Le projet sioniste : un „modèle de réussite“ d’un genre „spécial“ Evelyn Hecht-Galinski Traduction : Christiane Reynaud

Le projet sioniste : un „modèle de réussite“ d’un genre „spécial“

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire du 21 juillet 2021

Texte original : https://www.sicht-vom-hochblauen.de/das-zionistische-projekt-ein-erfolgsmodell-der-besonderen-art-von-evelyn-hecht-galinski/

Traduction : Christiane Reynaud

 

« L’État juif » a réussi à présenter son pays comme un « projet sioniste » sous forme d’oppression, de vol de terres, de vandalisme, d’occupation illégale et d’espionnage. La triste réalité est que, depuis sa fondation il y a 73 ans, « l’État juif » n’a pas réussi à devenir un État normal. Le projet sioniste est un exemple d’agressivité menaçante dans la région, sans volonté de paix avec ses voisins, et encore moins avec les habitants autochtones, les Palestiniens.

 

Construit sur le traumatisme de la défaillance

Ce projet avait pour but, avec l’aide active de colonialistes occidentaux, de créer une patrie nationale pour le « peuple juif » au détriment du peuple palestinien, par tous les moyens comme l’expulsion, le nettoyage ethnique et les pires massacres, et de former un « bouclier de protection pour l’État juif » avec l’aide des Juifs de la diaspora et le soutien massif de la communauté internationale. Tout cela est construit sur le traumatisme de la défaillance des États occidentaux, non seulement de ne pas avoir empêché l’Holocauste, mais même de l’avoir  activement favorisé.

Cela donne à « l’État juif », au « projet sioniste » une possibilité fantastique de commettre tranquillement ses crimes en instrumentalisant l’Holocauste. Naturellement, le résultat est que ce sont les Palestiniens qui sont les victimes innocentes dans cet État d’apartheid, sans frontières mais avec des ambitions meurtrières.

Ce projet n’a cependant jusqu’à présent pas réussi à « rapatrier » tous les juifs dans « l’État juif » malgré de nombreux efforts de « favoriser » l’antisémitisme, en essayant toujours plus perfidement de l’assimiler à « l’hostilité envers les Juifs »,  l’antisionisme et la critique d’Israël.

Une lueur d’espoir à l’horizon est que de plus en plus de jeunes Juifs américains se détournent désormais de cet État qu’ils qualifient « d’État d’apartheid » qui stabilise son régime au moyen du nettoyage ethnique, et refusent donc de le soutenir. Et c’est précisément la reconnaissance états-unienne  qui constitue une base importante pour le bon fonctionnement de ce modèle et de cet État qui réclame de façon si pressante une légitimité qu’il n’a pas encore acquise et n’acquerra jamais dans ces circonstances.

 

« Israël n’existerait pas sans le nettoyage ethnique »

Ils croient pouvoir arriver à obtenir le pouvoir exclusif sur toute la Palestine et sur toute la région par l’agression, le racisme et l’espionnage. Ilan Pappé l’a déjà constaté : « Israël n’existerait pas sans le nettoyage ethnique ». Celui qui aujourd’hui encore, prétend « qu’il ne savait rien », ment de façon aussi éhontée que tous les partisans d’Israël qui ne veulent pas faire face à la réalité en Palestine. Permettez-moi d’énumérer quelques points que je trouve importants et qui manquent dans la politique et les médias allemands.

Le 18 juillet, plus de 1 300 colons juifs d’extrême droite ont pris d’assaut la mosquée Al-Aqsa avec le soutien actif de l’armée d’occupation juive,  et ont expulsé, blessé et arrêté des centaines de fidèles palestiniens musulmans à l’aide de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes afin de libérer le passage pour les colons.

C’était une provocation planifiée et si perfide de ces extrémistes juifs accompagnés par des députés extrémistes de la Knesset (du Parlement !) comme le tristement célèbre Itamar Ben-Gvir et le « rabbin extrémiste pour la construction du temple » Yehuda Glick, pour commémorer la destruction de l’ancien temple de Jérusalem à la mosquée Al-Aqsa, et ça, un jour avant le commencement de la fête islamique du sacrifice ! Ce n’est pas seulement cet outrage qui est si affligeant mais surtout le soutien du nouveau gouvernement israélien sous Naftali Bennett, sans lequel il n’y aurait jamais eu ces  exactions ; un gouvernement qui a déjà reçu des éloges anticipés hypocrites avec l’espoir d’une bonne coopération et des promesses de soutien de la part de l’Union européenne et de l’Allemagne. C’est une honte que l’UE ferme les yeux sur les crimes évidents contre le droit international, contre les droits de l’homme et les pires crimes de guerre.

Après la publication de l’affaire du nouveau logiciel espion de la société israélienne NSO, Ali Abunimah du site Electronic Intifada demanda à juste titre : « Pourquoi Israël n’a-t-il pas à rendre des comptes pour l’espionnage de journalistes ? »

Et pourquoi donc ? Après tout, on sait depuis des années, et ces informations sont tout à fait accessibles au public, que les outils de piratage pour mise sur écoute « made in Israel » de la cyber-industrie pour un espionnage efficace grâce aux smartphones sont un best-seller.

La moralité ne joue aucun rôle dans cette affaire et encore moins dans « l’État juif ». « Écoutes pour lutter contre la criminalité et le terrorisme » : tu parles ! L’autopublicité du groupe NSO suggère que l’entreprise n’a été créée que pour aider les « organes d’enquête et les services de renseignement » à sauver des vies et à assurer la sécurité. Après tout, sa propre commission d’examen interne garantirait que le logiciel espion « Pegasus » ne serait utilisé que « conformément à l’État de droit » et non à mauvais escient. En effet, Microsoft ne semble pas se fier à cette promesse, puisqu’un cadre dirigeant a qualifié les employés du groupe NSO de « cyber mercenaires » et Pegasus « d’arme ». Comme le rapporte le groupe de médias américain Vice, Amazon Web Services, le service cloud de la société américaine, a également fermé des infrastructures et des comptes liés au groupe israélien NSO. La critique obligatoire qui apparait est, bien sûr, rejetée comme étant de l’antisémitisme.

 

« L’Europe ne doit pas acheter ce qu’Israël vend pour la lutte contre le terrorisme »

On n’en croit pas ses yeux : « l’État juif » n’a-t-il pas créé son mythe de « nation startup » et ses « innovations de haute technicité » surtout du mauvais côté, en développant des nouveaux systèmes d’armes et de surveillance de masse comme « arme spéciale » ? En 2017 déjà, Jeff Halper,  l’anthropologue israélo-américain, auteur, conférencier et activiste politique, partisan du BDS, mettait en garde à ce sujet. Il est directeur du Comité israélien contre les démolitions de maisons (ICAHD) et cofondateur de la campagne One Democratic State (ODSC). «L’Europe ne doit pas acheter ce qu’Israël vend pour la lutte contre le terrorisme ». Il a mis aussi en garde contre « l’amalgame » des nouvelles technologies avec celle de la sécurité nationale, ce qui entraînerait le danger que nous devenions progressivement « tous des Palestiniens ». Il a ensuite expliqué comment Israël traitait les millions de Palestiniens soumis à son régime militaire effréné pratiquement comme des cobayes dans des « laboratoires à ciel ouvert » (Gaza !).  Ils ont été non seulement le terrain d’essai pour le développement de nouveaux systèmes d’armes conventionnelles mais aussi des nouveaux outils de surveillance et de contrôle de masse.

Israël a réussi, malgré 50 ans de résistance palestinienne, à transformer l’occupation en une industrie qui livre aujourd’hui au monde entier le concept d’État policier. Ainsi, « l’État juif » a réussi à devenir l’un des plus grands organes de surveillance des médias, des réseaux sociaux, des organisations et de l’ensemble de la population.

Ce système parfait de surveillance par drones, avec des systèmes d’armement « new-age » et de guerre électronique est devenu un partenaire recherché des dictatures. Des décennies « d’expérience » avec des unités de renseignement militaire se révèlent être un avantage. Quoi de mieux que des années de tests réussis sur les occupés comme cobayes? Et aucune autorité mondiale n’est en vue pour rétablir la justice.

Lorsqu’une délégation secrète de l’armée de l’air israélienne, escortée par des Eurofighters, s’est rendue récemment au mémorial du camp de concentration de Dachau, la presse n’a été autorisée à en parler qu’après le décollage et sans citer de noms. Les mesures de sécurité sont élevées quand la relève militaire de l’IDF fait un tour d’avion en Allemagne !

Il en va de même pour la nouvelle « prise en charge par des rabbins », un tas de directeurs de conscience juifs qui doivent s’occuper de tout au plus 150 soldats juifs de l’armée fédérale allemande. Mais ils seront sûrement moins préoccupés par la « conscience » que d’établir un « pont » vers Israël, en tant que nouveaux ambassadeurs de la « hasbara ». https://www.sueddeutsche.de/politik/militaerrabbiner-judentum-bundeswehr-juedische-soldaten-antisemitismus-1.5346566?reduced=true

La « cerise sur la gâteau » de l’hypocrisie est, à mon avis, la « farce » de la commémoration pour les « résistants » du 20 juillet. Le summum du ridicule a été quand Annegret Kramp-Karrenbauer, la « ministre de la guerre » et femme avec « une prétention de leadership », a appelé les plus de 100 recrues à préserver « l’héritage de la résistance militaire », l’obéissance étant subordonnée à la conscience.

 

« Avec un profond respect » pour chaque combattant de la résistance palestinienne ?

Mieux encore, « l’invité d’honneur », Josef Schuster, le président du Conseil central des Juifs d’Allemagne, a pu parler aux recrues. Il leur a rappelé les limites de l’obéissance militaire et les a encouragés à ne pas détourner le regard, mais à regarder les résistants avec un profond respect. « Avec tout mon respect », j’ai plus de considération pour chaque résistant palestinien que pour ces officiers nazis allemands qui n’ont rien, mais vraiment rien fait contre la persécution des Juifs, mais, juste à la fin, ont osé commettre un attentat plus que raté. Pourquoi n’y a-t-il pas, à la place de ce spectacle, un jour férié pour se souvenir des héros du quotidien et de la résistance des petites gens, comme Georg Elser, ces héros méconnus qui ont fait preuve d’un véritable courage et n’ont pas hésité à aider des Juifs et à les cacher. https://www.deutschlandfunkkultur.de/hitler-attentat-am-20-juli-1944-so-antisemitisch-war-der.1079.de.html?dram:article_id=360880

J’en suis restée bouche bée : comment cet homme qui détourne toujours le regard quand « l’armée juive de défense et d’occupation » commet en toute obéissance, des crimes de guerre, des crimes contre les droits de l’homme et es nettoyages ethniques,  ose-t-il parler d’obéissance et de désobéissance militaire ? Par contre, les soldats de « Breaking the silence » qui ne détournent pas le regard, sont marginalisés et accusés de cracher dans la soupe, dans ce pays où les objecteurs de conscience doivent souvent payer ce comportement avec des peines de prison.

La ministre allemande de la Famille et de la Justice du SPD a récemment fait preuve d’une double morale et de malveillance envers la Palestine en apportant son soutien partial à Israël, alors que « l’État juif » vient d’adopter une loi sur la famille qui le transforme définitivement en un État d’apartheid raciste.

70 enfants juifs-israéliens ont été invités à Berlin et en Allemagne. 50 enfants sont venus à Berlin pour se remettre de leurs « traumatismes de guerre » après la « terreur du Hamas », et pour souligner les « points communs positifs » entre l’Allemagne et Israël.

Lorsque Christine Lambrecht, la ministre de la Famille du SPD, a rencontré les enfants au centre éducatif juif « Chabad » et a parlé « d’un grand besoin de solidarité et de l’importance que l’Allemagne et Israël se tiennent côte à côte » j’ai eu envie de vomir. https://www.tagesspiegel.de/berlin/millionen-in-der-sackgasse/8641800.html

Ni cette ministre, ni le reste du gouvernement hypocrite n’ont eu l’idée qui irait de soi, d’inviter les enfants traumatisés de Gaza qui, après 11 jours de bombardements israéliens continus sur la bande de Gaza, le meurtre de civils sans défense et de familles entières (les Israéliens appellent cyniquement et inhumainement ces orgies de bombardements « Mowing the Grass » (« tondre le gazon » !), la destruction gratuite d’infrastructures civiles, d’immeubles, ont un besoin urgent de soutien psychologique et social. Ces enfants étaient des proies faciles et sans défense à la merci des attaques meurtrières en violation du droit international, et n’avaient aucune possibilité de se réfugier dans des bunkers, car il n’y en a pas. Le gouvernement allemand ment lorsqu’il affirme avec Israël qu’il s’agissait de « légitime défense ». Je rétorque : il n’y a pas de droit de légitime défense pour les occupants et les voleurs de terres !

 

Soutenir le soulèvement contre le nettoyage ethnique, l’apartheid et l’agression raciste sionistes !

Tout cela devrait nous inciter à soutenir le soulèvement national uni de l’ensemble du peuple palestinien contre le nettoyage ethnique, l’apartheid et l’agression raciste sionistes, malgré la gouvernance honteuse de l’Autorité palestinienne à Ramallah qui s’est entièrement rendue aux mains de la collaboration israélienne.

Autant le Conseil central que notre gouvernement : ils détournent toujours le regard quand il s’agit de la Palestine occupée. Qui ne connait pas les vidéos des bandes racistes d’extrémistes juifs brandissant des drapeaux et hurlant « Mort aux Arabes » dans Jérusalem occupée ? Même face à cette monstruosité, ces hypocrites des droits de l’homme ne protestent pas, et malgré l’histoire allemande, ils détournent à nouveau le regard lorsque des injustices se produisent et lorsque « l’État juif » d’Israël se moque du monde et commet des crimes massifs contre l’humanité au nom de l’Holocauste.

Ce « projet réussi » d’un genre « spécial » disparaitra sûrement un jour dans les poubelles de l’histoire car la violence et l’injustice ne sont pas éternelles, et la justice vaincra !

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