Quand la critique d`Israel est obligatoirement criminalisee en tant qu`antisemitisme Evelyn Hecht-Galinski Traduction Christiane Reynaud

Commentaire du 1er mai 2019

 

Quand la critique d’Israël est obligatoirement criminalisée en tant qu’antisémitisme

Evelyn Hecht-Galinski

 

Texte original : https://www.sicht-vom-hochblauen.de/wenn-israel-kritik-obligatorisch-als-antisemitismus-kriminalisiert-wird-von-evelyn-hecht-galinski/

Traduction: Christiane Reynaud

 

Alors que les rouages médiatiques sont à nouveau en marche pour diaboliser massivement Poutine et Erdoğan, on s’étonne du silence sur Netanyahou après les élections en Israël. Elles ont montré une fois de plus de manière effrayante que « l’État juif » refuse de renoncer à l’occupation de la Palestine. Les occupants, avec leur arrogance sioniste, se sont bien arrangés avec cet État juif d’apartheid, d’autant plus qu’ils n’ont aucune pression à craindre de la part de la soi-disant « communauté de valeurs » pour changer cette situation illégale. Après le nettoyage ethnique de la Palestine, les citoyens juifs se sentent ethniquement supérieurs.

 

Canonnade occidentale à cause d’une proposition russe

 

On insulte la Russie et son président pour la soi-disant « guerre hybride » parce que Poutine a signé après les élections en Ukraine un décret permettant aux citoyens des « républiques populaires » en Ukraine orientale de recevoir des passeports russes sans les conditions préalables habituelles. Il est également envisagé d’offrir aux citoyens ukrainiens en général la citoyenneté russe à condition qu’ils maitrisent la langue russe. La canonnade occidentale commença aussitôt et l’UE ainsi que les Etats-Unis critiquèrent cette proposition comme étant une gifle contre les « efforts de paix » en Ukraine orientale.

 

On peut vraiment se demander de quels « efforts de paix » il peut bien s’agir. N’oublions pas les milliards de dollars des USA pour la préparation du soulèvement ukrainien, l’élargissement rampant vers l’Est de l’OTAN et les efforts pour mettre l’Ukraine sur la « voie de l’OTAN » et l’admission dans l’UE. Tout cela fut un affront sans pareil envers la Russie qui a répondu avec la réintégration de la Crimée, une mesure plus que compréhensible, qui a été ratifiée par un référendum populaire. Alors, quoi de plus évident que d’offrir ces facilitations aux citoyens ukrainiens ? Après tout, personne n’est obligé d’accepter.

 

Pas de canonnade occidentale après les annexions de « l’État juif »

 

En revanche, « l’État juif » occupe le Golan syrien depuis la « guerre des Six jours » en 1967 et l’a annexé en 1981 sans que la « communauté de valeurs » ne pousse de hauts cris. Il n’est donc pas étonnant que « l’État juif » ait déclaré ce territoire syrien illégalement occupé comme « propriété » éternelle de « l’État juif », certes contrairement au droit international en vigueur mais confirmé par un décret de Trump avec lequel les Etats-Unis reconnaissent que le plateau du Golan syrien appartient officiellement à Israël. Trump a défendu sa nouvelle rupture du tabou après le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem et l’a justifiée comme une mesure conséquente dans la poursuite de sa politique. Il s’est même encore vanté de faire tout ce que les autres présidents américains avant lui avaient envisagé de faire mais n’avaient pas osé. Ce cadeau électoral « empoisonné » fut la meilleure chose qui puisse arriver à Netanyahou ; cela l’aida à se faire réélire. La façon dont Trump a légitimé l’occupation juive et foulé aux pieds le droit international est inouïe et est une provocation envers la communauté internationale passive. Cette incroyable violation de la souveraineté de la Syrie fait partie intégrante de la prétention illimitée à l’hégémonie des Etats-Unis et, dans leur sillage, du vassal juif.

 

L’UE et l’Allemagne ont bien critiqué cette décision, considèrent encore le plateau du Golan comme territoire occupé et ne reconnaissent pas la souveraineté d’Israël, comme le souligne une porte-parole de l’Union européenne. Par cette reconnaissance formelle du plateau du Golan et d’environ 20.000 habitants israéliens comme appartenant à « l’État juif », les Etats-Unis ont violé une résolution de l’ONU qu’ils avaient eux-mêmes aussi adoptée en 1981. . Cela montre une fois de plus que les Etats-Unis sous Trump ne sont plus prêts à reconnaître les traités, les décisions, le droit international ou les droits de l’homme, mais qu’ils ne sont plus gouvernés que selon la politique despotique de deal à la Trump. Ils ne sont plus aptes à être des partenaires et on devrait enfin réagir en conséquence.

 

Influence extraordinaire du lobby pro-israélien

 

Bien que l’on critique un peu « l’État juif », cela reste inefficace, car, contrairement au cas de la Russie, aucune menace de sanctions et encore moins de mesures pénales ne suit. Alors que dans le cas de la Russie, tous les moyens sont bons pour imposer sa propre politique de pouvoir, cet instrument important échoue complètement dans les relations avec « l’Etat juif ». Pourquoi l’État d’apartheid a-t-il là autant de succès ? Parce que, il faut le répéter, le lobby pro-israélien a une influence extraordinaire, particulièrement aux Etats-Unis, mais aussi grâce à son réseau, dans le monde entier. Avec l’instrumentalisation et l’utilisation éhontées du rôle de victimes, avec les incessantes références à l’Holocauste comme menaces, « l’État juif » arrive constamment à criminaliser et à faire taire ses critiques. Le fait de stigmatiser la critique en tant qu’antisémitisme est devenue, ces dernières vingt années, une stratégie si efficace que c’est effrayant de voir comment ce climat de peur se répand dans les médias et sur le plan politique.

 

En effet, le « caractère unique » de cet État occupant juif est effrayant car « la plus morale » de toutes les « armées de défense » juives reconnaît ouvertement être là pour protéger par tous les moyens les colonies en Cisjordanie occupée et pour judaïser toute la ville de Jérusalem occupée. Ces soldats meurtriers se portent volontaires et n’hésitent pas à tuer des Palestiniens, à tirer sur des jeunes, sur des secouristes, des personnes âgées ou des femmes ni même à les abattre, souvent par derrière, soi-disant « en fuite » alors qu’ils sont dans un état d’impuissance et ligotés. Ils savourent de pouvoir maitriser les occupés en les terrorisant, ce qui rend cette armée si populaire auprès de la population juive. Les Palestiniens sont des victimes aigries, privées de tous leurs droits, qui, impuissants, voient comment on leur vole leurs terres, détruit les maisons et comment on leur fait sentir qu’ils ne sont rien. Le Palestinien « ne compte pas et ne vote pas ». Cela a aussi contribué à ce que de moins en moins de Palestiniens israéliens soient allés voter, aussi à cause de tentatives d’intimidation comme la surveillance par les caméras du Likoud. Le résultat a pleinement satisfait le souhait du régime de Netanyahou.

 

La politique israélienne d’extermination et de nettoyage ethnique

 

Rappelons-nous les T-shirts de « soldats israéliens de la défense » sur lesquels étaient imprimés des motifs comme par exemple une Palestinienne enceinte avec une cible sur le ventre et le slogan odieux «  One shot, two kills ». Tout comme les déclarations racistes de l’ancienne ministre de la Justice Shaked, telles que : on doit tuer les Palestiniennes et leur « couvée », ainsi que les tags racistes des colons comme « Mort aux Arabes » et les meurtres toujours dissimulés et pratiquement jamais punis. Avons-nous besoin de preuves supplémentaires que la politique d’occupation juive à l’égard des Palestiniens est une politique d’extermination et de nettoyage ethnique ?

 

Un nouveau sondage a révélé que la plupart des Israéliens juifs refusent la fondation d’un État palestinien. Une majorité de 53 pour cent de ce groupe refuse aussi une solution des conflits basée sur la fondation d’un État palestinien indépendant à côté de « l’État juif ». Pas plus de 22% des Juifs croient encore en la fondation d’un État palestinien. La question « annexion » a gagné en importance depuis que Netanyahou a fait la promesse électorale d’annexer des parties de la Cisjordanie occupée et de ne pas démanteler de colonies.

 

“Deal du siècle” après le Ramadan?

Il formula sa provocation ainsi: “Je vais étendre la souveraineté de « l’État juif » à la Cisjordanie et ne ferai pas de distinction entre les blocs de colonies et celles qui sont isolées » La plupart de ces colonies sont situées dans la zone C qui représente 60% du territoire palestinien et où vivent environ 300.000 Palestiniens. Tout a été exactement convenu avec le gouvernement Trump et serait, selon le secrétaire d’État américain Pompeo, conforme à l’imminent « Deal du siècle » de Kushner et Greenblatt. Ce deal, maintes fois annoncé et maintenant reporté à la fin du mois musulman de jeûne Ramadan – qui cette année a lieu de début mai à début juin -, doit être promulgué ultérieurement. Il semble presque que ce « deal du siècle » ne doit être publié qu’après le Ramadan pour la bonne raison qu’on craint des réactions de colère du monde arabe et musulman devant cette violation ouverte du droit international.

Depuis que le mouvement BDS devient de plus en plus fort, il devient « l’objectif de guerre » favori des Juifs. On essaie de plus en plus de mettre un terme à la liberté d’opinion et de dissimuler les faits et les vérités qui jettent le discrédit sur «l’État juif ». Le lobby pro-israélien évite autant que possible de s’asseoir à une table avec des militants ou des critiques d’Israël et de discuter avec eux comme on l’a déjà si souvent proposé. Bien sûr pour une bonne raison, car la défaite serait évidente, faute d’objections concluantes et convaincantes. Cela devient encore plus dangereux quand, sous la pression du lobby pro-israélien extrêmement actif au parlement allemand, on engage à l’aide de projets de loi douteux des procédures judiciaires contre des organisations et des partisans du BDS ou les critiques d’Israël. Cette menace contre notre droit à la liberté d’opinion devrait nous inquiéter et nous rendre solidaires.

Sanctionner les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité !

Les atrocités commises pendant des décennies d’occupation par le régime sioniste, les multiples crimes de guerre, les meurtres d’enfants et le génocide à Gaza doivent enfin être appelés par leur nom et punis : en tant que crimes de guerre et crimes contre l’humanité. La communauté internationale doit enfin s’engager pour la liberté d’opinion et dire la vérité qui dérange que « l’État d’apartheid juif » n’est pas une démocratie et qu’il doit être traité comme tout autre État qui mène une politique de nettoyage ethnique.

Nous ne devons pas baisser les bras dans la lutte pour une Palestine libre du fleuve à la mer. Nous devons nous défendre quand on criminalise obligatoirement la critique d’Israël en tant qu’antisémitisme !

 

 

 

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