Pas une bonne annee pour la Palestine Evelyn Hecht-Galinski Traduction Christiane Reynaud

Pas une bonne année pour la Palestine!

 

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire du 12 septembre 2018

Texte original : https://www.sicht-vom-hochblauen.de/kein-gutes-neues-jahr-fuer-palaestina-von-evelyn-hecht-galinski/

Traduction : Christiane Reynaud

 

Roch Hachana, la fête du Nouvel An juif qui, selon le calendrier hébraïque, marque le début de l’année 5779, a eu lieu cette année du 9 au 11 septembre. Quelle date significative ! Le 11 septembre restera toujours associé aux attentats du 9/11, comme une césure et le début d’une soi-disant « lutte contre le terrorisme » qui a plongé, non seulement les Etats-Unis, mais aussi la « communauté occidentale des valeurs » dans un état d’urgence grâce auquel on pouvait justifier une croisade contre l’islam. Cette lutte dure jusqu’aujourd’hui et empire  de jour en jour. Je ne voudrais pas contribuer à des spéculations mais pourquoi tous ceux qui veulent remettre les circonstances en question sont-ils dénigrés comme « théoriciens du complot » et marginalisés ?

 

Quand « l’Etat juif et la religion sont mis dans le même sac

Revenons-en au Nouvel An juif 2018. Lorsque le 8 septembre, j’ouvris le journal FAZ je n’en crus pas mes yeux en découvrant à la page 3 l’annonce d’un quart de page, ornée de l’aigle fédéral et signée par le délégué du gouvernement fédéral à l’occasion du Nouvel An juif pour la vie juive et la lutte contre l’antisémitisme. Le délégué fédéral Felix Klein n’a pas seulement adressé ses vœux aux citoyens juifs mais a aussi fait référence à Israël dont « nous fêtons cette année également le 70ème anniversaire ». Je trouve intolérable qu’ici « l’État juif » et une communauté religieuse soient jetés dans le même sac. Est-il alors étonnant que les citoyens juifs soient tenus responsables des crimes commis par Israël contre le droit international et les droits de l’homme s’ils ne regardent pas Israël d’un œil critique et, au contraire, lui vouent une solidarité aveugle ? Mais cela est favorisé par le gouvernement fédéral allemand qui soutient « l’État occupant » juif sans se poser de questions. (1)

 

Pourquoi n’y a-t-il pas au contraire de commissaire au racisme du gouvernement fédéral qui transmet ses vœux avec des annonces similaires à nos concitoyens musulmans lors de leurs fêtes ? Alors que le Conseil central des Juifs est massivement soutenu en tant que collectivité de droit public, bien qu’il ne prenne pas ses distances par rapport à la politique contraire au droit international de « l’État juif », mais la soutient au contraire activement, ce qui ne devrait pas être récompensé par les fonds publics, le DITIB, par exemple, est puni pour être trop près de la Turquie ! Une gifle pour de nombreux citoyens turcs et musulmans en Allemagne !

 

En ces temps où des individus racistes déambulent dans les villes à l’est de l’Allemagne, que le Premier ministre chrétien-démocrate de Saxe ferme les yeux et que, contrairement au procureur général de Saxe, le  chef de l’Office fédéral allemand pour la protection de la Constitution ne veut pas reconnaître une vidéo qui prouve exactement les faits, on minimise le problème ; mais quand un restaurant juif, géré par un porteur de kippa non-juif, est attaqué, l’émoi fut grand. Bien sûr, à juste titre ! Mais où était cet émoi lors de la chasse aux sociaux-démocrates et aux migrants qui, poursuivis, couraient pour sauver leur vie ? Étaient-ce des victimes de seconde classe ou bien y a-t-il deux poids deux mesures quand il s’agit de Musulmans ? Que doit-on penser d’une statistique de la criminalité où n’apparaissent ni les crimes du réseau NSU ni les délits comme la dégradation de la tombe de mon père qui ne sont jusqu’à présent pas élucidés.

 

La Roch Hachana ne devrait-elle pas marquer justement le début d’un revirement? Le but de cette fête est, avant tout, de passer l’année écoulée en revue, tout ce qui n’a pas été bien fait ou qui a été mal fait. Et ne s’agit-il pas avant tout de se repentir de ses fautes et de s’engager à ne pas recommencer ? C’est une fête de jugement pour les Juifs où des décisions sont prises pour l’avenir. Après 10 jours de pénitence, le jugement se termine par le Yom Kippour, le Jour du Grand Pardon où le jugement des Juifs est prononcé et tout est inscrit dans le « Livre de la Vie » avec la résolution de faire mieux à l’avenir.

L’arrogance raciste d’un „peuple élu“

Cela est, bien sûr, le contexte religieux, mais il en dit long sur le judaïsme Qu’en est-il devenu ? Un « État juif » qui veut sciemment se faire reconnaître comme « juif » pour pouvoir réaliser la prétention juive sur toute la Palestine et sur Jérusalem, d’autant plus que, selon un sondage du journal israélien Haaretz à l’occasion de Roch Hachana, 56 % des Israéliens juifs se considèrent comme « un peuple élu » !

Comment juger cette arrogance raciste que le régime de Netanyahou cultive même ? Il suffit de penser à cette loi nationale juive qui favorise précisément cette mentalité de « peuple élu » et que le gouvernement des Etats-Unis de Trump récompense encore par une reconnaissance unilatérale, contraire au droit international, de Jérusalem comme capitale unique de « l’État juif ». Lundi, Jour du Nouvel An, il y eu un nouveau « cadeau » pour Netanyahou et son régime : le gouvernement américain annonça qu’il réduisait pour la troisième fois les aides financières pour les Palestiniens. Après les réductions d’assistance directe pour le développement économique et les réductions pour l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient UNRWA, maintenant encore 25 millions de dollars américains de moins pour six hôpitaux à Jérusalem-Est où étaient surtout soignés des malades graves de la bande de Gaza verrouillée où les soins médicaux ne peuvent pratiquement plus être assurés. En outre, arrive maintenant l’annonce de la fermeture de la Représentation diplomatique de la Palestine à Washington. Le Secrétaire général de l’OLP Saeb Erekat a condamné cette politique comme une nouvelle confirmation de la politique du gouvernement de Trump qui punit collectivement le peuple palestinien. C’est une nouvelle tentative de priver les Palestinien de tous leurs droits et de les intimider. Une raison est probablement l’effort depuis longtemps annoncé des Palestiniens et, espérons-le, bientôt mis à exécution, de faire rendre des comptes à « l’État juif » pour l’occupation illégale de la Palestine.

Ces actes unilatéraux du gouvernement de Trump, loin de tout entendement démocratique et contraires aux principes du droit international, qui soutiennent partialement « l’État juif » et son occupation, ne devraient pas être acceptés, surtout par l’Allemagne. Est-ce ça, « l’ultime deal » que Trump veut présenter fin septembre à l’ONU ?

Plus de soutien à un État qui commet des crimes contre le droit international

En octobre, quand la chancelière Merkel se rendra avec une grande partie de son cabinet dans « l’État juif » elle devrait enfin agir normalement sur le plan politique, comme elle le fait avec tous les autres États. 73 ans après la fin de la guerre et la libération d’Auschwitz, il n’y a plus aucune raison de poursuivre cette politique partiale et de soutenir un État qui ne respecte pas le droit international. Si la chancelière croit ne pas devoir se mêler des affaires « internes » d’Israël, il faut la contredire avec véhémence : ce ne sont pas des affaires intérieures quand un peuple est illégalement occupé et que les crimes contre le droit international et les droits de l’homme sont considérés comme raison d’État juive. Nous, les Allemands, avons une responsabilité particulière envers les Palestiniens en tant que dernières victimes des crimes nazis, on ne le soulignera jamais assez, et cela devrait enfin devenir raison d’État allemande. Nous tous, et en première ligne la politique allemande, nous devrions enfin faire rentrer dans nos têtes que pour les Palestiniens, c’est une question de survie et de vie dans la dignité.

Alors, que penser des Premiers ministres allemands qui se rendent dans « l’État juif », renient les Palestiniens et ne s’engagent que pour l’amitié avec les « occupants juifs » ? Nous n’avons plus qu’une solution : ne plus élire ces politiciens ! Mais le choix devient de plus en plus difficile car, y a-t-il encore en Allemagne un parti qui s’engage pour les droits des Palestiniens et qui ait encore du poids en politique ?

« L’État juif » est un État raciste pour qui, comme pour l’AfD, les réfugiés non-juifs sont des « intrus », qui les emprisonne et les expulse, qui ne reconnaît pas l’asile politique, qui pratique un racisme d’extrême-droite et qui est devenu un exemple à suivre pour la Droite européenne. C’est pourquoi les ennemis d’extrême-droite des Musulmans et de l’islam comme le Président hongrois Orbán et d’autres politiciens d’extrême-droite sont reçus avec tous les honneurs dans « l’État juif » et que Netanyahou entretient des relations amicales avec eux. Tous unis dans la haine de l’islam ! N’est-ce pas justement la politique dont Merkel ne veut pas ? Pourquoi garde-t-elle lâchement le silence quand il s’agit du racisme de « l’État juif » ?

Quand viendra le jour où il y aura des vœux de Nouvel An Roch Hachana pour les citoyens juifs et le Conseil central des Juifs sans flagornerie pour l’État occupant Israël ? Nous le devons à notre passé commun, à la Palestine et à Israël, sinon ce ne sera pas une bonne année pour la Palestine.

Note de bas de page :

(1) Annonce du Commissaire du gouvernement fédéral à la vie juive et à la lutte contre l’antisémitisme à l’occasion du Nouvel An juif 2018

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