Le ministre „d` Auschwitz“ Evelyn Hecht-Galinski Traduction Christiane Reynaud

Le ministre „d’Auschwitz“

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire du 28 mars 2018

Texte original: https://www.sicht-vom-hochblauen.de/53345-2/

Traduction : Christiane Reynaud

 

Je suis dégoutée par le « début absolument nouveau», selon le journal FAZ, de ce « ministre d’Auschwitz » Maas. J’ai rarement éprouvé autant de dégoût pour la politique partiale d’un ministre des Affaires Étrangères, à mon avis traumatisé, que je me sens obligée de parler de cet affreux ministre, aussi gris que ses costumes. Ce « ministre d’Auschwitz » a été le premier ministre, alors en tant que ministre de la Justice, qui a fêté la Hanouka au ministère – devinez avec qui ! – et qui va, après son retour de la « terre promise », sûrement encore fêter Pessah qui, cette année, tombe en même temps que Pâques. Je me demande quand ce ministre judéophile va se convertir, se faire circoncire et fêter sa Bar Mitzvah, avec Charlotte Knobloch comme invitée d’honneur ?

 

Avant même son départ pour « l’État juif » il avait souligné son attachement à Israël. Et comme on pouvait s’y attendre d’un ministre qui est entré en politique « à cause d’Auschwitz », il n’a rien trouvé de plus urgent à faire, après son arrivée dans « l’État juif » que de visiter à nouveau le Mémorial pour la Shoah de Yad Vashem avec l’ancienne présidente du Conseil central des Juifs Charlotte Knobloch qui voyageait avec lui.

 

Deir Yassin : rasé en 1948

 

Ce ministre ne sait-il pas que Deir Yassin se trouve à portée de vue de Yad Vashem ? Ce village rasé et nettoyé de sa population en 1948 par les sionistes est un des nombreux sites de massacres biens documentés de la population civile palestinienne, un des crimes contre l’humanité encore impunis qui ont déclenché la « nakba », la catastrophe. Tout comme pour notre gouvernement fédéral, ce n’est sûrement pas un problème pour ce « ministre suiveur d’Auschwitz ».

http://zochrot.org/en/booklet/50834

http://www.themen.palaestina-heute.de/Deir_Yassin/deir_yassin.html

http://mondoweiss.net/2012/04/the-symbol-of-nakba-deir-yassin-remembered/

 

En plus de Charlotte Knobloch, il est accompagné de deux journalistes « spéciaux », l’un du journal Bild de Springer et l’autre de l’hebdomadaire Jüdische Allgemeine, l’organe central du Conseil central des Juifs, voilà pour la diversité de la presse.

 

Cette sélection en dit long sur ce « nouveau début ». Heiko Maas est un ministre des Affaires Étrangères qui prend un ton obséquieux envers le régime juif d’occupation et qui en a fait son engagement personnel.

Je me demande à quel point une politique étrangère officielle peut-elle être « personnelle » ? Ce politicien social-démocratique est-il vraiment à sa place quand il explique à environ 30 survivants de la Shoah en Israël ses déclarations sur Auschwitz, qu’il se penche sur sa propre histoire familiale pendant la période nazie, qu’il y a cherché des résistants mais n’y a trouvé que des suiveurs. C’est pour cette raison qu’il a réfléchi quelle contribution il pourrait apporter pour qu’une telle chose ne se reproduise jamais.

Si la Shoah est vraiment un avertissement et une mission pour Maas de s’engager pour les droits de l’homme et la tolérance et de s’opposer à toute forme d’antisémitisme et de racisme, il n’est vraiment pas à la hauteur de sa tâche et il est plus que malhonnête.

« Suiveur » du régime de terreur sioniste

Il est lui-même un « suiveur », à savoir de la politique contraire aux droits de l’homme du régime de terreur sioniste à qui il fait la cour de manière insoutenable au lieu de s’engager solidairement avec le peuple palestinien contre l’occupation illégale de la Palestine. Il restera dans l’histoire comme le ministre allemand des Affaires Étrangères qui a réussi, lors de sa première visite dans « l’État juif » à ne pas prononcer une seule fois le mot de politique de colonisation ! Ses « avances » à Netanyahou sont en effet insupportables quand il commente sa dangereuse polémique sur l’accord nucléaire avec l’Iran en parlant seulement de « points de vue différents », ce qui nous donne aussi une idée inquiétante de ce qui nous attend avec un tel chef diplomatique aux Affaires Étrangères.

Maas n’élève pas la voix pour la libération d’Ahed Tamini qui est incarcérée arbitrairement dans une prison sioniste, comme beaucoup d’autres enfants et adolescents. Et pas non plus pour les journalistes et d’autres Palestiniens innocents qui ne veulent rien d’autre que la liberté de la Palestine et qui résistent en toute légitimité.

Quel honteux « nouveau début» !

Maas démontre actuellement son hypocrisie en employant deux poids deux mesures : il serre la vis et veut intensifier sa politique contre la Russie à cause de sa participation – en aucun cas prouvée ! – à l’empoisonnement de l’agent double mais se montre apaisant et sans force de caractère envers « l’État juif » – qui, lui, prouve depuis des décennies qu’il viole le droit international -. Quel « nouveau début » honteux ! Il devrait aussi rechercher dans sa famille quelle a été son attitude envers la Russie pendant la guerre et combien des 27 millions de victimes russes, les « suiveurs » de la famille Maas ont sur la conscience !

N’est-il pas déclaré dans l’accord de coalition que la politique de colonisation actuelle d’Israël est contraire au droit international en vigueur et ne doit pas être soutenue car elle rend une solution à deux États plus difficile ? Il faut cependant se demander comment cela peut être concilié avec la raison d’État de l’Allemagne pour la « sécurité de l’État juif » et des conséquences que cela peut avoir.

« Rendre plus difficile » est donc une expression totalement inadéquate pour cette violation du droit international qui rend tout impossible ce qui ouvrirait la voie à un État palestinien : l’occupation qui dure depuis la guerre de Six jours en 1967, le vol continuel de terres par les colonies, l’annexion de Jérusalem-Est, la reconnaissance de Jérusalem comme « capitale indivisible » par le président américain Trump et le déménagement de l’ambassade annoncé pour le 15 mai soulignent la revendication juive sur toute la ville de Jérusalem.

Une monstrueuse provocation

Que va entreprendre Maas contre cette monstrueuse provocation ? Peu de chose, il me semble, car il attend déjà les festivités du 70ème anniversaire de « l’État juif » avec impatience et se prépare à les fêter dignement, au lieu de réfléchir sur la commémoration d’une Journée de la Nakba, cette catastrophe, qui, elle aussi, se renouvelle pour la 70ème fois en même temps que la fondation de l’État d’Israël et est célébrée dans le monde entier. Commémorer cette expulsion s’imposerait depuis longtemps comme nouveau début allemand. Après tout, les mots que Maas a écrits dans le livre d’or de Yad Vashem : « Le souvenir ne doit jamais tarir » sont également valables pour la Nakba, la catastrophe du peuple palestinien en 1948 qui est si étroitement liée à la Shoah et impensable sans elle.

Ce ministre des Affaires Étrangères n’a prévu qu’une courte visite à Ramallah pour le 83ème anniversaire d’Abbas. Au lieu d’un peu d’empathie, il n’a apporté qu’une corbeille garnie du grand magasin KaDeWe de Berlin avec des cornichons de la Forêt de la Sprée et d’autres produits fins « allemands ». En effet, Maas n’a rien trouvé de mieux à faire que d’exiger du collègue palestinien Ryiad Al-Maliki, lors d’une conférence de presse hâtive et dénuée de sollicitude, de ne pas briser les ponts (avec l’occupation) dans cette situation « difficile » et de solliciter des Palestiniens qu’ils soient prêts à parler avec les Etats-Unis (le médiateur partial !). Auprès de ce gouvernement « de Vichy » d’Abbas, ses exigences impossibles trouveront sûrement des oreilles attentives : ils refusent actuellement encore d’accepter les États-Unis comme « unique » médiateur, après que ceux-ci ont reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël, mais se sentent obligés de poursuivre des négociations directes avec Israël et la guerre contre le terrorisme et d’aspirer à un « mécanisme multinational » d’accompagnement politique, d’après la vague formulation d’Al-Maliki. Cela ressemble à la fausse expression « zone d’autonomie » sous laquelle les médias allemands cachent la Palestine occupée. en violation du droit international.

Maas ne verra rien de la misère des territoires illégalement occupés, du camp de concentration de Gaza ; il va rencontrer une pseudo opposition mais pas d’ONG comme Breaking the Silence ou B’tselem qui critiquent l’occupation militaire et les violations des droits de l’homme dans les territoires palestiniens illégalement occupés. De cette façon il ne tombera pas, comme son prédécesseur Gabriel, en disgrâce auprès du Premier ministre Netanyahou qu’il rencontra lundi après-midi après que celui-ci ait été à nouveau interrogé avec sa femme Sara sur des allégations de corruption.

Continuelle hypocrisie

Bien que le processus de paix soit dans l’impasse, Maas tient au mantra de la soi-disant solution à deux États, tout en sachant que Netanyahou a toujours refusé cette solution. Il a prononcé la phrase : « Notre politique du Proche-Orient continue d’être valable », cela veut dire pour moi : nous continuons d’être hypocrites !

Ne s’est-il pas demandé pourquoi, compte tenu de la politique agressive de colonisation illégale, une nouvelle colonie illégale, à savoir Amichai, qui a connu une expansion record grisée par « l’effet Trump » en 2017, a juste été inaugurée ce lundi ? Quelle impertinence!

Pour démontrer ses „liens profonds“ Maas a planté dimanche un arbre dans la forêt d’Aminadav du Fonds national juif. Quel signal ! Cette organisation qui récolte des dons pour le colonialisme et l’apartheid dans la fameuse tirelire bleue du Keren Kayemeth Leisrael est le symbole du « verdissement » de l’expulsion et de l’expropriation des Palestiniens par le Fonds national juif. Je me souviens encore trop bien de la plantation d’arbres de l’actuel président fédéral et ancien ministre des Affaires Étrangères Steinmeier. Quelle mauvaise tradition !                                                                                                                                     http://www.taz.de/!5069433/

Le plaisir d’avoir un invité facile à manipuler

Moshe Zimmerman a déclaré dans une interview de l’émetteur SWR que Maas représentait une politique inconditionnelle qui ravira Netanyahou et a rappelé que Maas avait des liens d’amitiés avec Ayelet Shaked, la ministre israélienne d’extrême-droite de la Justice. Une vidéo montre aussi que Maas et Netanyahou, avant leur entretien, s’assurent mutuellement de leur amitié sans réserve. Netanyahou a souligné son amitié pour Maas qui « a touché notre cœur » et sa prise de position sur la Shoah, sur Yad Vashem, pour la sécurité ( !) et insista sur le fait que « l’État juif » était la seule démocratie libre au Proche-Orient. On sentait vraiment son plaisir d’avoir un invité si facile à « manipuler ». Maas a annoncé qu’il avait beaucoup de projets pour des échanges de la société civile et pour les festivités du 70ème anniversaire de la fondation de l’État et qu’il se rangerait toujours aux côtés d’Israël malgré des points de vue différents sur le contrat avec l’Iran et la solution à deux États. L’amitié entre hommes avec le « ministre d’Auschwitz » était scellée et l’entretien continua sans caméra.                      https://www.youtube.com/watch?v=Q8YsOU4SEh8

La manière de traiter des réfugiés noirs dans « l’État juif » est aussi un crime qui a conduit plus de 20.000 Israéliens à manifester, ce qui a amené la Cour suprême à intervenir contre cette pratique d’expulsion.                                       http://www.zeit.de/gesellschaft/zeitgeschehen/2018-03/israel-tel-aviv-demonstration-abschiebung-afrikaner-migranten

Déjà en 2013, j’avais publié un commentaire à l’occasion de Pessah : « Flüchtlinge waren wir in Ägypten » (Nous étions des réfugiés en Egypte), malheureusement encore aucun changement !     http://www.nrhz.de/flyer/beitrag.php?id=19316

Sur ce, je souhaite à tous mes lecteurs et amis de Joyeuses Pâques ou d’Heureuses fêtes de Pessah qui, pour nos amis palestiniens sous occupation, vont encore mener à un terrible bouclage. Cette année, trois dates importantes tombent le 30 mars, quel symbole ! Vendredi-Saint, le premier Seder de Pessah et la Journée de la Terre en mémoire des expropriations massives des terres de Galilée en 1976 par les sionistes avec de nombreux morts et blessés palestiniens. Nous devrions y penser quand nous fêtons et quand nous célébrons nos journées commémoratives dans la paix et la liberté.

 

 

 

 

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