Envers et contre toute resistance Evelyn Hecht-Galinski Traduction Christiane reynaud

Envers et contre toute résistance

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire du 11 juillet 2018

Texte original : https://www.sicht-vom-hochblauen.de/gegen-alle-widerstaende-von-evelyn-hecht-galinski/

Traduction : Christiane Reynaud

 

Il y a 13 ans, en 2005, une centaines de groupes civils palestiniens se regroupèrent et fondèrent le mouvement BDS. La société civile palestinienne, inspirée par la lutte des Sud-Africains et Sud-Africaines contre l’apartheid, appelle au boycott, au désinvestissement et aux sanctions contre Israël, jusqu’à ce que ce régime occupant observe le droit international et les principes des droits de l’homme. http://bds-kampagne.de/

Plus ce mouvement a de succès dans sa lutte et plus il est combattu. Israël a dressé des listes noires pour empêcher les partisans du BDS, les organisations non-gouvernementales et toute personne qui s’engagent pour cette campagne d’entrer dans le pays ou les déporte à l’arrivée.

 

BDS : pour la reconnaissance des droits fondamentaux des citoyens palestiniens

 

Cette campagne milite aussi pour la reconnaissance des droits fondamentaux des citoyens palestiniens dans « l’État juif » ainsi que des Palestiniens et Palestiniennes vivant dans des conditions inimaginables dans les territoires illégalement occupés de la Palestine, de la Cisjordanie jusqu’à Gaza. Jusqu’à ce jour, « l’État juif » refuse aux Palestiniens le droit légal au retour défini par la résolution 194 de l’ONU.

 

En ce moment, nous assistons à Gaza à la tentation désespérée des habitants enfermés d’échapper à ce camp de concentration par leur action symbolique de la « Marche du retour ». Ils se défendent avec des cerfs-volants enflammés contre la machinerie meurtrière de la plus « morale des armées » et de ses tireurs d’élite qui atteignent leurs buts avec précision et tirent aussi sans pitié sur des femmes et des enfants. Plus de 135 tués et des milliers de blessés sont un terrible bilan. Parmi eux des journalistes, des secouristes et des footballeurs – à qui on a tiré brutalement sur les jambes – ont été pris avec intention pour cibles.

 

Émouvantes sont les photos de l’équipe palestinienne « amputée » qui donnent un signal contre la Coupe mondiale de football qui a lieu en ce moment à Moscou. La FIFA aurait fait preuve d’un geste d’humanité si elle avait invité cette équipe à Moscou et l’avait placée sur la tribune d’honneur. La FIFA a jusqu’à maintenant refusé d’exclure Israël de l’association pour envoyer un signal contre les continuelles violations des droits de l’homme des occupants illégaux de la Palestine.

 

Pourquoi si peu d’artistes et intellectuels allemands s’engagent-ils pour le mouvement BDS?

 

Je me demande pourquoi le mouvement BDS a partout dans le monde, particulièrement aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en Afrique du Sud, beaucoup plus de succès qu’ici? Alors que dans ces pays, non seulement des artistes célèbres comme l’icône du BDS Roger Waters, Shakira, le groupe Young Fathers, des intellectuels juifs, de Noam Chomsky à Judith Butler, la militante noire pour les droits civiques Angela Davis ainsi que le lauréat du prix Nobel de la Paix sud-africain Desmond Tutu s’engagent activement dans la campagne BDS, les artistes et les intellectuels allemands se taisent quand il s’agit de la Palestine.

 

Le Guardian britannique a publié une lettre avec 79 signataires dont les personnes citées ci-dessus qui ont critiqué l’annulation de l’invitation du groupe Young Fathers à la Ruhrtriennale comme acte de censure et se sont montrés très inquiets qu’en Allemagne on essaie d’imposer des consignes politiques aux artistes qui s’engagent pour les droits de l’homme en Palestine.

 

Pourquoi aucun journal allemand ne publie-t-il cette lettre ? Au lieu de cela, nous assistons à des campagnes des médias contre les organisations et les partisans du BDS. Pourquoi n’y a-t-il pas chez nous des intellectuels et des artistes qui s’engagent pour le mouvement BDS et pour les droits de l’homme ?

 

Comment se fait-il qu’on empêche à nouveau des intellectuels juifs de parler et d’exprimer leur opinion ? Quand il émane de « l’État juif » ou des lobbyistes pro-israéliens, un boycott est énergiquement soutenu ; par contre, le mouvement BDS, en tant que résistance non-violente contre un régime juif d’occupation manifestement contraire au droit international, est criminalisé. La liberté d’expression comme valeur suprême en Allemagne, devrait aussi s’appliquer aux « Juifs critiques » et aux partisans du BDS qui critiquent Israël.

 

Après la campagne de dénigrement contre Günter Grass il ne reste manifestement plus que des artistes et des intellectuels prudents, « amoureux d’Israël », conformistes qui n’ont qu’une chose à l’esprit : ne surtout pas être considérés comme antisémites pour ne pas perdre d’engagements ou de postes.

http://www.palaestina-heute.de/Pinwand/Gunter_Grass__Was_gesagt_werde/gunter_grass__was_gesagt_werde.html

 

Lavage de cerveau pro-israélien

 

En effet, la société allemande de « classe moyenne saturée » est devenue une société antimusulmane et anti-palestinienne, stimulée par tous les médias du pays qui font subir à leurs lecteurs, auditeurs ou spectateurs un lavage de cerveau et qui suivent cette tendance vers une société conformiste et populiste. Bien sûr, ce processus dangereux est favorisé par la politique qui se surpasse dans une course « au bourrage de crâne » contre les Musulmans et les Palestiniens qu’on assimile à des terroristes – et de l’autre côté, on considère « l’État juif » somme le bastion des « valeurs judéo-chrétiennes »., sous la direction d’une chancelière chrétienne sioniste et du cabinet de la Grande Coalition qui travaille dans le même style.

 

Ce à quoi nous assistons en ce moment avec Merkel et Seehofer en tant que représentants de cette politique est inouï. On nous présente une comédie des plus primitives car, dans le fond, Merkel et Seehofer sont sur la même ligne. Tous les deux veulent se débarrasser des réfugiés, chacun à sa manière, tous les deux soutiennent « l’État juif » et tous les deux sont dépassés et usés.

Le régime de Netanyahou montre précisément avec sa façon de traiter les réfugiés et les demandeurs d’asile, qu’il n’attache aucune importance aux valeurs humanistes et encore moins à la démocratie. « L’État juif » est et reste un État d’apartheid entouré d’un mur d’apartheid. De plus, Netanyahou, comme son ami Trump, fait tout ce qu’il peut pour creuser un fossé entre les Européens. Il s’allie aux États populistes de droite dits du Vesegrad, reçoit Orban, signe des déclarations douteuses avec la Pologne qui contredit en partie la connaissance historique et a été critiquée par des historiens israéliens.

Aide financière pour plus de propagande israélienne

J’ai trouvé particulièrement grave que notre « ministre de la Patrie » ait augmenté de 3 millions les subventions du Conseil central des Juifs à 13 millions pour que ce Conseil central puisse encore mieux accomplir ses « tâches ». Le gouvernement fédéral veut, de cette manière, réagir à l’antisémitisme soi-disant « croissant », alors que des enquêtes ont constaté au contraire un recul. Il est fortement à craindre que cette aide financière serve à augmenter la propagande pro-israélienne dans les écoles et auprès du grand public en Allemagne. Mais en réalité, cela augmentera – et à juste titre – « l’anti-israélisme » tant qu’Israël mènera cette politique d’occupation qui méprise la dignité humaine. . Ne devrions-nous pas enfin nous demander si l’argent des contribuables est vraiment le moyen approprié pour ces activités plus que douteuses d’un « organisme de droit public » qui soutient activement un État qui viole le droit international ? Alors que les associations musulmanes comme Ditib sont incriminées pour être le « bras long » d’Erdoğan en Allemagne, ce Conseil central des Juifs qui est le « bras long » de Netanyahou est, en plus, largement récompensé.

Nous assistons chaque jour à de nouvelles abjections du « régime occupant juif », Netanyahou essaie désespérément d’assurer son pouvoir malgré les accusations de corruption. Aux dépens de qui ? Naturellement des Palestiniens. La communauté internationale accepte sans conséquences l’occupation, le vol des terres, les massacres, de même que les frappes contre la Syrie, le Liban et éventuellement une guerre contre l’Iran. Les meurtres brutaux de Palestiniens innocents, les nouvelles lois tout autres que démocratiques qui n’ont qu’un seul but, assurer  la solution finale de la judéisation, y compris la totalité de la ville de Jérusalem, tout cela reste pratiquement sans commentaire.

Les images qui nous parviennent actuellement du village de Khan Al-Ahmar, aux portes de Jérusalem, sont terribles. 170 Bédouins doivent être expulsés de leur village et le lieu où ils vivaient sans canalisation d’eau ni d’électricité doit être rasé. D’après le journal Haaretz, ils doivent être transférés à Jahalin-Ouest sur un champ de pierraille, à côté d’une décharge près d’Abu Dis, à l’est de Jérusalem..

Les Palestiniens et les Bédouins plus mal traités que du bétail

Pourquoi cette opération brutale ? Pour que les colonies de Ma’aleh Adumim et de Kfar Adumim qui se trouvent en face puissent s’étendre encore davantage et que la Cisjordanie occupée soit définitivement séparée et coupée d’accès à Jérusalem. Les colons juifs ont des routes « seulement pour les Juifs », abondamment d’eau et d’électricité, tandis que les Palestiniens et les Bédouins sont plus mal traités que du bétail.

Après une modification de la loi la semaine dernière, les ministres israéliens sont à nouveau autorisés à visiter le Haram Al-Sharif (l’Esplanade des Mosquées) et le ministre de l’Agriculture du parti d’extrême-droite Le Foyer juif, Uri Ariel, en a fait tout de suite usage. Que va-t-il se passer maintenant, si ce n’est que le début d’une nouvelle provocation politique ciblée et d’une humiliation des Palestiniens ? Ne l’oublions pas : en 2000, la visite provocante d’Ariel Sharon déclencha des émeutes et la seconde intifada.

Si à Munich, Berlin, Francfort et dans d’autres villes, des résolutions douteuses des factions de tous les partis empêchent l’accès de locaux aux partisans du BDS et pour des manifestations critiques à Israël et que les aides financières dépendent du fait que l’on soit pour ou contre Israël, alors l’Allemagne avance dans une mauvaise direction. Tous doivent être réduits au silence, qu’il s’agisse d’organisations ou de conférenciers juifs, de Palestiniens ou encore d’associations neutres ou de groupements confessionnels. Cela touche entre-temps même les livres critiques à Israël, qui disparaissent du marché, tel un autodafé de livres. La pression exercée par le lobby pro-israélien est de plus en plus forte et efficace. Nous devions nous opposer de toutes nos forces à cette réalité regrettable.

Si 73 ans après la libération d’Auschwitz on n’a toujours pas compris que la Shoah ne justifie pas tous les moyens mais qu’elle est un avertissement de ne pas se racheter d’une ancienne culpabilité par une nouvelle et que l’Allemagne assume enfin sa responsabilité envers le peuple palestinien et la Palestine, c’est alors une politique honteuse qu’il ne faut pas soutenir.

Il y a quelque chose qui ne va pas en Allemagne

Quand les politiciens allemands parlent d’une responsabilité qui oblige à soutenir « l’Etat juif », à garantir son « droit d’exister » et à célébrer sa fondation sur la base du nettoyage ethnique, alors quelque chose ne va pas en Allemagne.

Une raison de plus de rejoindre le mouvement mondial non-violent BDS jusqu’à ce que la Palestine soit libérée – envers et contre toute résistance !

 

 

 

 

 

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