix avec notre voisine, la Russie. Ce ne sont pas de nouvelles livraisons d’armes qui sont à l’ordre du jour, mais des négociations d’égal à égal et équitables avec la Russie. Je ne veux pas non plus dépendre des États-Unis et encore moins de leur gaz de schiste sale, de leurs armes nucléaires et de leurs orgies d’armement. Il faut en finir avec la vassalité telle que la coalition fédérale la célèbre avec sa haine aveugle contre la Russie et son zèle vert transatlantique absolumentt désastreux.

Cela me ramène à la Palestine. Que peut-on attendre d’un président fédéral Steinmeier, qui refuse la CPI et sa compétence pour la Palestine, et d’un chancelier fédéral Scholz, qui renie un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) au Luxembourg en 2019, mais qui, en réponse à la demande d’une participante au forum citoyen de Lübeck d’étiqueter les produits des entreprises israéliennes fabriqués dans les colonies juives illégales en Palestine occupée, rétorque qu’il est « contre l’idée d’étiquetage », car il existe en fin de compte une « responsabilité particulière » pour Israël, en allusion à l’Holocauste. https://www.zeit.de/politik/deutschland/2022-07/bundeskanzler-olaf-scholz-luebeck-buergerdialog-ukraine

 

Poser les « lunettes de l’Holocauste » et appeler les crimes du régime d’occupation sioniste par leur nom.

L’Holocauste n’est pas une bonne excuse à une conception juridique ou à une politique totalement erronée à l’égard de « l’État juif ». Après 74 ans de Nakba, d’expulsion et d’occupation illégale de la Palestine, il est temps de poser les « lunettes de l’Holocauste », de regarder clairement et d’appeler par leur nom les crimes du régime d’occupation sioniste de l’horreur.

Il faut en finir avec la propagande permanente, répétée et répandue par « l’État juif » et ses fervents partisans, ainsi que par les légions d’agents payés et de sayanim anonymes dans les médias, les universités, les blogs et les médias, dans les conférences. Nous en avons marre et sommes fatigués par les mythes sionistes usés et les arguments de la hasbara. Les éternelles répétitions ne les rendent ni vrais ni crédibles. Au contraire, les slogans du langage global ennuient et rebutent.

La Palestine n’est pas et n’a jamais été une « terre sans peuple », mais une terre appartenant au peuple palestinien autochtone qui a le droit de vivre en paix. Depuis les années 1970, le régime sioniste exige que les Palestiniens reconnaissent le « droit à l’existence » d’Israël. Il ne peut jamais y avoir de « droit à l’existence » pour les occupants ! De plus, un tel « droit à l’existence » abstrait n’existe pas en droit international et on ne le trouve dans aucune théorie sérieuse de relations internationales.

 

Il n’y a pas de « droit à l’existence » pour les États

En bref, le « droit à l’existence » n’existe pas pour les États. Il n’existe pas non plus dans la pratique. L’Australie, par exemple, ne reconnaît pas le « droit à l’existence » d’Israël. D’autres États ne le reconnaissent pas non plus. Cette absurdité doit enfin disparaître. Il n’existe que le droit des hommes à vivre en paix. Les Israéliens et les Palestiniens ont ce droit.

On ne doit pas confondre ou mélanger le droit à l’existence d’un État avec le droit à l’autodétermination ou à la reconnaissance diplomatique. Le « droit à l’existence » d’Israël ne doit pas non plus être confondu avec le « droit de son peuple à vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues », comme le déclare la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies. Ce droit vaut pour tous les peuples, quelle que soit leur situation géographique : pour les Israéliens comme pour les Palestiniens. Pas pour les États.

Aucun État n’a une légitimité inhérente. Un État qui est constamment en expansion contrairement au droit international et qui élargit arbitrairement ses frontières, n’a aucun droit à être reconnu. Ce n’est pas la loi « de la jungle », du vol et de la colonisation contre une population sans défense et faible, qui doit être récompensée et soutenue, mais la politique spoliatrice qui doit être condamnée.

 

Israël : un État profondément raciste et antidémocratique

Mettons fin à l’alliance amicale entre « l’État juif » et les nations occidentales. Israël n’est ni une démocratie occidentale, ni un « partenaire des valeurs », mais un État sans scrupules qui réserve aux seuls Juifs une citoyenneté qu’il refuse aux membres des autres religions. La discrimination religieuse est donc une politique officielle. Pire encore, les mariages mixtes interreligieux sont interdits. Israël a été et reste un État profondément raciste, antidémocratique, ethniquement religieux, qui a érigé un véritable système d’apartheid et peut porter « avec fierté » le titre d’État d’apartheid. Dans cet « État juif », la discrimination envers ses citoyens palestiniens est institutionnalisée et solidement ancrée dans le système juridique israélien. Alors que près de deux millions de Palestiniens vivent à Gaza en permanence assiégés et sous terrorisme militaire, aucun d’entre eux n’a le droit de participer à des élections israéliennes.

De nombreux survivants de l’Holocauste prennent désormais leurs distances de ces pratiques parce qu’ils savent de quoi ils parlent, tout comme des intellectuels, des scientifiques et des activistes juifs. Mais eux aussi sont diffamés en tant « qu’antisémites » ou « Juifs qui ont la haine de soi ». Ce ne sont pas les Palestiniens qui ont été responsables de l’Holocauste, mais les Allemands et les Européens. Levons-nous et ne participons pas à la propagande mystique mensongère de la hasbara.

https://www.juedische-allgemeine.de/kultur/zentralrat-der-juden-deutscher-kulturbetrieb-verharmlost-bds-bewegung/

 

« Je n’ai pas survécu à Auschwitz pour me taire face à une nouvelle injustice ! » Moi non plus, je ne me tais pas !

 

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