Le pays ou le racisme prospere Evelyn Hecht-Galinski Traduction Christiane Reynaud

Le pays où le racisme prospère

 

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire du 18 juillet 2018

Texte original : https://www.sicht-vom-hochblauen.de/das-land-wo-der-rassismus-blueht-von-evelyn-hecht-galinski/

Traduction : Christiane Reynaud

 

Le racisme s’est établi depuis des décennies dans « l’État juif » et il est toléré. Les termes mêmes « d’État juif » et de « démocratie » ne sont pas compatibles. Prenons par exemple la loi dite « du retour », l’élément central du sionisme, qui permet à tous les Juifs du monde le « retour » dans « l’État juif ». Quand en 1929, soit presque vingt ans avant la fondation de l’État d’Israël, l’Agence juive pour la Palestine – qui s’appelle maintenant Agence juive pour Israël – fut créée, l’objectif était clair dès le début : la judaïsation de la Palestine.

 

Le « retour des Juifs » par le biais de l’expulsion des Palestiniens est raciste

 

La loi du retour, adoptée en 1950, garantit la nationalité israélienne aux Juifs du monde entier. Cette loi se base sur une prétention juive de représentation exclusive en Palestine qui ne tient compte que des Juifs et qui n’est possible que par l’expulsion des Palestiniens de leur patrie. Alors que ce droit est valable pour tous les Juifs, pour leurs enfants et petits-enfants, et les encourage à « revenir », la conséquence en est l’expulsion systématique des Palestiniens de la Palestine.  

 

L’organisation non gouvernementale Adalah (Justice) dénonce les préjudices sociaux et juridiques que subit la minorité palestinienne en Israël et qui discriminent tous les non-Juifs, compte tenu des plus de 33 lois racistes, parmi elles la loi du retour qui garantit la nationalité israélienne seulement aux Juifs. Cette loi oriente déjà « l’État juif » vers une théocratie seulement pour les Juifs.

 

Cet accès exclusif à la nationalité israélienne pour préserver la majorité juive dans le pays n’est pas seulement douteux mais carrément raciste. Cela s’inscrit parfaitement dans la longue liste des lois racistes de « l’État juif ».

 

Ces lois deviennent de plus en plus perfides quand elles concernent les regroupements familiaux. Un exemple : si un Palestinien israélien épouse une Palestinienne des territoires occupés par Israël, cette partenaire n’obtient qu’un titre de séjour temporaire qui doit en outre être constamment renouvelé, ce qui, à cause de nouvelles chicanes, est très souvent refusé. Beaucoup de ces couples sont obligés de quitter Israël.

 

Le discrimination juive des Palestiniens dans leur propre pays devient de plus en plus éhontée ; l’expropriation des terres palestiniennes commencée lors de la fondation.de l’État en 1948 est de plus en plus massive et la conversion de la propriété palestinienne en propriété d’État israélien est menée avec de moins en moins de retenue, sans parler de l’impossibilité pour les Palestiniens d’acheter une terre.

 

Rendre la vie des Palestiniens infernale pour les expulser

 

70 ans après la Nakba, le régime sioniste essaie de rendre la vie infernale aux « ennemis de l’intérieur », à la « cinquième colonne » avec des méthodes de plus en plus discriminatoires pour les expulser définitivement du pays.

 

A la Knesset, le parlement juif, la vie devient aussi de plus en plus difficile pour les députés palestiniens. On les traite comme des pestiférés et quelques uns ont même été condamnés à la prison comme Haneen Zoabi du parti Balad. En 2016 le gouvernement de Netanyahou a envisagé d’exclure des députés palestiniens de la Knesset, parce qu’ils refusaient de reconnaître l’existence d’Israël en tant « qu’État juif » et qu’ils avaient soi-disant rencontré des « terroristes ». Cette loi devait permettre au Parlement d’exclure des députés qui « soutiennent le terrorisme ». C’est donc une « loi d’habilitation » qui n’a rien à voir avec une démocratie, mais agit arbitrairement selon la devise « C’est nous qui décidons qui est un terroriste ».

 

La situation est très grave à Jérusalem, où, après l’annexion/occupation illégale, le déplacement inadmissible de l’ambassade américaine fit suite à la reconnaissance de Jérusalem comme « capitale éternelle et indivisible » de « l’État juif ». Cette situation se range dans la lignée des provocations sur l’Esplanade des mosquées et du statut totalement antidémocratique et raciste des citoyens palestiniens de Jérusalem en tant que « résidents permanents » à qui on refuse en plus le droit de vote à la Knesset.

 

Les presque 20 % de Palestiniens dans « l’État juif » ne possèdent plus qu’environ 3 % de leurs terres – la minable partie qui leur reste après le vol des terres « légal » par les sionistes. Ils ne jouent plus aucun rôle pour le régime de Netanyahou et le ressentent chaque jour davantage. Les Palestiniens sont opprimés dans le pays même, en Cisjordanie occupée et à Gaza avec une brutalité qui rappelle l’occupation allemande d’autres peuples.

 

« L’État juif » repose sur les piliers de la discrimination

 

Cet «État juif » repose sur les piliers de la discrimination mais cette base instable est insoutenable et menace à long terme de s’effondrer.

 

Un État où tous les « non-Juifs » sont considérés comme délinquants potentiels et comme menace démographique, où les Palestiniens sont discriminés comme déchets de la société juive, où les réfugiés ne sont tolérés que comme intrus et travailleurs immigrés pour remplacer la main-d’œuvre manquante et les exploiter mais qui ne veut jamais intégrer ces groupes comme « égaux » dans le système de citoyenneté juif, cet État est condamné à long terme à l’échec.

 

Cet État n’est pas seulement unique en tant « qu’État juif » mais aussi dans l’interprétation des lois sur l’immigration et sur la naturalisation car elles peuvent être interprétées selon l’appartenance idéologique du gouvernement. De cette façon, on peut saper un système de droit qui ne mérite d’ailleurs plus son nom mais est devenu un système antidémocratique qui cherche à empêcher définitivement les non-Juifs, en particulier les immigrants ou rapatriés palestiniens, à s’implanter et à leur enlever tous leurs droits. Jusqu’à ce jour, il n’y a pas eu de gouvernement qui suive un autre principe, c’est-à-dire un principe démocratique

 

Reconnaître un Etat avec plus de 33 lois racistes ?

 

Ma question est alors : comment peut-on reconnaître un État qui, non seulement n’a pas de frontières définies, mais pas non plus de constitution, par contre plus de 33 lois racistes à des fins discriminatoires qui n’ont qu’un seul but, empêcher les groupements non-juifs de s’installer, sans parler de s’intégrer ; un État qui, unique au monde, maintient une occupation illégale depuis des décennies, détient Gaza en camp de concentration verrouillé et réagit à la résistance légitime désespérée qu’il déclare comme « terrorisme militant » et combat avec des massacres et des bombes.

 

Non seulement cet État considère tous ses voisins comme une menace et viole arbitrairement leur souveraineté mais il encourage en plus d’autres États à leur faire la guerre à sa place. Il considère aussi que le taux de natalité des Palestiniens en Israël même est une des principales menaces pour la majorité juive, donc, après « l’ennemi de l’extérieur » il combat aussi « l’ennemi de l’intérieur ». Cela touche environ 1,7 million de Palestiniens qui vivent en dessous du seuil de pauvreté en tant « qu’exclus » dans « l’État juif » même, ainsi que les Musulmans, les Chrétiens, les Bédouins et les Druzes, c’est-à-dire les non-Juifs.

 

Si maintenant le projet de loi discriminatoire de 2014 légèrement modifié devait être mis à exécution, la discrimination serait alors inscrite dans la loi et les municipalités auraient le droit de conserver leur « caractère exclusif », ce qui marginaliserait encore plus les Palestiniens. C’est une politique de « Jewish First » à la Trump. Cette loi qui reconnaît l’hébreu comme seule langue officielle et confère à l’arabe un « statut particulier » retombera sur tous les Juifs de la diaspora s’ils gardent le silence sur elle et ne protestent pas contre le fait que « l’État juif » suive une telle voie.

 

L’État d’apartheid rongé par le cancer raciste relève du CPI de La Haye

 

Cet État juif d’apartheid qui a laissé depuis longtemps derrière lui toutes les valeurs – si toutefois il en a eu un jour – et qui revendique constamment d’être la « seule » démocratie au Proche Orient mais qui permet que des tireurs d’élite assassinent à la frontière de Gaza des enfants qui n’ont rien fait d’autre que de manifester pour leur droit à la liberté, cet État qui

effectue des raids impitoyables et pratique la détention administrative et la détention des proches, qui ne recule pas devant des exécutions extrajudiciaires et les meurtres du Mossad, qui commet des crimes de guerre et des massacres de la pire espèce, qui est rongé par le cancer raciste, cet État devrait enfin atterrir devant la Cour international de justice de La Haye. Mais cela ne se produira pas tant que cet État sera sûr que la politique occidentale ne tirera pas de conséquences.

 

Cette culture perverse de l’impunité envers « l’État juif » doit prendre fin et la justice internationale dont la crédibilité a perdu depuis longtemps son éclat, doit enfin engager une procédure contre les coupables responsables de « l’État juif ». L’argument avec lequel Israël tente d’échapper aux poursuites ne tient plus. Israël, qui n’est pas membre de la Cour internationale de justice, peut quand même être condamné si le procureur le veut et que le procès commence. Ce n’est pas le Hamas qui est terroriste mais les terroristes d’État israéliens sous le régime de Netanyahou.

 

Assez du lavage de cerveau qui veut nous faire croire que « l’État juif » représente nos valeurs et nous protège contre le terrorisme ! Au contraire, Israël engendre par sa politique la guerre et des réfugiés et se joint au cercle des hypocrites des valeurs dans le monde qui ne veulent rien d’autre que de faire marcher leur industrie d’armement meurtrière par tous les moyens.

 

A l’aide du BDS, délivrer le pays du racisme où il prospère

 

Tant qu’on refuse aux Palestiniens leur droit légal au retour et qu’on criminalise dans la politique et les médias leur résistance légale contre l’occupation illégale, il est important de soutenir la campagne BDS.

 

Le pays où le racisme prospère n’a pas besoin d’une solidarité aveugle, mais d’une politique qui apporte la liberté à la Palestine. Malheureusement, nous en sommes plus éloignés que jamais.

 

 

 

 

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