Persistance des agressions – « Défendre la liberté au Mont Sinaï » ? Evelyn Hecht-Galinski Traduction : Christiane Reynaud

Persistance des agressions – « Défendre la liberté au Mont Sinaï » ?

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire du 13 octobre 2021

Texte original : https://www.sicht-vom-hochblauen.de/kontinuitaet-der-aggressionen-die-freiheit-am-berg-sinai-verteidigen-von-evelyn-hecht-galinski/

Traduction : Christiane Reynaud

 

Quel itinéraire ! Il a conduit Angela Merkel du « représentant de Dieu sur terre » à son « peuple élu » en « Terre sainte de l’apartheid ». Il est vraiment étonnant que cette chancelière ait réussi à faire impression sur le pape François et sur Naftali Bennett, l’impitoyable ennemi des Palestiniens. Ce dont elle a discuté avec le pape lors de son audience privée restera un secret du Vatican. Mais ce qu’elle a dit dans « l’État juif » était « typiquement Merkel ». Une « vraie amie » est venue pour sa huitième visite. Bien sûr, non sans avoir visité une fois de plus Yad Vashem et, toute de noir vêtue, y déposer une gerbe, la tête basse et plongée dans un silence recueilli. Soit dit en passant, j’aurais souhaité aussi une minute de silence pour les victimes de la Nakba et les innombrables victimes palestiniennes, assassinées dans leur lutte pour la liberté et contre l’occupation sioniste illégale. Où est sa « compréhension chrétienne des valeurs » quand il s’agit de la Palestine ? Le bilan d’Angela Merkel pendant son mandat, c’est l’augmentation rapide des colonies et des colons juifs, passés de 200.000 à environ 600.000 personnes.

 

Explosion du terrorisme des colons

Elle déclara, lors d’une conférence de presse commune avec Bennett, qu’elle était d’avis que la solution à deux États ne devait pas être abandonnée, même si elle paraissait presque sans espoir à ce stade, parce qu’elle était le meilleur moyen de mettre fin au conflit pérenne entre Israël et les Palestiniens, alors qu’elle-même n’a rien fait pour y arriver. Elle ajouta que la construction de colonies dans les territoires occupés n’était pas d’un grand secours. Avec cette remarque, elle prouva, une fois de plus, à quel point les Palestiniens et leurs intérêts avaient peu d’importance pour elle. On ne peut pas parler de « peu d’importance », vu la montée explosive du terrorisme des colons sous le gouvernement de Bennett et avec la protection par « l’armée de défense » juive.

Le 11 octobre, le ministère palestinien des Affaires étrangères reprocha à Israël de remplacer la solution à deux États par un système d’apartheid en multipliant les attaques de ses forces armées contre les Palestiniens et en protégeant les colons juifs. Le ministère souligna dans une déclaration que le gouvernement israélien portait la responsabilité totale et directe des attaques, agressions et crimes commis par les forces d’occupation et les colons, et ajouta que  ces attaques étaient « une invitation explicite au chaos et à une nouvelle série de violence en tant que décision israélienne officielle visant à remplacer la solution à deux États par un système d’apartheid ». La déclaration affirme que « ce système s’ancrait chaque jour davantage, sous les yeux de la communauté internationale » et que les attaques quotidiennes des colons étaient « le principal instrument pour maintenir l’occupation et annexer la Cisjordanie occupée ».

 

L’occupation : la pire forme de terrorisme

Sous Merkel, le Hamas et le Hezbollah ont été déclarés « organisations terroristes », organisations sans lesquelles il n’y aurait plus aucun groupe de résistance contre l’occupation illégale. Alors qu’Angela Merkel se tut au sujet du terrorisme des colons juifs, le Premier ministre Bennett souligna son refus d’un État palestinien : « D’après son expérience, la création d’un État palestinien équivaudrait probablement à l’établissement d’un État terroriste à environ sept minutes de sa maison et de presque chaque point d’Israël ». Il se qualifie lui-même « d’homme pragmatique » qui, au lieu de cela, est prêt à prendre des mesures sur le terrain pour améliorer les conditions de vie des Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza. Il aurait, après tout, aussi « envoyé des vaccins anti-Covid aux Palestiniens ». La création d’un État palestinien serait-elle vraiment la pire forme de terrorisme ? N’est-ce pas plutôt l’occupation ?

Cette visite de la chancelière a dû être comme une gifle pour les Palestiniens, qui n’ont ni obtenu suffisamment de vaccins, ni de réel soulagement ou de perspective de fin de l’occupation illégale. Là s’exprima un partisan de la ligne dure, un homme avec du sang sur les mains, un ancien « roi des colons » qui s’était vanté d’avoir tué beaucoup d’Arabes= terroristes pendant son service militaire « C’est bien – et c’est une honte que nous n’ayons pas tué plus de terroristes ». Lui, le dirigeant actuel d’un « phare de la démocratie », d’un État de la Renaissance juive, retourné dans l’ancienne patrie avec son ancienne langue et sa propre souveraineté.

 

L’aubaine des relations amicales avec les agresseurs criminels

Voilà donc un « collègue » à côté de Merkel qui n’a pas le moindre scrupule dans la poursuite de ses objectifs et qui sait très bien qu’il n’a pas à craindre de conséquences graves pour les crimes d’occupation et d’agression de la part de cette chancelière ni de ses successeurs. Elle, la « bonne amie », la femme « impressionnante, très forte, intransigeante » quand il s’agit de la raison d’État pour Israël qu’elle a elle-même proclamée et considère comme non négociable. Elle se complait dans l’aubaine des relations amicales après l’Holocauste et pour elle, cette culpabilité implique l’engagement de son pays. « L’Allemagne n’est pas neutre lorsqu’il s’agit de la question de la sécurité d’Israël, au contraire, la sécurité d’Israël fait partie de notre raison d’État ».

 

Quelle déclaration ! Dans le cas allemand, la non-neutralité signifie que l’Allemagne, en armant « l’État juif », en livrant des sous-marins pouvant être équipés de missiles de croisière nucléaires, lui a accordé la solidarité éternelle et le droit à l’autodéfense. Aucun occupant ne peut prétendre à ce « droit ». Seul l’occupé a le droit de se défendre.

 

Visite d’adieu harmonieuse et obséquieuse

Avec cette partialité, Merkel a mis la crédibilité de l’Allemagne en jeu. Les Palestiniens n’ont rien à espérer des gouvernements allemands avec ce type de politique allemande, si ce n’est l’éternel mantra de la solution à deux États, qui est aussi éloignée que la planète Mars. Merkel n’est pas allée à Ramallah, n’a pas rencontré de voix critiques, ne s’est pas engagée pour les milliers de prisonniers injustement incarcérés, ne s’est même pas rendue à Gaza ; elle a prouvé à nouveau son manque d’empathie. Après tout, rien de devait troubler l’harmonie obséquieuse de cette visite d’adieu.

Au sujet de l’Iran et de l’accord nucléaire, les deux partenaires ont été unanimes à considérer que l’endiguement du programme nucléaire iranien était un objectif commun. Il n’y avait des divergences de vue que sur la bonne marche à suivre. Alors que Bennett considère l’Iran comme le plus grand ennemi, qu’il rappelle que le soutien de l’Iran à des groupes hostiles en Syrie et dans la région représentait une menace existentielle pour « l’État juif » et un danger pour la paix universelle, qu’il ne voulait pas montrer de faiblesse mais faire preuve de force, il somma l’Allemagne de prendre position, car cela était particulièrement important. Merkel considère que la situation actuelle est « dans un processus critique » et dit qu’elle fera tout pour ramener l’Iran à la table des négociations.

 

Mais qui menace réellement la paix universelle ?

Il faut toutefois se poser la question pourquoi un programme nucléaire iranien et l’armement nucléaire posent-ils un problème pour la paix universelle, alors que la puissance nucléaire non contrôlée d’Israël est tolérée ? Qui menace réellement la paix universelle ? Cela aussi, on ne le rappellera jamais assez. La réalité est que l’Iran n’a jamais menacé aucun autre État au cours de sa longue histoire culturelle, ce qu’on ne peut pas prétendre de « l’État juif » d’Israël.

Qu’est-ce qui rend cet État si intouchable ? Est-ce la hasbara, la propagande ingénieuse qui arrive toujours á mener sa politique avec la matraque de l’Holocauste ? On n’hésite pas à mélanger délibérément antisémitisme et critique d’Israël, à dépeindre les Palestiniens, les Arabes et les Iraniens comme des ennemis intrinsèquement antisémites. Cette matraque est utilisée contre les Allemands et les Européens quand ils demandent au gouvernement israélien quelque chose qu’il n’accepte pas.

https://www.n-tv.de/politik/Deutsche-sind-empfindlicher-als-Israelis-article22853289.html

 

Le BDS plus important que jamais !

Avec Merkel à ses côtés, « l’État juif » pouvait être sûr qu’elle faisait tout pour poursuivre la lutte résolue contre le (soi-disant) antisémitisme. Mais ce qu’elle entend par là est de plus en plus contestable. Le gouvernement Merkel et le parlement allemand ont maintenant pleinement adopté la méthode israélienne consistant à mettre le mouvement BDS et ses partisans au ban, par exemple en leur interdisant de louer des locaux publics ou en leur faisant subir d’autres chicanes. Un procès intenté par des partisans du BDS a échoué, mais ce ne sera pas le dernier, on continue jusqu’au succès.

https://www.lto.de/recht/justiz/j/vg-berlin-2k7920-bds-israel-boykott-bewegung-klage-bundestag-beschluss-distanzierung/

Tant que le mouvement BDS sera dénigré en tant qu’antisémitisme « relatif à Israël », le soutien à ce mouvement sera plus important que jamais. Qui s’étonne encore que les emblèmes de l’armée d’occupation juive ou l’étoile de David en tant que symbole de l’État d’apartheid, soient devenus des objets de haine ? Tant que les commissaires à l’antisémitisme et le Conseil central des Juifs continueront à se solidariser avec cet État occupant, il ne pourra y avoir de relation « normale » avec les Juifs et dans la  coexistence. Cela ne semble-t-il pas même voulu, pour maintenir cette « position particulière » et encourager l’émigration vers « l’État juif » ?

https://www.juedische-allgemeine.de/politik/bds-ist-nichts-anderes-als-antisemitismus/?amp

 

Ne pas devenir à nouveau complice de l’horreur !

Il semble que dans l’Allemagne de Merkel, la liberté d’expression s’arrête lorsqu’on ose s’engager pour la résistance non violente à l’occupation, les droits de l’homme également pour les Palestiniens et, comme outil le plus tranchant, d’appeler au boycott.

Sous le gouvernement de Merkel, l’Allemagne présente un bilan minable en ce qui concerne les droits des Palestiniens. Si le nouveau Parlement et le nouveau gouvernement après Merkel continuent de se tenir « inconditionnellement aux côtés » d’Israël malgré l’apartheid, l’occupation, les crimes contre le droit international et contre les droits de l’homme, l’Allemagne se rend à nouveau complice de l’horreur.

 

Bientôt défendre notre liberté au Mont Sinaï ?

Quand Merkel veut définir plus clairement les intérêts de l’Europe sur le plan de la sécurité, après que les États-Unis ne sont plus disposés à assumer le rôle inconditionnel de dirigeant, cela signifie-t-il que « nous défendrons bientôt notre liberté au Mont Sinaï » ?

Pourquoi des milliers d’Israéliens juifs viennent-ils entre-temps en Allemagne et surtout à Berlin – et fuient littéralement ce régime de terrorisme d’État ? Sont-ils maintenant tous des antisémites ?

Tant que Merkel et ses successeurs ne reconnaitront pas l’occupation comme la pire forme de terrorisme et ne prennent pas de mesures concrètes contre elle, mais croient au contraire devoir poursuivre cette politique de traumatisme philosémite, les agressions continueront grâce à l’aide de l’Allemagne.

 

 

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