Qu’est-ce que c’est que ce gouvernement ? Evelyn Hecht-Galinski Traduction : Christiane Reynaud

 

Qu’est-ce que c’est que ce gouvernement ?

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire du 16 novembre 2022

Texte original : https://www.sicht-vom-hochblauen.de/was-haben-wir-fuer-eine-regierung-von-evelyn-hecht-galinski-kommentar-vom-hochblauen/

Traduction : Christiane Reynaud

 

Le gouvernement allemand est prompt à rappeler d’autres pays à l’ordre. Mais il le fait de manière sélective, et, semble-t-il, selon les directives des Etats-Unis ou d’Israël. Prenons l’exemple récent de l’Iran. Alors que notre « drone de combat », la ministre des Affaires étrangères Baerbock, exigeait des sanctions contre l’Iran, le chancelier Scholz en rajouta une couche et déclara littéralement dimanche : «  Qu’est-ce que vous êtes comme gouvernement pour tirer sur vos propres citoyens ? Qui agit de cette manière doit compter avec notre opposition ».  Oyez, oyez, me vint à l’esprit, car l’hypocrisie de cette déclaration est si évidente quand je pense aux nombreux gouvernements qui tirent également sur leurs propres citoyens, ce qui, ici, ne fait réagir personne – dans l’esprit du slogan conforme aux « valeurs occidentales » allemandes : « C’est nous qui décidons qui est terroriste, nous et les nôtres sommes les bons ».

 

Ce que « l’Occident des valeurs » laisse gentiment passer

Par exemple, ça ne gêne pas le gouvernement allemand que des soldats d’occupation juifs tirent sur des citoyens palestiniens dans « l’État juif »/la Palestine, et ce depuis des décennies ! J’ai choisi explicitement la Palestine/ « l’État juif » parce que cela a toujours été mon sujet principal qui est actuellement, bien sûr, pour de bonnes raisons, orienté vers la Russie et l’Ukraine. Mais il est problématique de perdre de vue les autres conflits, et rien ne ferait plus plaisir à « l’État juif d’occupation et d’apartheid ». Celui-ci est actuellement en train de former l’un des pires gouvernements racistes d’extrême droite qu’Israël ait jamais connu, avec, en partie, des antécédents judiciaires, et en tête un Premier ministre contre lequel un procès est en cours et qui a néanmoins été chargé par le président israélien Herzog de former le gouvernement.

Non seulement de nombreux assassinats de Palestiniens sont à déplorer – lundi, à nouveau une adolescente palestinienne innocente a été tuée juste avant son anniversaire -, mais, le même jour, de nombreuses attaques aériennes et des bombardements contre la Syrie souveraine, avec actuellement deux soldats syriens tués et trois blessés, ce que « l’Occident des valeurs » laisse gentiment passer : « Israël a tous les droits ». Voilà pour la soi-disant « unique démocratie au Proche-Orient » avec la raison d’État allemande.

Le FBI enquête enfin sur l’assassinat ciblé d’Abu Akleh, la journaliste palestino-américaine d’Al-Jazeera. Immédiatement retentit l’écho de « l’État juif » par Benny Gantz, alors encore ministre de la guerre : « Nous refusons de coopérer avec les autorités étrangères ».

https://www.diepresse.com/6215456/israel-lehnt-fbi-untersuchung-des-todes-von-al-dschasira-journalistin-ab

 

 Utilisée à de mauvaises fins pour une campagne de dénigrement contre la Russie

Mais revenons-en au gouvernement allemand. La commémoration de la journée de deuil national du 13 novembre a été utilisée de manière inqualifiable pour une campagne de dénigrement contre la Russie. En effet, cette journée de deuil national est le jour où l’on commémore tous les morts des guerres. En tout cas, moi et la majorité des Allemands n’oublierons jamais que nous avons couté 27 millions de morts à l’Armée rouge soviétique et au peuple russe ! Il semble que cette réalité horrible n’ait plus d’importance dans la politique officielle du gouvernement allemand.

J’ai constaté que de nombreuses commémorations de la journée de deuil national ont servi à prendre la « guerre de la Russie contraire au droit international » comme prétexte pour le « rayonnement » de notre « démocratie et de notre liberté » comme l’a fait, par exemple le président de la Cour constitutionnelle fédérale à Stuttgart, Stephan Harbarth. Harbarth aurait mieux fait de parler une fois des attaques destructrices d’Hitler et des bombardements en tapis des « amis américains ». La Russie n’a aucunement la volonté de détruire complètement l’Ukraine, c’est, au contraire le gouvernement ukrainien qui veut effacer par des lois tout ce qui rappelle la Russie : la culture russe, la langue russe, la littérature russe. Des monuments d’intellectuels russes sont démolis et on érige des monuments du fasciste Bandera. Je n’aurais jamais pu imaginer cela, 77 ans après la fin de la guerre et 30 ans après la chute du mur !

 

Le terrible impair au parlement allemand

Le pire des impairs a été pour moi le discours du président letton Egils Levits au parlement fédéral allemand. Sa commémoration a consisté à exiger la création d’un tribunal international spécial pour la Russie, chargé d’enquêter sur l’attaque de la Russie contre l’Ukraine en vertu du droit international. Ce serait juridiquement possible, prétend Levits et repère une soi-disant « lacune dans le droit international » qui rendrait possible d’enquêter sur une attaque contraire au droit international contre un Etat souverain, pour laquelle aucun tribunal international n’était jusqu’à présent compétent. Puis vint le clou et sans doute la véritable raison de Levits : il s’agit pour lui de pouvoir utiliser les actifs russes gelés en Occident pour la reconstruction de l’Ukraine.

Il parla aussi de façon totalement déplacée d’une « guerre d’extermination russe » et établit honteusement un parallèle avec le national-socialisme allemand pendant la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle, comme mentionné plus haut, l’Union soviétique et la Russie ont le plus souffert. Dans ce contexte, il fit l’éloge de l’amitié germano-lettonne et a qualifia la gestion allemande du passé « d’exemplaire dans le monde ».Quand j’ai entendu ces phrases, j’ai été sidérée ! Le passé commun du national-socialisme allemand avec les pays baltes et l’Ukraine a-t-il jamais été réellement géré ? En tant que président d’origine juive, Levits devrait pourtant mieux le savoir !

Sa haine de la Russie est apparemment si grande qu’il n’évoque même pas les chapitres les plus sombres de l’histoire juive en Ukraine – avec plus de 1000 pogroms et un nombre de victimes juives estimé à 100 000 pendant les guerres civiles de 1918 ! Les « héros nationaux ukrainiens » ont toujours joué un rôle de premier plan. N’oublions pas le rôle de l’Ukrainien Stepan Bandera, encore vénéré aujourd’hui (par exemple par l’ex-ambassadeur Melnyk), qui avait participé avec sa milice aux pogroms contre la population juive à Lviv en 1941. Mon grand-père maternel était originaire de Lviv et n’a échappé que de justesse aux pogroms. https://zeitschrift-osteuropa.de/hefte/2008/8-10/der-widerwillige-blick-zurueck/

https://www.copernico.eu/de/themenbeitraege/sommer-1941-juden-aus-dem-baltikum-fliehen-um-ihr-lebentemps

D’après les récits inoubliés de mon père sur son séjour en camp de concentration, les gardiens ukrainiens étaient les pires, avant même les Croates. La haine raciste contre la Russie est telle que les symboles nazis chez les gardes de Zelensky et le bataillon Azov sont considérés comme « normaux » et à nouveau « présentables » ! C’est d’une hypocrisie odieuse sans pareille. Des présidents juifs ne sont absolument pas une garantie de démocratie, ni en Ukraine ni dans les pays baltes. Il semblerait même que ce soit le contraire, si l’on regarde « l’État juif ».

 

Holocauste, Nakba et culture de la mémoire allemande

« Den Schmerz der Anderen begreifen» (Comprendre la douleur des autres), l’excellent livre de Charlotte Wiedemann que j’ai recommandé sur mon site web dans la rubrique « Bücher » (livres), aurait dû servir de base à une soirée historico-politique organisée par le Goethe-Institut à Tel Aviv le 9 novembre. Avec le sous-titre « Holocauste, Nakba et culture de la mémoire allemande », on avait voulu sortir de l’impasse dans la discussion sur la relation entre les atrocités coloniales et les Juifs nationalistes. L’ambassadeur israélien Ron Prosor s’en est immédiatement mêlé et a qualifié la soirée « d’inacceptable et irrévérente », et qu’elle ne devrait avoir lieu ni le 9 novembre ni un autre jour. Le ministère israélien des Affaires étrangères l’a qualifiée de „minimisation flagrante“ de l’Holocauste dans le but de calomnier Israël. L’intention du gouvernement est aussi simple que typique de cet Etat occupant, dans lequel le mot « Nakba » est un barbarisme et un tabou. Le nettoyage ethnique et l’expulsion de 700.000 Palestiniens ne sont toujours pas terminés. C’est pourquoi, du point de vue actuel, le 9 novembre serait à mes yeux exactement la bonne date pour se pencher sur la culture du souvenir de la Nakba, y compris en Allemagne. En effet, la Nakba et l’Holocauste sont indissociables. Le lobby judéo-israélien fait tout pour empêcher une discussion sur la Nakba, la catastrophe du peuple palestinien, et insiste sur le caractère unique de l’Holocauste. Mais cette thèse est entre-temps remise en question, précisément par des historiens juifs comme Dirk Moses.

https://www.sicht-vom-hochblauen.de/den-schmerz-der-anderen-begreifen-von-charlotte-wiedemann-propylaeen-verlag/

https://taz.de/Diskussion-zu-Holocaust-und-Nakba/!5894154/

D’ailleurs, seulement deux pays me viennent à l’esprit où les ambassadeurs croient devoir constamment s’immiscer et formuler des exigences « culottées » à l’encontre de leur pays d’accueil respectif : « l’Etat juif » et l’Ukraine ! Il est d’autant plus incompréhensible que la culture de la mémoire ukronazie ne joue aucun rôle pour « l’Occident des valeurs » et qu’au contraire, celui-ci soutienne inconditionnellement le pays, l’engorge de nos milliards et veuille mener « la guerre évidente de l’OTAN et des États-Unis jusqu’au dernier Russe ». « Notre liberté » n’est en aucune façon défendue par les Ukronazis, par contre des vassaux allemands du gouvernement ruinent notre pays, au service des États-Unis, et détruisent notre prospérité.

Pendant que le chancelier et des collègues de la coalition parcourent le monde, nous ne devrions pas oublier non plus la conférence sur le climat à Charm el-Cheikh, dans ce pays qui sous son « pharaon putschiste », le président al-Sissi, a incarcéré plus de 60.000 prisonniers politiques, dont Alaa Abdel Fattah, une figure clé du Printemps arabe il y a plus d’une décennie en Egypte. Cette année, il a obtenu la nationalité britannique derrière les barreaux, grâce à sa mère née en Grande-Bretagne. Il était en grève de la faim et son état de santé était considéré comme extrêmement critique. Comme il avait entre-temps refusé de boire de l’eau, il a probablement été alimenté de force. Mardi, il a mis fin à sa grève de la faim. https://www.middleeasteye.net/news/alaa-abd-fattah-announces-end-hunger-strike

Plusieurs chefs d’État et de gouvernement ont évoqué son cas lors d’entretiens bilatéraux avec le président Abdel Fattah al-Sissi, parmi eux le chancelier Scholz. Cela n’a pas empêché Scholz de promettre à al-Sissi et à d’autres pays « plus pauvres » une quantité d’euros lors de ce sommet « greenwashing » hypocrite sur le climat. https://www.middleeasteye.net/news/alaa-abdel-fattah-lawyer-egypt-hunger-striker-denied-access-2nd-time

https://www.mopo.de/news/politik-wirtschaft/un-chef-sind-auf-dem-highway-zur-klimahoelle-scholz-verspricht-mehr-geld/

 

Hitler a construit des autoroutes… Et l’UE ?

Des défenseurs allemands du climat et des activistes d’autres pays, ainsi que des organisations humanitaires, se sont en outre plaints auprès de leurs ambassades respectives d’avoir été espionnés par les « réseaux de sécurité » égyptiens. Avez-vous entendu parler de menaces de sanctions contre l’Égypte ? Il semble que ce ne soit dans l’intérêt ni de l’Allemagne ni des États-Unis. Par contre, les protestations hypocrites et les appels au boycott contre le Qatar et la Coupe du monde de football semblent aussi peu crédibles que toute la politique de la coalition. On connait bien la réalité de l’attribution et les conditions insoutenables depuis de nombreuses années. Mardi, alors que l’UE a prononcé de nouvelles sanctions contre l’Iran et les Etats-Unis contre la Russie, Josep Borrell, le Haut Représentant de l’UE, a exigé que l’ensemble des infrastructures routières et ferroviaires de la communauté internationale soient rééquipées afin de pouvoir « transporter rapidement les troupes d’une partie de l’UE à une autre ». Hitler a construit des autoroutes… Et l’UE… https://www.welt.de/politik/ausland/article242106741/Weltklimakonferenz-Deutsche-Botschaft-beschwert-sich-in-Aegypten-ueber-Beschattung.html

https://www.nachdenkseiten.de/?p=90331#more-90331

Lors du sommet du G20 à Bali, qui a débuté lundi, la déclaration finale a été présentée dès le début (!), bien sûr avec un bashing virulent de la Russie, une affaire qui tient particulièrement à cœur à Scholz, qui a sans doute cru prendre par là une importance qu’il n’atteindra jamais malgré toutes ses flagorneries vis-à-vis des États-Unis. Le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov, qui représentait le président Poutine, voulait approuver la déclaration, tant la Russie semble la considérer comme insignifiante !

Il n’y a pas d’avenir sans mémoire, et je me demande combien de temps notre gouvernement va encore garder cette haine et poursuivre la voie de la confrontation contre la Russie, l’Iran et la Chine. Avec l’idéologie de la haine des Verts, nous nous rapprochons de plus en plus de la ruine. Qu’est-ce que c’est que ce gouvernement ?

 

 

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