Ceux qui semant la haine Evelyn Hecht-Galinski Traduction Christiane Reynaud

Ceux qui sèment la haine

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire pour le Daily Sabah d’avril 2018

Texte original : https://www.sicht-vom-hochblauen.de/die-den-hass-saeen-von-evelyn-hecht-galinski/

Die den Hass säen

In Deutschland gibt es mittlerweile etwa 4,5 Millionen Muslime, daher ist die ganze Diskussion über den Islam in Deutschland völlig unnötig. Gehen wir einmal davon aus, dass etwa jeder zwanzigste Bürger in Deutschland Muslim ist – was ich für eine sehr wichtige kulturelle Bereicherung halte – dann sollten wir alle gemeinsam feststellen: Die Muslime sind in Deutschland angekommen und gehören zu uns und das ist auch gut so!

Traduction : Christiane Reynaud

 

Il y a maintenant environ 4,5 millions de Musulmans en Allemagne : toute discussion sur l’Islam en Allemagne est donc superflue. Si nous partons du principe qu’environ un citoyen sur vingt est musulman – ce que je considère comme un enrichissement culturel très important – nous devrions tous constater que les Musulmans sont bien arrivés en Allemagne et qu’ils font partie de notre société, et c’est une bonne chose !

 

Demandons-nous pourquoi tant de Musulmans et de citoyens turcs allemands vivent dans une « société parallèle ». Pourquoi la société majoritaire allemande et celle des citoyens d’origine turque se détournent-elles de plus en plus l’une de l’autre ? C’est une situation très navrante qui doit absolument être analysée.

 

Il y a des décennies, l’industrie allemande est allée chercher des travailleurs immigrés pour la République fédérale. Alors qu’au début ils venaient du sud de l’Italie, une région très pauvre, ce furent plus tard des habitants turcs d’Anatolie qui ont fuit la pauvreté et le chômage qui régnaient dans ce pays.

 

Il me semble qu’au début il y a eu beaucoup d’intolérance. On parlait autrefois avec arrogance de « spaghetti » pour désigner les travailleurs immigrés italiens et on a traité les turcs comme on avait traité les « travailleurs étrangers » en Allemagne. C’était encore exactement la mentalité de l’époque nazie, de la « race supérieure » : les travailleurs devraient être contents de trouver ici du travail et un logement. Pourtant, ce sont précisément ces ouvriers industriels qui, par leur ardeur, ont contribué en grande partie au miracle économique et à la prospérité en Allemagne.

 

Au fil du temps, les familles ont suivi, ce qui est très important, car on ne peut se sentir à l’aise et s’intégrer que quand on peut vivre avec sa famille.

 

L’intégration et une « atmosphère de bien-être » sont des facteurs importants pour une cohabitation. Seules les personnes qui se sentent acceptées sont vraiment arrivées.

 

Que ferions-nous sans les nombreux restaurants non allemands, les magasins qui nous ont appris la tolérance dont nous jouissons aujourd’hui dans une société multiculturelle ? C’est un enrichissement pour nous tous lorsque « l’Orient » rencontre « l’Occident » et que nous nous inspirons mutuellement.

 

C’est intéressant de lire que des études montrent que ce sont justement les Musulmans qui se sentent fortement liés à l’Allemagne, s’engagent dans des associations allemandes et sont actifs dans la vie professionnelle – en effet, le taux de chômage parmi les Musulmans est même plus bas avec 5 % que parmi les migrants non-musulmans chez qui il représente en moyenne 7 %.

Comment se fait-il alors que la troisième génération se sente à nouveau « plus turque » que la génération des parents et grands-parents ? Qu’ils se sentent chez eux en Allemagne mais pas proches des Allemands ?

 

Ils se sentent en partie marginalisés et essaient de compenser cela avec leur identité turque. C’est très regrettable mais parfaitement compréhensible, il y a beaucoup à faire. Ce sont particulièrement les jeunes qui subissent cette concentration de haine qui déferle actuellement sur l’islam et les Musulmans en tant que boucs émissaires.

 

Le nombre de menaces contre les Musulmans et d’incendies criminels est aussi effrayant. Rien qu’entre 2001 et 2016 il y a eu plus de 416 attentats – tendance à la hausse. En 2017 on a enregistré environ 60 attaques de mosquées et 950 attaques contre des Musulmans – et qui connaît le chiffre réel ?

 

Nous avons enfin besoin d’un commissaire au racisme et non d’un commissaire à l’antisémitisme. Alors que les Allemands perçoivent de plus en plus l’islam comme une menace – ce qui n’est pas étonnant, vu la façon de représenter les Musulmans et l’islam dans les médias – ce sont précisément les Musulmans qui sont très souvent victimes d’actes de violence.

 

L’indicible Thilo Sarrazin a été l’un des premiers en Allemagne à promouvoir la haine de l’islam et les préjugés avec son livre « Deutschland schafft sich ab » (L’Allemagne se supprime). Il y a eu d’innombrables imitateurs, Je nous fais grâce de la liste. On en trouve beaucoup dans le parti d’extrême-droite AfD (Alternative pour l’Allemagne) et dans le « mouvement » extrémiste de droite Pegida. Ils ont tous contribué à empoisonner l’atmosphère.

 

Pourquoi la Turquie sous le « sultan » Erdoğan est-elle tous les jours hostilement diabolisée, suivie de près du « tsar » Poutine alors que Netanyahou jouit d’une protection spéciale ? On prend aussi des gants avec l’Arabie Saoudite et l’Egypte. C’est encore une fois la presse de Springer qui fait la vedette dans l’art de harceler et de monter les gens les uns contre les autres ! Nous le constatons souvent les week-ends quand les médias s’allient aux politiciens avec une fidélité inconditionnelle.

 

Et maintenant que les ministres de l’Union chrétienne-démocrate CSU du nouveau et ancien gouvernement fédéral essaient de marginaliser et d’instrumentaliser l’islam à leurs fins électorales, cela devient vraiment dangereux.

 

Je voudrais particulièrement citer Volker Beck des Verts qui, non seulement se bat en première ligne du lobby pro-israélien, mais laisse sans aucune gêne libre cours à sa haine des Turcs et de DITIB. Il ne perd pas une occasion de diffamer l’Union des Affaires Culturelles Turco-Islamiques DITIB.  Ainsi, par exemple, le 31 mars, dans une interview du Deutschlandfunk avec Beck le présentateur présenta DITIB comme « étant tenue en laisse courte » par le président Erdoğan. Selon lui, on ne doit pas accorder à DITIB le statut de communauté religieuse et on doit lui refuser celui de collectivité de droit public. Beck refuse même DITIB comme interlocuteur, car Ankara siège soi-disant pratiquement aussi à la table. http://www.deutschlandfunk.de/tuerkischer-einfluss-in-deutschland-ditib-struktur-ist-fuer.694.de.html?dram:article_id=414450

 

Je voudrais changer les données. Remplaçons donc tout simplement DITIB par le Conseil central des juifs – là, Tel Aviv siège toujours aussi à la table de cette communauté religieuse en tant que collectivité de droit public ( !).

 

L’Allemagne a une très bonne Loi fondamentale qui garantit la pratique religieuse sans encombre et la liberté de foi et de conscience.

 

Malheureusement, je constate que la séparation de l’Église et de l’État n’est pas observée de façon très conséquente, mais qu’elle est de plus en plus minée. Je trouve tout à fait inopportun que des offices religieux aient lieu avant les événements politiques ou les séances du Parlement fédéral. En effet, de plus en plus d’Allemands sont sans confession, laïcs ou athées.

Donc, quand on parle constamment de vision « chrétienne » ou « judéo-chrétienne » du monde, ou pire encore de « valeurs », je trouve cela très inquiétant.

 

L’islam est particulièrement progressiste, car il est finalement compatible avec tous les régimes politiques, contrairement à ce que certains milieux répètent sans cesse. Je me demande pourquoi on porte un regard plus critique et désapprobateur sur une femme musulmane portant le voile qui ne veut pas, pour des raisons culturelles, serrer la main d’hommes qu’elle ne connaît pas, que sur un homme juif portant la kippa qui refuse de serrer la main des femmes ? Voilà pour l’égalité de traitement des religions !

 

Quand des sociétés parallèles juives se forment, on le tolère – et quand elles ne s’intègrent pas vraiment, on l’accepte sans rien dire. C’est un phénomène dangereux quand on évoque sans cesse la croissance de l’antisémitisme et récemment surtout de celui qui a soi-disant des « racines musulmanes ». C’est une évolution très fâcheuse contre laquelle je voudrais m’opposer avec véhémence. Le problème n’est pas l’antisémitisme dont on prétend qu’il a été importé par les migrants musulmans. Ce sont les circonstances, en particulier dans « l’État juif » qui favorisent l’antisémitisme.

 

Comment un Musulman peut-il fermer les yeux quand des coreligionnaires sont brutalement assassinés en Palestine illégalement occupée parce qu’ils s’engagent pacifiquement pour la liberté de la Palestine ? Depuis 70 ans, on refuse aux Palestiniens leur droit légal au retour. Vu ces circonstances, comment peut-on critiquer que des drapeaux à l’étoile de David ou des imitations soient brûlés en tant que symboles de l’occupation et de l’oppression ?

 

Le 30 mars, cette mémorable « Journée de la Terre » la situation dégénéra après que plus de 30.000 Palestiniens enfermés de Gaza eurent commencé leur « Marche du retour » – qui doit durer jusqu’au Jour de la Nakba le 15 mai – certains d’entre eux ont été assassinés par derrière par des tireurs d’élite de « l’armée de défense » juive. Jusqu’à présent, on déplore 18 martyrs et plus de 1400 blessés palestiniens. La situation humanitaire est catastrophique et les soins médicaux dans les hôpitaux de Gaza inimaginables. Dans cette bande de misère verrouillée tout manque, d’eau potable propre aussi bien que d’électricité et de médicaments. 2 millions de personnes vivent avec le blocus – c’est un verrouillage brutal terrien, maritime et même aérien. Les drones à gaz lacrymogène du régime de Netanyahou harcèlent les habitants de ce « laboratoire ». Cette situation me rappelle terriblement les massacres précédents et le génocide de 2014.

 

Il faut être reconnaissant au président Erdoğan pour ses mots clairs. Oui, c’est un massacre que l’IDF a commis et oui, Netanyahou est un « terroriste » et encore oui, Israël est un  « État terroriste ». Ce serait cependant plus important que la Turquie agisse immédiatement et apporte de l’aide matérielle et conceptuelle à Gaza car le président Erdoğan est actuellement le seul homme d’État qui ose s’exprimer clairement avec les dirigeants de « l’État juif ».

 

Contrairement à Israël, la Turquie n’est pas un État occupant et Israël n’est pas non plus la « seule » démocratie – il n’en est même pas une du tout. Netanyahou se moque vraiment du monde quand il répète sans cesse la formule de « l’armée le plus morale de toutes » et que le ministre de la Lieberman veut une fois de plus refuser une enquête indépendante – tout comme après le massacre du Mavi Marmara, le 30 mai 2010, quand Israël a refusé l’élucidation des meurtres brutaux commis par l’IDF. Car les sionistes ne craignent rien de plus que la vérité.

 

De la même façon, le ministre de la guerre Lieberman rejeta les demandes d’une enquête indépendante des tirs meurtriers sur les Palestiniens à la frontière de Gaza et ne tarit pas d’éloges sur les « soldats juifs de la défense » qui n’avaient fait que ce qui était nécessaire. Lieberman déclara que les soldats responsables du massacre mériteraient même une médaille.

 

Alors que la Turquie a accueilli de façon exemplaire plus de 3,5 millions de réfugiés et a signé avec nous un accord qui doit nous épargner les réfugiés, le régime de Netanyahou méprise les réfugiés noirs, les qualifie d’intrus, les emprisonne ou veut les transférer contre de l’argent en Europe et en Afrique. Seules les réfugiés juifs sont les bienvenus et bénéficient d’un soi-disant « droit de retour », ce qui est refusé aux Palestiniens et à leurs descendants depuis l’expulsion. C’est ainsi que le régime veut faire avancer la solution finale de la judaïsation.

 

Le pire dans cette situation intolérable c’est qu’à l’occasion de sa « visite de réconciliation » dans « l’État juif », le nouveau ministre allemand des Affaires Etrangères Heiko Maas a léché les bottes de Netanyahou mais a « envoyé promener » les Palestiniens et les a gâtés avec un panier-cadeau du grand magasin KaDeWe. Ses propos sur la Turquie et la Russie n’annoncent rien de bon non plus.

 

Je regrette déjà amèrement son prédécesseur Sigmar Gabriel qui avait essayé de rétablir de bonnes relations avec la Turquie. La Turquie devrait enfin devenir membre à part entière de l’Union Européenne, elle fait partie de l’Europe !

 

J’espère vivement que bientôt se forme une nouvelle alliance entre la Turquie, la Russie et l’Iran, en contrepoids aux Etats-Unis, à « l’État juif » et à l’Arabie Saoudite et qu’elle rende possible une coexistence pacifique.

 

Il ne faut semer de haine contre les Musulmans et les migrants, car, qui sème la haine, récoltera la violence.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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