Le seul devoir Moral que nous ayons Evelyn Hecht-Galinski Traduction Christiane Reynaud

Le seul devoir moral que nous ayons

 

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire du 6 février 2019

Texte original : https://www.sicht-vom-hochblauen.de/es-gibt-nur-eine-moralische-pflicht-von-evelyn-hecht-galinski/

Traduction : Christiane Reynaud

 

Quand, comme si souvent, des survivants de la Shoah, comme l’historien israélien Saul Friedländer lors de la Journée pour les victimes du national-socialisme, sont d’avis que cela devrait être « une obligation morale fondamentale de défendre le droit d’exister d’Israël », je suis stupéfaite et sidérée par tant de partialité de la part de l’historien et témoin de son temps.

https://www.bundestag.de/dokumente/textarchiv/2019/kw05-nachbericht-gedenkstunde/589230

Je trouve tout simplement absurde que précisément des survivants de la Shoah défendent un État qui a perdu toute intégrité morale, rien que par son occupation de la Palestine depuis des décennies, contrairement au droit international, et par le vol continuel de terres. Friedländer a, en effet, trouvé son foyer dans « l’État juif » en 1948. Apparemment, comme beaucoup d’autres, il ne s’est jamais demandé sur quoi ce «bonheur » était basé ! Lui aussi, comme beaucoup d’autres, a refoulé la pensée que ce « bonheur » repose sur le « malheur » de plus de 750.000 Palestiniens, expulsés de leur patrie héréditaire et rendus apatrides jusqu’aujourd’hui. Le nettoyage ethnique de la Palestine par Israël est encore en cours car les occupants juifs veulent tout le territoire mais sans sa population autochtone palestinienne.

 

Le devoir moral, c’est de respecter le droit international

 

En tant qu’historien sérieux, Friedländer aurait dû évoquer aussi les chapitres sombres et meurtriers de sa nouvelle patrie qui a fait des Palestiniens les dernières victimes oubliées de la barbarie nazie. Son discours devant le Parlement allemand aurait été une bonne occasion de rappeler cette triste réalité et d’expliquer à l’élite allemande qui y siège que, précisément l’Allemagne, à cause de son histoire, a le « devoir moral » de s’engager pour le peuple palestinien.

 

Les Palestiniens, les dernières « co-victimes » de la Shoah

 

Dans son discours d’ouverture, le président du Parlement Wolfgang Schäuble a bien onctueusement rappelé le commandement de ne pas oublier notre responsabilité envers notre semblable mais pour lui cette responsabilité ne concerne pas les Palestiniens en tant que dernières « co-victimes » de la Shoah. Il a préféré ressortir le préjugé bon marché du soi-disant antisémitisme « nouvellement immigré ». Je prends clairement parti contre cette accusation : ce n’est certes pas de l’antisémitisme quand les Musulmans s’en prennent à « l’État juif » et à sa politique, ce n’est tout simplement que réclamer le respect du droit international de la part d’Israël ! Les Chrétiens palestiniens qui sont de moins en moins nombreux, réclament eux aussi le respect du droit international.

 

La nouvelle Droite en Allemagne, fermement aux côtés de l’extrême-droite de « l’État juif »

 

Il est insupportable que Friedländer ait non seulement attaqué l’extrême-droite dans son discours mais aussi l’extrême-gauche et les ait mis dans le même panier ! C’est bien connu que l’extrême-droite en Allemagne, l’AfD, est fermement aux côtés des Juifs et refuse avec véhémence, tout comme le gouvernement israélien, la création d’un État palestinien et qu’elle est donc en parfaite harmonie avec l’extrême-droite de « l’État juif », donc le gouvernement de Netanyahou, de même que la majorité des citoyens juifs israéliens et la majorité des organisations juives dans la diaspora. Par contre, une grande partie de la Gauche a encore une conscience et est du côté des palestiniens opprimés. La déclaration de Friedländer qu’il s’agit d’une façon politiquement correcte de justifier leur haine, leur « antisémitisme à peine voilé » d’attaquer obsessionnellement la politique israélienne et, en même temps, de remettre en question le droit d’exister d’Israël,  est aberrante et fausse.

 

Brandir constamment la matraque de l’antisémitisme

 

Non, Monsieur Friedländer, ce n’est certainement pas de l’antisémitisme quand « l’État juif » est attaqué pour son occupation et pour ses violations des droits de l’homme et c’est vraiment honteux que la matraque de l’antisémitisme soit constamment brandie pour se défendre contre les critiques.

 

Le discours de Friedländer : un modèle de propagande israélienne et d’art de diversion

 

Malheureusement, la critique n’est pas encore assez obsessionnelle, car rien n’a changé au cours des années, au contraire, la situation s’aggrave et devient de plus en plus brutale. Et votre discours, Monsieur Friedländer, est un exemple type de la façon dont le « Projet juif », le « Projet Hasbara » est utilisé pour la propagande israélienne dans le monde pour faire taire et dénoncer les critiques d’Israël. En effet, Israël est champion dans l’art de stopper la critique par ce moyen minable et, où pourrait tomber cette propagande scientifique sur un terrain plus fertile qu’en Allemagne, le pays des anciens coupables ? Vous, Monsieur Friedländer, avez touché la corde sensible avec le récit déchirant de votre biographie réellement bouleversante et triste sur un ton calme qui a captivé à juste titre tous les auditeurs.

 

Le bien précieux de la liberté d’expression est remis en question dans le monde entier par le lobby pro-israélien

 

Quand il fit remarquer que l’Allemagne et la plupart des Allemands ont changé aujourd’hui et l’encouragent, il a pu être assuré d’une standing ovation de la part de tous les auditeurs. Oui, la plupart des Allemands ont besoin de compliments et de reconnaissance mais encore plus d’absolution pour le passé. Ce jeu entre louange et blâme, entre coups et caresses, les rend heureux, surtout quand il vient de personnes comme vous ou qui viennent de « l’État juif ». Qu’est-ce qui perturbe cette entente ? La critique de « l’État juif ». Donc, on diffame cette critique immédiatement comme étant antisémite et on l’étouffe dans l’œuf malgré la vérité bien connue sur les crimes d’Israël et en dépit des règles démocratiques et de la liberté d’expression. Ce bien précieux est remis en question dans le monde entier par le lobby pro-israélien lorsqu’il s’agit d’Israël ou de la Palestine. Votre discours, Monsieur Friedländer, a été un cas d’école dans cet « art », l’art de la diversion.

 

Il n’y a pas de droit d’exister pour un État sans frontières ni constitution

Toute discussion qui tente, même de loin, de critiquer « l’État juif » est contrecarrée par l’instrumentalisation mesquine de la Shoah et du caractère unique de ce crime. Il n’y a pas de droit d’exister pour un État sans frontières ni constitution mais un droit d’exister pour les personnes, les citoyens : cependant il ne s’applique en aucun cas seulement aux Juifs comme on le prône constamment. Les Palestiniens, les habitants autochtones de la Palestine, auxquels on n’accorde ni les mêmes droits, ni leur droit légal de retour, ni leur droit à une patrie, sont discriminés par des descendants des victimes et des coupables. Il est terrible de constater que les anciennes victimes et les anciens coupables s’allient et agissent ensemble en bons amis. Les critiques, même les Juifs ainsi que les Musulmans restent à l’écart comme métaphore de l’antisémitisme avec lequel on réduit au silence toute critique.

Routes d’apartheid uniquement pour les Juifs

Alors que la nouvelle Droite en Europe fait de plus en plus cause commune avec « l’État juif », les partisans du BDS et les critiques de gauche s’engagent pour le droit d’exister d’un État palestinien. 71 ans après la fondation d’Israël on n’a toujours pas réussi à fonder un État palestinien. À cause de l’aide des sympathisants juifs et « judéo-chrétiens » ce désir devient de plus en plus un mirage, un conte. Alors que les colons et les colonies en Palestine occupée volent de plus en plus de terres, que les routes d’apartheid « seulement pour les Juifs », les murs et les check points fragmentent de plus en plus la Palestine et que Jérusalem est illégalement annexée comme capitale éternelle d’un « État juif », la politique garde le silence sur cette injustice évidente. Dans votre discours, Monsieur Friedländer, il n’a pas été question des Palestiniens et de la Palestine. L’empathie n’est pas prévue dans la raison d’État sioniste.

Un tel État n’a pas le droit d’exister

La question se pose réellement si « l’État juif » tel qu’il est et se construit aujourd’hui a le droit d’exister. Non, je ne peux que constamment le répéter : pas de cette façon ! Nous devons envers et contre tout continuer à nous engager pour la liberté de la Palestine et l’autodétermination de son peuple car c’est le seul moyen de garantir un avenir pacifique.

En Allemagne, on interdit à nouveau à des Juifs de s’exprimer en public

Qui, sinon vous, Monsieur Friedländer en tant que témoin de l’époque et survivant de la Shoah, aurait mieux pu utiliser toutes ses forces pour atteindre ce but ? Vous qui avez si généreusement pardonné aux Allemands et contribué en 2002 à rendre l’histoire de l’entreprise de médias Bertelsmann « casher ». Mais vous ne voulez pas voir qu’en Allemagne on interdit à nouveau à des Juifs de s’exprimer en public, qu’on trie à nouveau les « bons » et les « mauvais » Juifs.

https://www.randomhouse.de/Buch/Bertelsmann-im-Dritten-Reich/C-Bertelsmann/e122519.rhd

 

Empathie pour la souffrance des Palestiniens

 

Alors que des survivants de la Shoah comme Hajo Meyer, auteur de nombreux livres et défenseur d’une Palestine libre, n’ont jamais reçu la reconnaissance qu’ils méritaient, ni de la part du Parlement ni d’un côté officiel, seuls les Juifs « convenables » sont maintenant courtisés. Hajo Meyer ressentait de l’empathie pour la souffrance des Palestiniens et pouvait, grâce à son expérience, s’identifier aux jeunes Palestiniens, ce qui a fait de lui un des plus admirables témoins de son époque, lui qui a toujours pris la souffrance des autres en considération. C’est le poison insidieux du « nouvel antisémitisme » qui fait à nouveau de certains Juifs des parias. Des Juifs qui osent soutenir la campagne pacifique BDS sont mis sur la touche par des politiciens et des médias judéophiles sous la direction de « l’État juif » et de ses aides (les sayanim) dans le monde entier.

https://linkezeitung.de/2017/03/11/auschwitz-ueberlebender-hajo-meyer-ich-kann-mich-mit-der-palaestinensischen-jugend-identifizieren/

 

Le maire de Francfort Becker ivre de bonheur devant l’État occupant

 

Friedländer a, en ce sens, raison que l’Allemagne est devenue aujourd’hui un pays qui intensifie de manière exemplaire sa coopération avec « l’État juif » – par la politique et les médias qui mettent tout ce qui est juif en Allemagne sur un piédestal. Il s’agit là d’une glorification qui doit répugner tout citoyen juif « normal » que cela met mal à l’aise. Les citoyens juifs veulent-ils vraiment redevenir quelque chose de « particulier », c’est-à-dire être considérés comme des « spécimens exotiques à kippa » ? Et en plus de ça, quand le maire multifonctionnel de Francfort croit être au premier rang de la solidarité avec l’État occupant en se promenant toute une journée avec la kippa « dans la ville la plus juive d’Allemagne » parce qu’il est littéralement ivre de bonheur quand il est en Israël et peut regarder le Golan occupé ! C’est drôle ce qui est compatible pour ce Becker : l’oxymoron : occupation + État de droit. J’appelle ça taré !

https://www.journal-frankfurt.de/journal_news/Panorama-2/Gespraech-mit-Uwe-Becker-Frankfurt-ist-die-juedischste-Stadt-Deutschlands-33474.html?newsletter_id=4135

https://www.journal-frankfurt.de/journal_news/Politik-10/Uwe-Becker-kritisiert-Amnesty-International-Meron-Mendel-Beckers-Reaktion-ist-ueberzogen-33493.html?newsletter_id=4140

 

Quand une religion dépend d’un petit morceau de prépuce

Je me demande pourquoi ce serait antisémite de discuter de la question de savoir s’il ne faut pas considérer comme blessure corporelle de couper le prépuce des nouveau-nés juifs masculins. Qu’est-ce qui justifie réellement ce rituel ? Ce rituel n’est exigé nulle part dans la Torah (Ancien Testament). C’est devenu un dogme gravé dans le marbre que rien ne justifie. De toutes parts, on réclame sans cesse une réforme de l’islam mais quand il s’agit du judaïsme toute question de ce genre est immédiatement présentée comme haine des Juifs. Et pourtant, nous ne devons pas oublier que, non seulement au sein du judaïsme réformé mais aussi dans « l’État juif », de plus en plus de Juifs ne font pas circoncire leurs garçons et n’observent pas d’autres règles. De même qu’aujourd’hui des Juifs se font incinérer après leur mort, tous les rites devraient enfin être réexaminés. Si une religion dépend d’un petit morceau de prépuce, elle ne vaut pas grand-chose. Cela s’applique aussi à mon avis au célibat chez les catholiques : je le considère comme contre la nature et en aucun cas « volonté divine » mais – comme on l’apprend régulièrement – il favorise les abus sexuels et la pédophilie ou, d’après le Pape François, les abus de religieuses par des prêtres.

https://www.waz.de/politik/papst-franziskus-frauen-in-der-kirche-wie-sklaven-behandelt-id216375935.html

 

Si, à long terme, les religions n’arrivent pas à se réformer et à accepter l’égalité des droits de la femme, il y aura dans l’avenir de moins en moins de croyants. Même si je ne me fais pas beaucoup d’amis avec ces déclarations, je reste d’avis que les rites religieux ne sont justifiés que tant qu’ils ne portent pas atteinte aux droits fondamentaux. Chacun peut croire ce et à qui il veut, mais, de grâce, sans contrainte et sans État.

 

Devoir moral de dénoncer le terrorisme d’État israélien

 

Si nous considérons que c’est notre devoir moral de soutenir la lutte du peuple palestinien pour la liberté et de dénoncer l’occupation et l’oppression par les terroristes d’État israéliens, cela est tout à fait légitime et conforme au droit international.

Si nous nous défendons contre le fait que le gouvernement fédéral fait de plus en plus cause commune avec ces terroristes d’État, il est de notre devoir moral de nous y opposer. Nous exigeons :

  • Pas d’échanges de jeunes qui intoxiquent nos jeunes gens avec le poison de l’occupation
  • Pas d’échanges de l’armée fédérale avec des soldats juifs « de la défense » qui défendent cette occupation illégale par tous les moyens.
  • Pas de drones d’armement, de cyber-échanges
  • Et pas non plus de réunions communes de cabinets ministériels.
  • Pas de participation au Concours Eurovision de la chanson à Tel Aviv pour blanchir l’occupation
  • Pas d’échange culturel mais du soutien aux artistes israéliens qui se défendent contre les restrictions dans leur travail. Ce n’est pas le soutien au BDS qui est antisémite mais ce sont les nouveaux ennemis des Juifs qui veulent interdire à des Juifs d’exprimer librement leur opinion.
  • Ce n’est pas le BDS qui est antisémite mais la nouvelle Droite en Europe qui essaie par tous les moyens, en coopération avec les « terroristes d’État juifs », de diffamer les partisans de gauche et les Musulmans.

 

 

Défendre le bien précieux de la liberté d’expression !

Il n’y a qu’un seul devoir moral qui nous concerne tous et pour lequel nous devons tous nous engager : défendre le bien précieux de la liberté d’expression.

 

 

 

 

 

 

 

 

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