Les drones mediatiques de Propaganda Evelyn Hecht-Galinski Traduction Christiane Reynaud

Les drones médiatiques de propagande

 

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire du 4 avril 2018

Texte original : https://www.sicht-vom-hochblauen.de/die-medialen-propagandadrohnen-von-evelyn-hecht-galinski/

Traduction : Christiane Reynaud

 

Je suis les événements meurtriers de Gaza avec dégout et grande tristesse. On ne peut vraiment qu’être d’accord avec le président turc Erdoğan quand il appelle les choses par leur nom : un massacre, Netanyahou un terroriste et Israël un État terroriste ! Le 30 mars 2018, le Vendredi-Saint tomba le même jour que le premier Seder de Pessah, de même que la « Journée de la Terre », la journée en souvenir du 30 mars 1976 quand les propriétaires ruraux et les propriétaires fonciers palestiniens ont été expropriés en Galilée au profit de projets industriels et immobiliers juifs. Les manifestations palestiniennes contre cette injustice se sont alors soldées par un massacre avec six morts et des centaines de blessés. Les manifestations en cette journée commémorative ne sont que le début des protestations qui doivent durer jusqu’au 14 mai, journée du 70ème anniversaire de la fondation de l’État d’Israël et aussi de la Nakba. A cette date marquante, le président américain Trump veut aussi célébrer le déménagement de l’ambassade états-unienne à Jérusalem, en guise de « cadeau d’anniversaire ».

 

Le principe du mur de fer

 

Plus de 30.000 Palestiniens enfermés dans la Bande de Gaza bouclée se sont rassemblés à la clôture frontalière pour attirer l’attention sur eux et leurs conditions de vie désastreuses par des protestions pacifiques. Lorsqu’ils ont osé s’approcher de la frontière et de la « zone militaire interdite » les soldats « de la défense » juifs ont immédiatement tiré à balles réelles. « La plus morale » de toutes les armées s’était munie de chars et en plus de centaines de tireurs d’élite pour faire face au « danger » des manifestants non armés. Le ministre de la guerre israélien Liebermann avait déjà annoncé que si les protestations palestiniennes continuaient, on se défendrait. On suivrait le « principe du mur de fer ».

 

L’organisation israélienne de défense des droits de l’Homme B’tselem – que le nouveau ministre allemand des Affaires Étrangères Maas s’est abstenu de façon impardonnable de rencontrer lors de sa « visite de réconciliation » obséquieuse chez Netanyahou – a condamné en tant que crime inacceptable la tactique de l’IDF de tirer sur des manifestants non armés, car Gaza n’est pas une zone de combat.

 

Permis de tuer juif

 

Le chef d’état-major Gadi Eizenkot lui-même avait annoncé que les occupants juifs avaient mis en place unilatéralement une zone interdite comme « dissuasion » : elle empiètait arbitrairement de plusieurs centaines de mètres sur le territoire de la bande de Gaza et réservait ainsi aux occupants juifs le droit de tirer sur les manifestants. C’était donc un permis de tuer juif qui comprenait aussi l’interdiction pour les journalistes d’entrer à Gaza et de pénétrer dans cette « zone mortelle ». De cette manière, les occupants juifs se sont arrangés pour fêter la soirée de Seder en toute tranquillité et prendre des forces pour de nouveaux crimes.

 

Comme toujours pour ses crimes contre le peuple palestinien, non seulement le ministre de la guerre israélien refuse une enquête indépendante sur le massacre, mais encore, il défend ces actes de violence et loue les soldats israéliens qui n’ont fait que « ce qui était nécessaire » et qui méritent tous une médaille.

 

Comme on pouvait s’y attendre, les Etats-Unis sont venus à l’aide et ont bloqué une proposition de résolution que le Koweït a déposée auprès des Nations-Unies pour réclamer une « enquête indépendante et transparente » des violences sanglantes et mettre l’accent sur le droit des Palestiniens de protester pacifiquement pour leur « droit au retour » – qui leur est confirmé tous les ans par une résolution des Nations-Unies -. Mais je me demande pourquoi on n’exige pas enfin d’Israël de mettre fin à l’engrenage de violence meurtrière et à l’occupation de la Palestine, contraire au droit international, qui dure depuis des décennies.

 

Occupants et occupés mis sur le même plan

 

Les déclarations insipides du Secrétaire général des Nations-Unies Guterres et de la haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires Étrangères Mogherini fut une gifle cinglante et une impertinence face aux nombreux morts palestiniens ; ils ont à nouveau appelé les deux parties à la désescalade et à ce que « toutes » les parties impliquées évitent une nouvelle escalade de la violence. Une fois de plus, les occupés qui manifestent pacifiquement et les occupants qui utilisent la violence meurtrière sont mis sur le même plan.

 

L’ambassadeur israélien à l’ONU Dany Danon s’est permis la pire impertinence en déposant officiellement une plainte auprès du Conseil de sécurité parce ce que la réunion d’urgence a été convoquée le jour du premier Seder et qu’il n’était donc pas possible aux Israéliens d’y participer. Quelle hypocrisie insupportable : les occupants israéliens ne peuvent pas venir à la réunion mais ils peuvent très bien assassiner des Palestiniens innocents !

 

Des Palestiniens non armés ont été éliminés par des tireurs d’élite israéliens et des drones à gaz lacrymogène. Au moins 18 Palestiniens ont été assassinés et plus de 1400 blessés, ce qui exige en toutes circonstances une enquête indépendante et transparente. Ce fut le prélude sanglant pour les « festivités à venir » et il suscite les pires inquiétudes.

 

Ce n’est pas la première fois

 

Ce n’est pas la première fois que des Palestiniens innocents sont impitoyablement assassinés sans que la « communauté de valeurs » hypocrite proteste parce que les coupables sont des Juifs/des Israéliens. Ce sont toujours les Juifs et leur État qui soi-disant ne font que se défendre et ne veulent que la paix.

 

Que « l’armée de défense » juive et le chef du terrorisme d’État Netanyahou qualifient ces actes meurtriers de « protection contre le terrorisme » et qu’ils veuillent protéger avec « détermination » la « souveraineté et la sécurité de leurs citoyens, démontre que quelque chose ne va pas. Après tout, c’est un mensonge que Netanyahou appelle la « barrière » : « séparation entre un État souverain et une « organisation terroriste », c’est-à-dire entre l’État juif » et Gaza.

 

« L’État Juif » sur des terres volées

 

Gaza a le même droit à la souveraineté que « l’État juif ». Mais ce dernier a été fondé sur des terres volées aux dépens de la population autochtone, les Palestiniens. Le gouvernement élu du Hamas possède une légitimité que l’Autorité palestinienne et le président Abbas qui dépend de la bonne grâce de « l’État juif », n’ont pas.

 

Mais ces faits n’intéressent ni les médias allemands ni la politique qui permettent à « l’État juif », contrairement au droit international, d’exercer un blocus terrestre, maritime et aérien  total de la Bande de Gaza et, avec l’aide de l’Égypte et de l’administration d’Abbas, de rendre la vie des habitants de Gaza de plus en plus insupportable. La vie à Gaza devrait tous nous montrer à quoi cela ressemble quand les habitants sont privés de toute qualité de vie, quand la nourriture, l’eau, l’électricité et les soins médicaux manquent cruellement et que la Bande de Gaza est rendue complètement inhabitable, comme l’a prédit l’UNO. C’est à cela que ça ressemble quand la „seule“ démocratie au Proche-Orient maintient un peuple occupé dans un camp de concentration afin de le tenir en respect.

 

Rien des fonds humanitaires promis par la « communauté de valeurs occidentale » pour la reconstruction après les dernières guerres et le génocide n’est arrivé jusqu’à maintenant à Gaza. L’argent de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés UNRWA est bloqué par les Etats-Unis et Israël, l’UE improvise une aide sommaire mais n’apporte pas de changement durable à cette situation intolérable, ce qui n’a un but : humilier le peuple palestinien et le persuader de céder ou de partir.

 

Le droit à la liberté et à la dignité – 70 ans d’expulsion et d’occupation sont assez !

 

Mais le peuple palestinien est un peuple fier et pacifique qui a le droit à liberté et à la dignité et qui luttera pour elles, même si le monde entier l’a laissé tombé et abandonné.

 

La « Marche du retour » et le droit des réfugiés palestiniens de revenir dans leur patrie, la Palestine, est un droit garanti par le droit international. Effectivement, il n’y a qu’un moyen d’atteindre ce but, c’est que la communauté internationale toute entière soutienne enfin ce droit et sa mise en application. 70 ans d’expulsion et d’occupation sont assez !

 

Pendant ce temps, les politiciens allemands se préparent déjà aux « festivités d’anniversaire » de « l’État juif » et laissent de côté le problème de l’occupation et du massacre de Gaza : après tout, rien ne doit gâcher la nouvelle bonne humeur de Maas.

 

Un tsunami de propagande sans précédent inonde les médias et les politiciens, soutenu par une incroyable campagne qui essaie par tous les moyens de détourner l’attention de la cause du soi-disant « antisémitisme » et de faire de toute protestation contre Israël une « hostilité envers les Juifs ».

 

Campagne concertée de diffamation

 

Au premier plan de la propagande rivalisent les protagonistes que l’on connaît : Volker Beck, le journaliste de campagne Benjamin Weinthal du Jerusalem Post, « Ia collaboratrice informelle Victoria », alias Anetta Kahane, ainsi que le président du Conseil central Schuster et sa prédécesseure Knobloch, auxquels se joignent maintenant de nombreux nouveaux gratte-papiers qui prolifèrent comme des « lapins de Pâques ». Ils jonglent avec des chiffres et des fake-news qui font de n’importe quoi de « l’antisémitisme », l’incident le plus insignifiant devient un scandale. Il est effrayant de voir à quelle vitesse une telle campagne de diffamation a été lancée, exactement au moment où les « festivités » des 70 ans approchent.

 

Le journaliste de la rubrique culturelle du Frankfurter Allgemeine Zeitung Michael Hannefeld a particulièrement attiré mon attention, car il a déjà souvent utilisé sa judéophilie pour laisser libre cours à sa haine des Musulmans et des critiques d’Israël de gauche. Selon la devise : « C’est la faute au critique d’Israël » !

 

Hanefeld n’évoque les « passéistes incurables et les partisans d’extrême-droite »   qu’incidemment, bien qu’il soit prouvé que 90 % des délits antisémites soient commis par des extrémistes de droite.

 

Hanefeld a particulièrement jeté son dévolu sur les « critiques d’Israël » à qui il reproche d’utiliser la diabolisation pour servir les stéréotypes antijuifs. Mais son ennemi principal est l’antisémitisme que les immigrants musulmans ont soi-disant apporté.

 

Il ne faut pas non plus oublier « le philosémite antisémite » Volker Beck qui, avec le fameux Benjamin Weinthal, a lancé une battue contre l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ) pour la ranger parmi les antisémites parce que des employés ont soi-disant exprimé une critique d’Israël ( !) que Beck considère comme antisémite. Beck ne rate pas une occasion de se mettre en évidence pour attirer à nouveau l’attention, ce qui, heureusement, ne lui réussit pas.

 

Pâques a été l’occasion pour le président du Bundestag Schäuble de revenir dans les médias après qu’il ait perdu son poste de ministre des Finances. Lui aussi mit en garde contre la haine des Juifs venant des migrants – comme son collègue du parti chrétien-démocrate Kauder qui réclame même un registre pour signaler les incidents antisémites dans les écoles. Ne serait-il pas beaucoup plus important et approprié d’exiger un registre des crimes anti-musulmans ou des crimes contre les foyers de réfugiés ?

 

 

Sanctionner le fait de brûler des drapeaux, une idée absurde

 

L’apothéose a été l’exigence du député du Bade-Wurtemberg au parlement fédéral Johannes Fechner, de modifier le code pénal pour le fait de brûler des drapeaux d’Israël.

 

Des imitations de drapeaux à l’étoile de David ont été brûlées en signe de protestation contre l’incroyable provocation de Trump, de reconnaître Jérusalem comme capitale de « l’État juif » et de déplacer l’ambassade des États-Unis. Ce n’étaient pas des antisémites musulmans et ce n’était pas non plus antisémite de brûler ce symbole de l’occupation et de l’oppression, mais une réaction tout à fait compréhensible. Je me rappelle encore trop bien quand les drapeaux américains brûlaient pendant la guerre due Vietnam. Même autrefois, il ne serait venu à l’idée de personne de sanctionner cet acte.

 

Ce député social-démocrate judéophile et trop zélé a déjà fait appel au Service scientifique du Parlement fédéral pour examiner la possibilité d’une poursuite pénale. La réponse des experts lui donne l’espoir que ce soit compatible avec la Loi fondamentale de ne protéger d’une « manière particulière » que «ce seul » drapeau en tant que symbole et de sanctionner le dénigrement et le fait de brûler les drapeaux israéliens, en raison de la responsabilité historique de l’Allemagne. Fechner poursuit : « Qui y met le feu, ne brûle pas n’importe quel morceau de tissu mais il propage symboliquement la destruction d’Israël ». Fechner n’hésite même pas à comparer le fait de brûler des drapeaux avec la négation de la Shoah – en tant qu’acte incendiaire qui rappelle « le génocide nationaliste ». Cela pourrait bien être un cas pour le psychiatre !

 

Si ces faits devaient devenir passibles de sanction seulement quand il s’agit de « l’État juif » on aurait atteint le paroxysme d’une judéophilie débordante et dangereuse et le cas devrait être porté devant la Cour européenne des droits de l’homme. Ce n’est vraiment pas possible de placer sous protection spéciale le drapeau d’un État qui est connu depuis 70 ans pour ses crimes contre le droit international et contre les droits de l’homme ! Ce serait le coup de pied définitif contre la Loi fondamentale. . Ce „traitement spécial“ juif serait-il encore compatible avec un Etat démocratique ? Je ne crois pas. Le traumatisme allemand à cause des crimes de la Shoah ne doit pas conduire à enjoliver les crimes judéo-sionistes et à devenir un sujet tabou antisémite.

 

« L’État juif » promoteur de l’antisémitisme

 

Ne nous laissons pas berner. Ce ne sont pas les Musulmans ni les critiques d’Israël qui sont coupables d’antisémitisme mais « l’État juif » lui-même qui propage et profite de cet antisémitisme. La raison de l’antisémitisme actuel doit être attaquée à la racine, la cause de tous les maux, notamment en Palestine occupée illégalement. La colère compréhensible contre les 70 ans de crimes sionistes d’expulsion, de vol des terres et d’occupation illégale devrait tous nous inciter à agir, pas contre les Musulmans, mais de nous ranger aux côtés des Palestiniens – Musulmans et Chrétiens – quand il s’agit de la liberté de la Palestine. Antisionisme n’est pas antisémitisme mais le judaïsme et « l’État juif » font délibérément cause commune pour diffamer toute critique d’Israël en tant que « haine des Juifs », une stratégie de propagande très adroite qui ne devrait pas nous impressionner.

 

Abattre les drones de propagande d’antisémitisme !

 

Alors que la Palestine brûle, qu’une guerre contre l’Iran semble se préparer, que la guerre froide sévit, que la Russie, notre importante voisine, est diabolisée, que la Turquie et les Musulmans sont diffamés, la politique allemande essaie, en interaction éprouvée avec le lobby pro-israélien, de rendre les drones de propagande d’antisémitisme attrayants pour le « Monsieur Tout-le-Monde » allemand. Nous devrions abattre ces drones. Les réfugiés palestiniens du monde entier attendent leur retour en Palestine – Liberté pour la Palestine !

 

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Evelyn Hecht-Galinski, fille de Heinz Galinski, ancien président du Conseil central des Juifs d’Allemagne, est journaliste et auteur. Elle écrit régulièrement ses commentaires pour le journal NRhZ depuis le „Hochblauen“, la montagne locale, haute de 1165 m, du pays de Bade, où elle vit avec son mari Benjamin Hecht. (https://www.sicht-vom-hochblauen.de/). En 2012 a paru son livre „Das elfte Gebot: Israel darf alles“ (Le onzième commandement: Israël a tous les droits) chez tz-Verlag, ISBN 978-3940456-51-9 (print), Prix 17,89 Euro. Le 28 septembre 2014, le NRhZ lui a décerné le quatrième „Kölner Karls-Preis für engagierte Literatur und Publizistik„.

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