Dans l’étau des profiteurs de guerre Evelyn Hecht-Galinski Traduction : Christiane Reynaud

 

Dans l’étau des profiteurs de guerre

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire du 17 janvier 2023

Texte original : https://www.sicht-vom-hochblauen.de/kommentar-vom-hochblauen-im-wuergegriff-der-kriegsprofiteure-von-evelyn-hecht-galinski/

Traduction : Christiane Reynaud

 

Après le matraquage quotidien par la propagande antirusse importée partialement de l’Ukraine, les messages vidéo de Zelensky et les retransmissions de partout tous les soirs – comme dans un soap-opéra d’actualités partiales du front – je réagis probablement comme la plupart des citoyens allemands : nous en avons assez ! Entre-temps Mme Zelenska se présente aussi en ambassadrice de la propagande, comme mardi dernier,  à l’ouverture du Forum économique mondial de Davos. La politique, l’économie et le capital s’y rencontrent pour déterminer la « bonne direction ». Il en va de même pour les livraisons de la « faune de guerre ». Ces noms ont un sombre passé, Leopard, Marder (martre), Iltis (putois), Fuchs (renard) – les chars allemands ont toujours des noms d’animaux, la plupart du temps des prédateurs. Ce qui a l’air mignon au premier abord vient de l’époque nazie quand la Wehrmacht voulait faire aimer ses armes par la population.

 

Fatale rhétorique de guerre des « valeurs » occidentales par les médias mis au pas

Ne sommes-nous pas en train de vivre presque la même chose ? Le soutien de l’OTAN, la servilité transatlantique, la haine de la Russie et le dénigrement de ceux qui pensent différemment et qui osent se positionner pour une paix juste avec la Russie et ses intérêts légitimes en matière de sécurité contre la fatale rhétorique de guerre des « valeurs » occidentales. J’en ai aussi assez d’être bombardée de discours médiatiques haineux parce que nous résistons à la propagande partiale et osons même nous « informer intellectuellement » avec d’excellents textes internationaux de journalistes d’investigation remarquables dont l’Allemagne manque actuellement.

Nous sommes pratiquement tous entrainés dans l’ivresse d’une russophobie anti-Poutine, en premier lieu par les grands médias et la radio d’État allemands qui, entre-temps, agissent en correspondants de guerre au lieu de fournir des informations exactes aux lecteurs, auditeurs et téléspectateurs. Il est effrayant de voir ce qu’est devenu le monde des médias, comme si l’on n’avait rien appris du Troisième Reich car le soi-disant « quatrième pouvoir » a abdiqué ! Avides de guerre, ils poussent carrément les politiciens à livrer encore plus d’armes et de chars à l’Ukraine. Le scandale, ce sont particulièrement les taxes obligatoires pour la radio d’État qui ne tolère plus d’opinion divergente et semble poursuivre une « mission de rééducation » ! De nombreux lecteurs et téléspectateurs se sentent désormais tellement marginalisés qu’ils se sont résignés, éteignent simplement leurs radios et télés et s’informent ailleurs.

Ces médias et ces journalistes agissent comme les accélérateurs de feu de la nation. Ils fixent la voie à suivre et poussent les politiciens dans une direction toujours plus belliqueuse. Ils les accompagnent lors de leurs voyages à l’étranger et rapportent ensuite, conformément à leur mission, ce que l’on attend d’eux. Ainsi, avec leurs gros titres et leurs histoires de propagande, ils sont également des profiteurs de la guerre.

 

Armement sans tenir compte des dégâts

Tout cela m’amène à me consacrer à un sujet qui m’est non seulement étranger mais aussi que j’exècre : nos budgets d’armement et les profiteurs d’armes, ainsi que les profiteurs d’énergie.  J’ai fait des recherches et ai trouvé un rapport que je considère comme très révélateur car il montre la folie dans laquelle nous avons désormais atterris. On réarme sans se soucier des dégâts et en ignorant froidement les citoyens et tous les autres problèmes et dérapages. Prenons l’exemple du système de santé qui a été rendu « malade » à force d’économies pour permettre à des actionnaires avides de faire des bénéfices au lieu d’utiliser les fonds pour la population. L’Allemagne a, en outre, négligé de rémunérer correctement son personnel tant dans le secteur médical que dans celui des soins aux personnes âgées, ce qui rendrait les professions plus attractives.

Il semble aussi que les retraites ne soient plus aussi sûres. Là encore, le ministre du Travail Heil, bien payé par le SPD s’est déjà accointé avec le FDP de Lindner et la CDU de Merz « de Blackrock » et propose de garantir la retraite par des fonds d’actions peu sûrs ou des constructions douteuses similaires, au lieu de s’attaquer enfin à une retraite unique à laquelle cotiseraient toutes les couches de la société, y compris les fonctionnaires et les députés, et qui profiterait ensuite à tous les citoyens. Le marché du logement a également été ruiné : sur 400.000 logements promis, 20.000 ont été réalisés. Quel bilan désastreux ! Il en est de même pour le chemin de fer, toute l’infrastructure, l’enseignement et les maternelles, tandis que le secteur de l’énergie est confronté à des problèmes « verts » et le client à des factures impossibles à payer. Sans parler du manque d’infrastructure digitale et d’internet. Sur ces points, j’en sais quelque chose ! Les milliards versés à l’Ukraine manquent ici aux citoyens allemands car la priorité de la coalition n’est pas le bien-être des citoyens allemands, mais la prolongation de la guerre en Ukraine.

La « nation dirigeante » Allemagne ressemble de beaucoup à un pays en voie de développement. Ces problèmes internes à l’Allemagne sont désormais subordonnés à la politique étrangère « féministe » et surtout aux principaux bénéficiaires, les fournisseurs d’armes. Ceux-ci sont devenus le facteur le plus important de la politique allemande et européenne. Une distance solide vis-à-vis de l’industrie de l’armement serait nécessaire. Cet état de fait plus que critiquable m’a incitée à faire des recherches. Voici donc le résultat captivant qui ramène à la réalité. Ne soyez pas effrayés par la quantité d’informations ! Elle ne fait que prouver que nous sommes pris en étau par les profiteurs de guerre.

 

« Une nouvelle époque »

Le 27 février 2022, le chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé que le budget de la défense du pays serait élevé à plus de 2 % du PIB et que 100 milliards d’euros seraient investis dans un fonds spécial unique pour les forces armées. Cette annonce a reçu un soutien écrasant de la part de tous les partis et des ovations debout au Parlement. Cette décision signifie que le budget régulier allemand de la défense – sans le fonds spécial – sera porté à plus de 50 milliards d’euros pour l’année 2022, soit 3,5 milliards d’euros de plus qu’en 2021. Environ 10 milliards d’euros sont prévus pour des investissements dans des armes et des équipements militaires, ce qui profite directement aux entreprises d’armement. Etant donné que les 100 milliards d’euros seront financés par un fonds spécial qui entraine une dette supplémentaire, cela nécessite une modification de la Constitution qui doit être approuvée par une majorité des deux tiers au Parlement. Le vote a eu lieu début juin et a été approuvé à une large majorité.

Les entreprises d’armement allemandes et internationales font depuis longtemps pression pour augmenter les dépenses militaires. Selon le registre des lobbies du Bundestag allemand, de nombreuses entreprises – dont Airbus, Hensoldt, Krauss-Maffei Wegmann (KMW), Leonardo, Lockheed Martin, Rheinmetall et ThyssenKrupp – profitent désormais de l’augmentation du budget allemand de l’armement. Ensemble, elles ont dépensé près de 12 millions d’euros par an en lobbying auprès des parlementaires. Nous en voyons le résultat tous les jours quand les politiciens allemands de tous les partis se surpassent mutuellement pour réclamer toujours plus d’armes et de livraisons de chars à l’Ukraine.

En tête de liste, se trouvent – pour ne citer qu’un petit échantillon de ceux qu’il est désormais difficile de compter – des bellicistes pour des armes à l’Ukraine comme la politicienne du FDP Marie-Agnes Strack-Zimmermann. Elle est membre du comité de direction fédéral du FDP et du comité du groupe parlementaire du FDP au Parlement. Elle est membre du Parlement allemand depuis les élections fédérales de 2017. Elle est présidente de la commission de la défense depuis 2021 et ne cesse de battre le tambour pour la livraison d’armes lourdes à l’Ukraine.

 

 « Bombe à fragmentation » transatlantique d’une russophobie pathologique

Chez les Verts naturellement Anton Hofreiter, le « paysan » devenu expert militaire et Annalena Baerbock, la ministre des Affaires étrangères qui n’entretient pas que des relations amicales avec son collègue ukrainien Kuleba et fait tout pour convaincre le chancelier de livrer enfin les chars Leopard. Elle se positionne imperturbablement aux côtés de l’Ukraine et tente l’impossible pour ruiner la Russie. Elle parcourt inlassablement le monde et essaye par tous les moyens  de produire de bonnes images qui la font briller de toute sa splendeur. Elle essaie de cacher sa naïveté avec du glamour mais n’y parvient que piètrement. Elle est actuellement en tournée à la Cour internationale de justice de La Haye pour traduire Poutine devant un tribunal spécial, car il bafoue soi-disant le droit. « Des bombes à fragmentation sur des civils pacifiques… » accuse-t-elle. Alors qu’elle couvre partialement la Russie de reproches et d’accusations, elle ne perd pas un mot sur les crimes de guerre d’Israël qui aurait mérité depuis des années d’être traduit en justice devant la CPI. Baerbock n’est qu’une « bombe à fragmentation » transatlantique d’une russophobie pathologique. Elle nuit à l’Allemagne et surpasse ainsi de loin son prédécesseur du SPD, le « ministre à cause d’Auschwitz » Heiko Maas, ce qui est vraiment un exploit.

Soit dit en passant, je me souviens encore trop bien quand Israël avait utilisé des bombes à fragmentation lors de la guerre du Liban en 2006 et où j’avais défendu la ministre du développement SPD de l’époque, Heidemarie Wieczorek Zeul, qui avait critiqué à juste titre ce bombardement, contre les accusations d’antisémitisme qui s’étaient immédiatement élevées. Cette ministre du SPD avait encore du caractère, ce qu’on cherche maintenant en vain chez les ministres actuels et le SPD.

https://www.deutschlandfunk.de/sprachrohr-der-israelischen-regierung-100.html

Depuis le début de « l’opération spéciale russe » contre l’Ukraine le 24 février 2022, les gouvernements occidentaux ont démarré un soutien financier et militaire sans précédent à l’Ukraine. Avec l’augmentation des dépenses militaires et l’accumulation les armes, on veut augmenter la capacité de défense et notre sécurité, bien que les nations occidentales soient déjà extrêmement surarmées. Si nous remettons en question l’affirmation selon laquelle le militarisme nous rend plus sûrs, nous constaterons qu’il est bien plus susceptible d’alimenter les tensions et la peur, de générer l’instabilité et l’insécurité et de provoquer des conflits armés. L’argent public qui pourrait être utilisé pour faire face à la hausse des prix de l’énergie est, au contraire, investi dans le militarisme. Le gouvernement allemand place, lui aussi, les intérêts des militaires au-dessus des besoins les plus élémentaires de ses citoyens.

 

La politique de guerre de l’OTAN : une fausse piste terrible

Le message de la coalition est clair : l’Europe veut une industrie de l’armement forte au détriment d’autres domaines sociaux qui ont besoin d’un soutien financier urgent. A une époque où le coût de la vie augmente de manière exorbitante dans toute l’Europe et où beaucoup de personnes ont du mal à joindre les deux bouts, les gouvernements investissent des sommes honteuses d’argent public dans le militarisme et le bellicisme. Depuis des années, les militants pacifistes et le mouvement pour la paix mettent en garde contre les dangers du complexe militaro-industriel et soulignent que le renforcement du militarisme attise avant tout la guerre. Et ceux qui exigent sans relâche un armistice et des négociations de paix sont considérés comme une partie du problème et infâmement raillés comme des « racailles pacifistes » ou diffamés comme des partisans pro-russes de la guerre.

J’ai tiré les chiffres et les faits du rapport « Smoke Screen. How states are using the war in Ukraine to drive a new arms race ».

https://www.tni.org/files/publication-downloads/smoke_screen_report_-_tni_-_web_0.pdf

Tout en haut de l’agenda de l’OTAN, principalement sous l’impulsion des États-Unis, se trouve l’augmentation des dépenses militaires et la réalisation de l’objectif des 2 %. Cette politique de guerre de l’OTAN est une fausse piste terrible qui pourrait conduire à une troisième guerre mondiale. Il faut y mettre fin immédiatement ! Il est honteux que les activistes climatiques manifestent à grande échelle mais ignorent totalement le pire destructeur de l’environnement, à savoir l’armée, ainsi que le dangereux bellicisme contre la Fédération de Russie et la possible destruction corrélative de l’Europe ! Voulons-nous rester à attendre, les bras croisés, notre déclin dans l’étau des profiteurs de guerre ?

 

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