La culture dominante de l`hypocrisie Evelyn Hecht-Galinski Traduction Christiane Reynaud

La culture dominante de l’hypocrisie

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire du 5 décembre 2018

Texte original : https://www.sicht-vom-hochblauen.de/leitkultur-der-verlogenheit-von-evelyn-hecht-galinski/

Traduction : Christiane Reynaud

 

En cette période d’avant Noël, les collecteurs de dons chrétiens sont particulièrement actifs. L’Église protestante lança, il y a quelques jours, sa campagne de collecte « Brot für die Welt » (Pain pour le monde). La devise de cette année « Hunger nach Gerechtigkeit » (Faim de justice) m’a mise aussi « en appétit » car elle pose la question, quelle contribution les Chrétiens peuvent-ils apporter pour plus de justice dans le monde : même les petits gestes seraient importants, comme informer sur des personnes en détresse pour ouvrir les cœurs des auditeurs. Eh bien, moi-même en tant que non-chrétienne, je me bats depuis de nombreuses années avec beaucoup de camarades pour la justice en Palestine. Mais ce sujet n’a-t-il pas toujours été tabou chez les supérieurs de l’Église protestante ?

 

Il y a quelques années, j’ai été bloquée par la communauté protestante de la petite ville de Schopfheim dans le sud du pays de Bade. On a refusé de louer un local à l’organisateur de la soirée et j’ai été obligée de me rabattre sur un local catholique.

 

Mais ce qui vient d’arriver à Andreas Zumach, un des plus courageux et importants journalistes, qui ne recule pas devant le sujet justice pour la Palestine, est inouï et s’inscrit dans une longue série d’incidents du même genre. J’en ai parlé dans mon blog du Hochblauen.

https://www.sicht-vom-hochblauen.de/das-ist-die-christlich-juedische-meinungsfreiheit-und-dialog-wenn-es-um-palaestina-geht-absage-des-vortrags-von-andreas-zumach/

https://bnn.de/lokales/karlsruhe/shitstorm-nach-absage-thomas-schalla-will-verhaeltnis-zur-juedischen-gemeinde-nicht-belasten

 

Ils avaient fermé les yeux quand les Juifs auraient eu besoin des Chrétiens

 

Une fois de plus, la communauté « judéo-chrétienne » a été unanime et a annulé une conférence d’Andreas Zumach. L’Église protestante n’avait-elle pas déjà une fois détourné le regard quand les Juifs d’Allemagne auraient eu grand besoin de l’aide des Chrétiens ? Ces représentants de l’Église pensent-ils vraiment pouvoir expier de cette manière la défaillance chrétienne pendant la période nazie et la Shoah ? Est-ce la conception chrétienne de la liberté d’expression d’étouffer la vérité sur la Palestine ? On ne peut pas réparer une faute par une nouvelle, au contraire, on les accumule jusqu’à ne plus pouvoir les effacer. L’autorité de l’Église protestante chargée de l’inspection a fait annuler la conférence d’Andreas Zumach intitulée « Israel – seine wahren und falschen Freunde » (Israël  – ses vrais et ses faux amis) sous le prétexte révélateur « d’agir dans l’intérêt de la coopération grandissante dans le dialogue judéo-chrétien » ! Le Juif Jésus aurait immédiatement chassé du temple ces innommables  « hypocrites devant l’Éternel ».

 

En Allemagne, ce « dialogue » consiste en réalite en un travail de sape du lobby pro-israélien qui exerce une énorme pression pour étouffer la terrible vérité sur les crimes de guerre et les crimes contre les droits de l’homme et contre le droit international commis par Israël.

 

Cela inclut aussi la mise sous l’étouffoir du document KAIROS-Palestine (« Un moment de vérité : Une Parole de foi, d’espérance et d’amour venant du cœur de la souffrance palestinienne») qui a déjà été rédigé en 2009 ( !) par des Chrétiens palestiniens mais qui, à cause de la lâcheté des supérieurs ecclésiastiques, ne trouve pas la diffusion souhaitable ni même de discussion dans les paroisses sur le soutien protestant sans critique d’Israël. Au contraire, les théologiens et théologiennes courageuses du réseau KAIROS ici en Allemagne qui s’engagent pour la paix, peuvent s’attendre comme d’habitude à des partis-pris hostiles et, bien sûr, à la matraque de l’antisémitisme. A ceux qui veulent s’informer en toute objectivité, je recommande la lecture du livre des professeurs de théologie Ulrich Duchrow et Hans G. Ulrich Ulrich « Religionen für Gerechtigkeit in Palästina-Israel » (Les religions pour la justice en Israél-Palestine) qui n’est certainement pas « un ouvrage profondément hostile à Israël » comme le braillent les protestants sionistes.

http://kairoseuropa.de/kairos-palaestina-solidaritaetsnetz/

https://www.evangelisch.de/inhalte/150225/29-05-2018/zutiefst-israelfeindliches-machwerk

 

Toile d’araignée répugnante sur l’Allemagne

 

La pression qui dure depuis des décennies se fait de plus en plus forte et s’étend maintenant en Allemagne dans la politique et les médias comme une toile d’araignée répugnante. Que devons-nous penser des politiciens allemands, des dignitaires ecclésastiques allemands et des communes qui se servent à nouveau de la censure contre la liberté d’expression et stigmatisent de manière inédite les critiques d’Israël ? Mais le pire est bien, et on ne le dira jamais assez, que ces foudres, pas seulement de l‘Église, frappent à nouveau des citoyens juifs à qui on refuse ou annule la réservation de locaux.

 

J’accuse l’antisémitisme officiel allemand qui se cache sous des apparences philosémites en instrumentalisant de façon infâme la Shoah et qui nous rappelle à nouveau la période nazie. Si aujourd’hui les politiciens de droite et d’extrême-droite se regroupent avec « l’État juif » et le louent comme démocratique et exemplaire, nous marchons vers un avenir difficile en Allemagne.

 

Les Musulmans sont pratiquement tous les jours soumis à la discrimination et accusés d’antisémitisme pour servir de nouveaux boucs émissaires. Les commissaires à l’antisémitisme qui s’attaquent aux Juifs critiques d’Israël propagent eux-mêmes l’antisémitisme qu’ils prétendent combattre. Alors que les islamophobes sont escortés et protégés en Allemagne en tant que soi-disant critiques de l’islam, et que leur droit à la liberté d’expression – ou plutôt à la liberté d’injurier les Musulmans – est salué, les critiques de « l’État juif » sont poursuivis avec haine. Cette évolution est dangereuse. Alors que le terrorisme islamiste est combattu en tant qu’ennemi numéro un avec « l’État juif », le terrorisme judaïste de l’occupation illégale de la Palestine est toléré et fêté depuis 70 ans.

 

Il faut enfin s’occuper des crimes d’Israël contre le droit international et les droits de l’homme !

 

Au lieu de s’occuper enfin des crimes d’Israël contre le droit international et les droits de l’homme, on s’engage pleinement dans sa politique. On qualifie cet État « d’unique démocratie au Proche-Orient », on récompense sa « plus meurtrière de toutes les armées de défense » pour ses crimes avec des livraisons d’armes et de la coopération et on développe de plus en plus la collaboration avec cet État occupant. Peut-on concilier cela avec les « valeurs chrétiennes » quand « les valeurs juives » ont dégénéré en nettoyage ethnique de la Palestine ?

 

Entre-temps, l’Allemagne est devenue un suppôt zélé des « guerres anti-terreur » de la « communauté de valeurs » occidentale. L’Allemagne est de nouveau « quelqu’un » et se sent visiblement à l’aise dans le cercle des soi-disant « bons » de la lutte anti-terroriste. Nous avons déjà payé pour cela, les réfugiés des guerres illégales ne se laissent pas arrêter éternellement par les drones à l’étoile de David. Suivre l’exemple de « l’État juif » signifie faire du terrorisme d’État et la belligérance une raison d’État.

 

La situation des Palestiniens n’a jamais été pire et plus impuissante qu’aujourd’hui et c’est aussi la faute de l’UE et surtout de l’Allemagne de Merkel. Depuis la fondation d’Israël, les Palestiniens ont toujours été des victimes : ils ont été expulsés, expropriés et assassinés. Ils n’ont pas eu et n’ont toujours pas de lobby qui exige haut et fort d’Israël le respect des droits de l’homme ! La coopération n’a rien apporté d’autre aux Palestiniens que davantage d’oppression et d’extermination. Entre-temps, il y a eu en outre un lamentable changement de gouvernement aux Etats-Unis qui soutient maintenant fermement « l’État juif » et ses violations des droits de l’homme. Trump et sa « Kasher Nostra » vont encore accélérer la solution finale de la question palestinienne et la judaïsation et ils vont  pousser les Palestiniens dans une terrible isolation ; comme toujours, l’Allemagne de Merkel laisse faire avec indifférence.

 

Ne nous laissons pas non plus pousser dans l’isolation et stigmatiser en tant qu’antisémites par le lobby pro-israélien et le gouvernement allemand. En reconnaissant la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA) qui, dans ses explications globales, définit une critique d’Israël en bloc comme haine des Juifs, le gouvernement fédéral s’est nettement écarté des usages démocratiques. Cette définition controversée n’est pas impérative et nous ne devrions pas vraiment nous en soucier. Cependant, des tentatives sont faites pour qu’elle soit mise en vigueur et là, nous devons nous défendre. Nous ne devons surtout pas prendre au sérieux la formule à la fin de cette définition douteuse : « L’antisémitisme est une certaine perception des Juifs, qui peut s’exprimer par la haine envers les Juifs. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme sont dirigées contre des personnes juives ou non-juives et/ou leur propriété, contre les institutions de la communauté juive ou les lieux religieux. » Au sujet d’Israël on lit: « En outre, l’État d’Israël qui, dans ce cas, est considéré comme  collectif, peut aussi être cible de telles attaques ».

 

Défendons-nous contre une définition douteuse de l’antisémitisme !

 

C’est justement là que nous devons intervenir et protester quand on prétend que la critique de « l’État juif » est de la haine envers les Juifs. Il ne faut pas que cette définition soit aussi utilisée dans la formation du personnel de la police, de la justice et de l’éducation, ce qui permettrait bientôt de condamner les critiques en tant que délinquants et ainsi de les réduire au silence.

 

Comme il fallait s’y attendre, le Conseil central des Juifs a particulièrement approuvé cette définition douteuse qui permet au lobby au sein du Parlement de progresser dans son travail politique et médiatique. Nous pouvons le constater avec l’afflux fatal de commissaires à l’antisémitisme, un genre particulièrement délicat de mesure d’aide à l’emploi pour blanchir les crimes israéliens contre le peuple palestinien !

 

 

Je ne peux que sans cesse le répéter : nous avons besoin d’un commissaire au racisme qui devrait intervenir contre l’islamophobie qui sévit de plus en plus ainsi que contre le véritable antisémitisme et la diffamation de nombreux concitoyens et de migrants musulmans en Allemagne. Il n’est plus acceptable que des Juifs, des Chrétiens et des non-croyants honnêtes qui critiquent « l’État juif » soient diffamés en tant qu’antisémites, tout comme les Musulmans en général, alors que des politiciens allemands et des représentants de l’Église pratiquent à nouveau ouvertement de l’antisémitisme contre les Juifs critiques. Je le dis en tant que citoyenne allemande gênante de racines juives qui réclame la justice et la paix aussi pour le peuple palestinien.

 

Je voudrais ici évoquer le souvenir du grand poète juif décédé il y a trente ans, le 22 novembre 1988, qui, lui aussi, subit les mêmes diffamations mais elles ne l’ont pas fait taire : Erich Fried.

 

Lutter contre l’hypocrisie des représentants de notre gouvernement et des supérieurs ecclésiastiques

 

Luttons pour que l’hypocrisie de nos représentants gouvernementaux et des supérieurs ecclésiastiques ne devienne pas notre culture dominante. Avec Erich Fried, nous savons ce qui importe et nous ne nous tairons pas sur ce qui se passe !

 

 

«Worauf es ankommt»

„Es kommt nicht darauf an

was man ist

Moslem, Christ, Jude, Freigeist:

Ein Mensch

der ein Mensch ist

kann nicht schweigen

zu dem was geschieht „

 

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