La recette de Netanyahou : provocations, alarmisme et manoeuvres de diversion Evelyn Hecht-Galinski Traduction : Christiane Reynaud ski

 

La recette de Netanyahou : provocations, alarmisme et manoeuvres de diversion

 

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire du 12 août 2020

Texte original: https://www.sicht-vom-hochblauen.de/netanjahus-rezept-aufwiegelung-angstmacherei-und-ablenkungsmanoever-von-evelyn-hecht-galinski/

Traduction : Christiane Reynaud

 

Dans « l’État juif », des milliers de personnes ont manifesté contre la corruption sous le régime de Netanyahou, contre sa gestion de la pandémie du coronavirus et contre l’arbitraire de la police. Cet arbitraire a donné aux manifestants – des Israéliens juifs – un petit aperçu de la violence à laquelle les Palestiniens sont quotidiennement exposés sous une forme encore bien pire. Il est révélateur que ces manifestants, unis dans leur colère, n’ont pas protesté contre l’occupation illégale de la Palestine ni contre les crimes de leur régime contre le droit international. Cela ne les intéresse pas. La souffrance des Palestiniens n’est toujours pas un problème pour eux. Et c’est bien là le pire.

Le régime de Netanyahou « encerclé par des ennemis »

Tant que la politique d’occupation ne deviendra pas le thème central de la société juive israélienne, ces manifestations n’auront pas de valeur durable. Être unis contre Netanyahou est une bonne raison mais elle n’est pas suffisante. Tous les jours, le régime mène avec obsession des tentatives d’attaques contre la Syrie et d’autres « ennemis ». Et il se sent encerclé par des ennemis, le régime de Netanyahou est comme atteint d’une paranoïa.

La semaine dernière, après l’assassinat d’un combattant du Hezbollah, plusieurs attaques aériennes présumées israéliennes en Syrie et après que des combats ont éclaté à la frontière israélo-libanaise, les tensions entre Israël et le Hezbollah ont débordé.

Vu les différences politiques et idéologiques entre Israël et le Hezbollah, on peut supposer que ces tensions sont typiques : mais le moment ne pouvait pas être mieux choisi pour Netanyahou – et ce n’est pas un hasard.

Défaillance terrible du gouvernement face au coronavirus

Le mois dernier, la popularité de Netanyahou a considérablement baissé. La défaillance terrible du gouvernement face au coronavirus a eu des conséquences désastreuses sur la vie quotidienne en Israël et provoqué la colère du public israélien. Israël se trouve certainement en pleine seconde vague de corona avec un nombre quotidiennement croissant de nouveaux cas.  L’impact économique de la pandémie et l’absence de réaction du gouvernement ont fait que le taux de chômage a presque doublé en un mois.

En conséquence, ces dernières semaines, des milliers d’Israéliens à travers le pays ont protesté dans les villes et devant la résidence de Netanyahou et exigé sa démission. Les accusations de corruption et le procès imminent contre lui ont également attisé la colère des manifestants.

Provocations guerrières

Netanyahou a donc eu recours aux plus vieilles astuces : incitation à des provocations guerrières, raids aériens, rafles, vol de terres et construction de colonies. Il fait tout pour rester au pouvoir : instigation contre un ennemi – par excellence le Hamas ou l’Iran – et l’utilisation de la peur et du racisme pour démontrer qu’il doit rester au pouvoir.

Cibles habituelles des provocations et de l’alarmisme de Netanyahou 

Les cibles habituelles des provocations et de l’alarmisme de Netanyahou – le Hamas, les Palestiniens des territoires occupés et de Gaza ainsi que récemment les citoyens palestiniens d’Israël – n’ont cependant pas avalé la couleuvre. L’année dernière, Netanyahou a fortement intensifié l’agression israélienne dans la bande de Gaza et en Cisjordanie et a fait campagne contre les Palestiniens pour remporter une victoire électorale décisive mais cela n’a pas fonctionné aussi efficacement que lors des années électorales précédentes. En réponse, Netanyahou est passé à la vitesse supérieure et a intensifié l’agression israélienne en Syrie, espérant maintenir le peuple israélien uni dans la peur de la « menace iranienne ». Cela n’a pas été suffisant non plus et n’a pas fonctionné. Qui sait à quoi nous devons nous attendre maintenant ?

Netanyahou s’est donc tourné vers un ennemi avec lequel il n’avait pas joué depuis longtemps : le Hezbollah. La raison pour laquelle Israël a été si hésitant à attaquer ou même à provoquer le Hezbollah réside dans les leçons qu’il a tirées de ses invasions et attaques au Liban dans les années 1980 et 2006, où l’armée israélienne a subi de lourdes pertes et où son engagement contre le Hezbollah a été au point mort.

Détourner la colère

Par conséquent, Netanyahou a fait attention de ne provoquer le Hezbollah que de façon à ne pas entrainer à un conflit de grande envergure. La frappe aérienne présumée israélienne qui a entrainé la mort d’un combattant du Hezbollah fait le jeu de Netanyahou qui utilisera très probablement l’événement pour détourner la colère du public israélien contre le Hezbollah. https://www.middleeastmonitor.com/20200810-the-politics-of-war-what-is-israels-endgame-in-lebanon-and-syria/

Espérons que la fin de Netanyahou approche !

En déclenchant un conflit, Netanyahou peut atteindre deux buts importants. Tout d’abord il pourra déclarer l’état d’urgence, ce qui lui procurera des pouvoirs étendus et l’immunité contre des poursuites. Netanyahou a déjà déclaré l’état d’urgence à plusieurs reprises pour détourner l’attention des accusations de corruption et d’incompétence. Ainsi « l’Etat juif » se dirige vers les quatrièmes nouvelles élections en un an et demi. Espérons que la fin de Netanyahou approche !

Le même régime de Netanyahou qui a maintenant offert au Liban une aide aussi „généreuse“, avait menacé le pays peu avant la catastrophe de Beyrouth. Le peuple libanais et son gouvernement devraient-ils accepter l’aide de l’État qui menace toujours de détruire ses infrastructures ? D’un État qui a inventé la doctrine Dahiya, une stratégie militaire basée sur la destruction de l’infrastructure civile et permet aux soldats israéliens de la « défense » d’utiliser la force avec une énergie criminelle pour détruire les points nodaux comme les aéroports, les ports, les centrales électriques,  les plaques tournantes et pour faire des bases de l’armée libanaise en temps de guerre des cibles de guerre légitimes. N’oublions pas que cette stratégie meurtrière doit son nom au quartier de Dahiya à Beyrouth qui avait été rasé par Israël en 2006 !

https://www.middleeastmonitor.com/20200807-israel-whitewashes-its-barbarism-through-offering-help-to-lebanon/

Souverain absolu et propriétaire de la Palestine

« L’État juif » a prouvé depuis sa fondation qu’il n’est pas un État qui fournit une aide humanitaire, mais plutôt un État qui provoque des catastrophes humanitaires et laisse derrière lui une terre brûlée. Non, le « peuple élu de Dieu » a déjà prouvé en Palestine qu’il revendique pour lui seul le droit d’être le souverain absolu et le propriétaire de ce pays. La façon dont ils appliquent la politique impitoyable d’occupation et d’expulsion, avec le mur de l’apartheid, la bande de Gaza occupée, les nombreux prisonniers, les maisons détruites, est sans précédent. Qui donc dans cette région croit encore à son empathie feinte et son aide, à part les politiciens et les médias allemands hypocrites ?

« l’État juif » a-t-il jamais été forcé de faire la guerre ?

Pas plus tard que lundi dernier, le vice-premier ministre et ministre de la défense israélien Gantz a déclaré qu’Israël était prêt à entrer en guerre avec le Liban si une guerre lui était  imposée. Quelle perfide ironie – la guerre a-t-elle jamais été imposée à « l’État juif » ? Jamais cette puissance nucléaire dotée d’armements considérables comme Israël n’a été obligée de mener une guerre : au contraire c’était toujours des guerres d’agression après des attaques simulées. De plus, « l’État juif » a toujours été et est toujours champion dans les guerres de propagande (Hasbara), qui ont même présenté le génocide de Gaza comme la légitime défense du „petit Israël“ contre ses voisins hostiles. Cette perfidie réussit constamment grâce au soutien politique et médiatique et là, l’Allemagne est championne ! A l’aide de la « raison d’État allemande ou de publications, on tente d’étayer ces mensonges évidents et de les faire avaler par le citoyen moyen allemand. Mais en dehors des „hypocrites des valeurs“ occidentaux, on sait très bien qui est le véritable agresseur !

« Jour de joie » pour le Feiglin du Mont du Temple

Puis arriva le « don de Dieu » pour Moshe Feiglin, le fondateur d’extrême droite du parti Zehout et ennemi notoire des Arabes. Il s’est réjoui de la terrible explosion au Liban comme un « jour de joie », juste à temps pour la fête du Tou Béav, la fête de l’Amour. Il a dit tout haut ce que d’autres citoyens d’extrême droite de « l’État juif » espéraient seulement et n’annonceraient jamais publiquement qu’Israël serait responsable de l’explosion pour créer de cette façon un « équilibre de la terreur ». Feiglin est même allé jusqu’à dire qu’en refusant d’en assumer la responsabilité, Israël se plaçait du « côté obscur de la morale ». Feiglin, « l’extrémiste du Mont du Temple » est peut-être un cas isolé, mais il n’est certainement pas le seul à penser ainsi.

https://www.middleeastmonitor.com/20200805-ex-israel-mk-declares-lebanon-blast-as-gift-from-god/

A qui profite ce terrible massacre ?

Posons-nous la question : : à qui profite ce terrible massacre, avec actuellement 220 morts, 110 personnes encore portées disparues et plus de 7000 blessés, dont plus de 120 dans un état critique ? Cela n’arrive-t-il pas juste au bon moment pour « l’État juif » ? N’y a-t-il pas eu constamment des menaces de la part de politiciens israéliens contre le Liban, l’Iran et le Hezbollah qui lui est proche ?

Le Liban souffre toujours des conséquences des bombes à fragmentation israéliennes

Outre cette catastrophe qui a frappé le Liban de manière si terrible, le Liban souffre depuis la dernière attaque israélienne jusqu’aujourd’hui des suites des destructions, des bombes à fragmentation et aussi de la misère des réfugiés palestiniens et syriens. Des vols de drones  à « l’étoile de David » violent en permanence l’espace aérien et la souveraineté du pays. Et les sanctions, n’ont-elles pas contribué à la crise financière ? L’élite libanaise – les clans – y ont naturellement aussi participé. Leur rôle douteux dans les relations avec l’Arabie Saoudite ou les services secrets israéliens ne doit pas être sous-estimé.

Quand la communauté internationale sous la direction du président français Macron appelle à la réforme, elle devrait d’abord se demander si ce n’est pas justement la France avec son hypocrisie néo-conservatrice qui, depuis l’époque de son mandat jusqu’à maintenant, a considérablement contribué à la débâcle du Liban.

https://www.middleeastmonitor.com/20200810-france-helping-lebanon-investigate-beirut-port-blasts/

https://www.middleeasteye.net/opinion/lebanon-macron-saviour-search-lost-mandate

Le ministre „à cause d’Auschwitz“ est fidèle à sa réputation

Le ministre des Affaires étrangères Maas qui a qualifié de „déstabilisante“ l’influence du Hezbollah, parti libanais profondément ancré dans la population, est fidèle à sa réputation de ministre « à cause d’Auschwitz », lui qui ne  représente que les intérêts israéliens. Avec l’interdiction du Hezbollah en Allemagne, ce pays a déjà prouvé qu’il était un vassal sioniste et « la voix de son maître en Israël ». N’oublions pas la tentative minable de Maas, en complicité avec les planificateurs du coup d’État américain, de renverser le président élu du Venezuela Maduro et de mettre en place une marionnette américaine, Juan Guaidó, ce qui échoua lamentablement. Il faut espérer que ces puissances extérieures ne réussiront pas.au Liban.

Jusqu’à présent, le régime sioniste n’a pas eu à rendre de comptes

Pourquoi Maas n’essaie-t-il pas plutôt de dissuader ses amis sionistes d’inciter à l’agression contre le Liban ou la Syrie ? Des millions de réfugiés palestiniens vivent depuis des décennies leur triste vie dans des camps épouvantables parce qu’ils ont été expulsés par les Israéliens et qu’on leur refuse le droit au retour. Jusqu’à présent, le régime sioniste n’a pas eu à rendre de comptes pour ses crimes de guerre mais continue d’être activement soutenu dans ses crimes par la soi-disant « communauté occidentale de valeurs ». Maintenant, il y a en plus les réfugiés de guerre de la Syrie au Liban. Alors, à qui profite l’affaiblissement définitif du Liban ? Aux puissances occidentales et, en première ligne à « l’État juif » qui se rapproche de plus en plus de son État souhaité, du Nil à l’Euphrate – grâce à la destruction des pays arabes. « L’alliance occidentale hypocrite » n’a qu’un objectif réel – pour Israël – : déposséder le Hezbollah de son pouvoir en renforçant son influence et « prenant le pouvoir » au Liban, tenir les réfugiés à distance, ne pas laisser de chance à la Chine et renforcer l’influence d’Israël en feignant la pitié et en offrant une aide empoisonnée.

L’accident a-t-il été une attaque israélienne ou américaine ratée ?

L’accident était-il une attaque israélienne ou américaine ratée ? La „grande gueule de Twitter“ a-t-elle cette fois-ci vendu la mèche ? On ne le saura sûrement jamais ou alors par hasard. Lorsque les enquêtes commenceront, après des différends, qu’ils soient internes ou internationaux, divers employés des services secrets, dont il y a suffisamment au Liban, auront sûrement terminé leur travail de dissimulation.

Alors que le président libanais Aoun a exigé qu’une enquête soit libanaise et non internationale, le secrétaire général du Hezbollah Nasrallah a demandé à juste titre aux militaires de mener une enquête transparente sur la façon dont le matériel hautement explosif a été déposé dans le port et a pu sauter.  Nasrallah a confirmé de manière crédible que le Hezbollah n’avait ni d’arsenal, ni de dépôt de missiles, ni de roquettes, de bombes, de fusils, de munition ou de nitrate d’ammonium stockés dans le port.

Entre-temps, on a appris que le gouvernement libanais a présenté sa démission. Nous verrons ce qu’il en adviendra par la suite.

Felix Klein devrait immédiatement quitter son poste (inutile) !

Alors que le Liban sombre dans le misère, la destruction  et le dénuement, le lobby pro-israélien opère en Allemagne avec le « commissaire à l’antisémitisme du gouvernement fédéral » Felix Klein, un homme qui abuse honteusement de son poste (inutile) et devrait le quitter immédiatement, lui qui, avec des manœuvres de diversion, essaie de dénigrer les critiques « libéraux de gauche » d’Israël en tant « qu’antisémites » ! Il suggère de ne pas sous-estimer l’antisémitisme du « milieu libéral de gauche », même si « la droite a un potentiel de violence plus élevé ». Des critiques, des intellectuels et des scientifiques juifs exigent à juste titre sa démission. Cette démission s’impose depuis longtemps car il est , en connivence avec le Conseil central des Juifs et le lobby pro-israélien,  un soutien zélé de « l’État juif », tout à fait dans l’esprit du « faire-valoir » israélien avec provocations, alarmisme et manœuvre de diversion en Allemagne, selon la recette de Netanyahou. L’objectif est de créer un climat de peur, de carrières détruites et de mettre fin à la liberté d’expression. Nous devons empêcher cela !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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