La resistance, Symbole de liberte Evelyn Hecht-Galinski Traduction Christiane Reynaud

La résistance, symbole de liberté

 

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire du 16 janvier 2019

Texte original : https://www.sicht-vom-hochblauen.de/widerstand-als-symbol-der-befreiung-von-evelyn-hecht-galinski/

Traduction : Christiane Reynaud

 

Le 31 janvier, quand le Parlement allemand commémorera le 74ème anniversaire de la  libération d’Auschwitz , il pourrait aussi réfléchir à une nouvelle forme de commémoration par suite de la politique actuelle. Un premier pas serait que le Prof. Saul Friedländer, le conférencier invité cette année, historien né à Prague, dont les parents ont été assassinés à Auschwitz, qui a survécu à l’Holocauste caché en France et qui a émigré en Israël après la fin de la guerre, mette tous les aspects du symbole « Auschwitz et libération » en lumière, d’autant plus qu’une exposition du musée de l’Holocauste des Etats-Unis intitulée « Einige waren Nachbarn » (Quelques uns étaient des voisins) sera inaugurée après la cérémonie commémorative.

 

Parallèles entre le ghetto de Varsovie et Gaza

 

Ne serait-ce pas un geste important si Friedländer osait faire ce qui ne viendrait jamais à l’esprit des politiciens allemands et des amis d’Israël, de comparer le ghetto de Varsovie avec Gaza ou avec l’occupation illégale de la Palestine par les victimes de l’Holocauste et leurs descendants ?

 

2 millions de personnes enfermées dans le camp de concentration de Gaza accusent

 

La lutte désespérée de beaucoup de jeunes Palestiniens contre l’occupation sioniste de leur pays qui dure déjà depuis des décennies n’est-elle pas aussi un symbole de la résistance ? Et pourquoi ceux qui mènent cette lutte inégale et désespérée sont-ils criminalisés alors que la résistance juive est héroïsée ? Ne devrait-on pas lentement en finir avec cette espèce « d’alliance de valeurs judéo-chrétiennes » ? Presque 2 millions d’habitants du camp de concentration de Gaza n’accusent-ils pas, précisément en souvenir d’Auschwitz et du ghetto de Varsovie ?

www.btselem.org/gaza_strip/20181122_over_5800_palestinians_wounded_in_7_months_of_protests?fbclid=IwAR0lX6wRbKJkf8UIuNZMn8kSzIkx2ea9gp3kUjjUycJd0YyHnJBy-ta6U1o

 

Le ghetto de Varsovie n’est-il pas justement le symbole de la résistance juive contre l’occupation allemande il y a 76 ans, le 19 avril 1943 ?

 

A partir de 1940, plus de 380.000 Juifs, dont ma mère, ont dû vivre dans le ghetto de Varsovie des conditions indescriptibles. Le 19 avril 1943, quelques centaines d’entre eux firent face à deux mille occupants allemands plus nombreux et mieux armés. Ils savaient que cette lutte étaient vouée à l’échec et ne pouvait être gagnée, mais ils voulaient résister, debout, l’arme à la main.

 

 

Quand on montrera le 15 janvier sur ARTE et le 22 janvier sur la chaine ARD la première télévisée «  Das Geheimnisarchiv im Warschauer Ghetto » (La vie dans le ghetto de Varsovie – Des archives secrètes lèvent le voile) et qu’on projettera sur grands écrans le film dans plus de 200 endroits dans le monde, entre autres en Australie, au Brésil, au Népal, en Afrique du Sud, aux Etats-Unis et dans plusieurs villes d’Allemagne, il s’agira d’un projet sans pareil.

 

„Je n’ai pas survécu à Auschwitz pour me taire sur une autre injustice.“

 

Et pour moi, la devise de mon père de son vivant après sa libération par l’Armée rouge : „Je n’ai pas survécu à Auschwitz pour garder le silence sur une autre injustice“ a toujours été une motivation de ne pas me taire et de m’engager pour la liberté de la Palestine.

 

Pas au nom de « tous les Juifs »

 

Pour cette raison, je ne comprendrai jamais que des politiciens allemands se taisent devant les crimes que commet « l’État juif » ! En particulier ceux qui parlent constamment d’Auschwitz en tant que symbole de la politique devraient avoir honte. Quel cynisme de fermer les yeux devant la situation dans « l’État juif » et dans les territoires occupés, devant le racisme, l’apartheid, les crimes contre les droits de l’homme et le droit international, tous commis avec la justification du rôle éternel de victimes et d’une infâme instrumentalisation de l’Holocauste et sûrement pas au nom de « tous les Juifs » !

 

« La route de l’apartheid », symbole de racisme

 

Jeudi dernier, une nouvelle route a été inaugurée en Cisjordanie occupée avec un mur de huit mètres de haut qui sépare les habitants juifs et les habitants palestiniens. Cette « route de l’apartheid » relie la colonie juive illégale de Geva, au sud-est de Ramallah à la route 1, une route principale qui traverse la Cisjordanie occupée et conduit à Jérusalem-Est occupée. Les occupants font tout ce qu’ils peuvent pour rendre la vie quotidienne des Palestiniens infernale avec des checkpoints, des contrôles et des humiliations. Il existe déjà des douzaines de routes d’apartheid racistes construites seulement pour les colons juifs. Mais la route 4370 a été la première de son genre à posséder une particularité, à savoir un mur – en béton, surmonté d’une clôture – qui séparent les Palestiniens des Israéliens juifs.  Qu’est-ce, sinon un symbole de racisme et d’apartheid, pire qu’en Afrique du Sud pendant toute la période d’apartheid ! Tout est fait pour cimenter la séparation géographique et l’évolution démographique, pour bâillonner l’économie de la Cisjordanie et miner les perspectives des Palestiniens.  La solution finale de la judaïsation continue d’avancer peu à peu sur le chemin de l’expropriation. Avec la Grande Jérusalem, on veut en arriver à l’annexion de facto des trois grands blocs de colonies limitrophes de la ville de Jérusalem – Goush Etzion au sud, Ma’aleh Adumim/Plan E-1 à l’est et Giv’at Ze’ev au nord -. Tout est fait pour faciliter le libre accès des colons juifs à Jérusalem illégalement occupée et revendiquer ainsi la ville entière comme capitale éternelle et indivisible de « l’État juif ». Les Etats-Unis de Trump ont ouvert la voie en violant le droit international avec le transfert de leur ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem.

www.aljazeera.com/news/2019/01/israel-opens-apartheid-road-occupied-west-bank-190110051605433.html

 

Si ces plans sont mis en application, le sud de la Cisjordanie sera complètement coupé du nord, ce qui rendra un futur État palestinien viable et d’un seul tenant pour toujours impossible, mais conduira au contraire à ce que, de Jérusalem à la limite de Jéricho, tout appartienne au territoire juif. Tous ces plans sont basés sur les idées de l’ancien Premier ministre Ariel Sharon, ce va-t-en-guerre qui est entré dans l’Histoire en tant que « boucher du Liban ».

 

Les visions de Netanyahou : construction du mur et routes d’apartheid

2,8 millions de Palestiniens en Cisjordanie ont été mis devant le fait accompli par 500.000 colons juifs. Ce sont les visions politiques de Netanyahou : la construction du mur et les routes d’apartheid, sur le modèle de son ami américain Trump qui, entre-temps, a pris brutalement en otages une grande partie des fonctionnaires américains et de ceux qui sont désireux de travailler pour imposer la construction de son mur à la frontière du Mexique. Voilà à quoi ressemble le nettoyage ethnique de la Palestine – le ministre allemand des Affaires étrangères, qui est entré en politique « à cause d’Auschwitz », se garde bien d’en parler!

Des appartements sur le site de Deir Yassin

Si, en plus, les plans de construire 2300 logements précisément sur le site du massacre de Deir Yassin sont bientôt réalisés, ce sera une manipulation incroyable et du plus mauvais goût de l’Histoire ! En ce moment, le Fonds national juif (FNJ) se vante de tout ce qu’il fait pour renforcer l’écologie des forêts israéliennes. Cependant, la triste vérité est que le verdissement de l’occupation et de l’expropriation doit servir à tout dissimuler ce qui rappelle l’expulsion des Palestiniens de leur patrie.

L’expropriation illégale de la Palestine par le FNJ

Selon Zochrot, une importante organisation à but non lucratif qui mérite d’être soutenue et qui a pour but de dénoncer et de rappeler les crimes de la Nakba, les forêts n’ont été créées que pour couvrir les ruines de villages palestiniens qui ont été détruits et violemment dépeuplés lors de la Nakba de 1948. Plus de deux tiers des forêts et des sites du Keren Kayemeth LeIsrael (KKL ; ceux qui, dans le cadre du FNJ, collectent des fonds avec le tronc bleu), c.à.d. 46 des 68 forêts, recouvrent les ruines d’anciens villages palestiniens démolis et rasés par « l’État juif ». De cette manière, l’expropriation illégale de la Palestine par le FNJ se poursuit et profite aussi aux grands blocs de colonies illégales en Palestine. Dans ce contexte, il est particulièrement inadmissible que des politiciens allemands, du politicien de la Gauche Bartsch à Steinmeier et Nahles (du SPD) plantent constamment des « forêts allemandes » sur des terres volées !

https://www.jnf-kkl.de/d/spdwald.htm?neuer-spendenanlass-490

http://www.taz.de/!5069433/

En parlant d’Andrea Nahles : l’ancienne « chemise bleue de la Jeunesse socialiste et partisante d’Israël a, une fois de plus, retourné sa veste à la manière du SPD. En novembre dernier, lors d’un discours à Berlin, la cheffe du SPD avait déclaré qu’il était « probable » que l’ancien politicien du SPD Gustav Noske (1868-1946) ait été impliqué dans l’assassinat de Rosa Luxemburg. Mais maintenant, à l’approche du jour anniversaire du meurtre de l’ancienne membre du parti, Nahles refuse d’assumer la responsabilité de l’assassinat de Rosa Luxemburg, cofondatrice de l’ultérieur KPD, malgré l’appel de Klaus Gietinger qui a fait des recherches sur Rosa Luxemburg, et d’autres intellectuels de gauche du SPD. Il n’est donc pas étonnant que les sociaux-démocrates « roses » ne soient pas venus dimanche dernier au cimetière Friedrichsfelde à Berlin pour la cérémonie de souvenir de l’assassinat de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht il y a 100 ans !

Nahles, une antisémite ?

Rosa Luxemburg a été une héroïne, une féministe, une Juive et une martyre de la Révolution allemande de novembre. Nahles est-elle donc, en plus, antisémite si elle décline la responsabilité et la complicité du SPD ?

Des parallèles inquiétants chez le SPD

 

On peut établir des parallèles inquiétants jusqu’aujourd’hui : autrefois, devant la position du SPD en août 1914, Rosa Luxemburg fonda un groupe anti-guerre et resta fidèle à son pacifisme jusqu’à son assassinat, contrairement au SPD favorable à la guerre.

https://www.zeit.de/2014/08/rosa-luxemburg-erster-weltkrieg-pazifismus?print

 

Le SPD a omis jusqu’à présent de rester fidèle à ses principes et de voter contre les armements et les opérations de guerre. Le décret de 1972 excluant de la fonction publique tout membre d’une organisation extrémiste et la double décision de l’OTAN ne sont pas non plus des actes de gloire.

https://www.zeit.de/2013/29/berufsverbote-radikalenerlass-1972/komplettansicht

 

Qui nous a trahis ? Les sociaux-démocrates !

(selon le slogan du NSDAP: Wer hat uns verraten ? Die Sozialdemokraten !)

En tous cas, le SPD ne gagnera pas de voix avec ce genre de politique. « Qui nous a trahis ? Les sociaux-démocrates ! » est un slogan qui est certainement approuvé par un grand nombre d’anciens électeurs. Je voudrais particulièrement recommander la biographie récemment parue de Rosa Luxemburg par Ernst Piper.

https://www.zeit.de/2019/03/kpd-100-jahre-linke-spd

https://www.deutschlandfunkkultur.de/ernst-piper-ueber-seine-neue-rosa-luxemburg-biografie-ihre.2162.de.html?dram:article_id=438175

 

La liberté de « ceux qui pensent autrement » n’était pas respectée en RDA

 

La ex-RDA n’a certainement pas non plus agit dans le sens de Rosa Luxemburg, cette femme dont elle s’arrogeait le monopole. N’est-ce pas Rosa Luxemburg qui réclamait « la liberté de celui qui pense autrement » ? Pas de construction de mur ni de méthodes Stasi. Les citoyens de RDA, comme l’auteur-compositeur Stefan Krawczyk, n’ont-ils pas été mis en prison puis déportés à l’Ouest pour avoir participé le 17 janvier 1988 à une manifestation « Liebknecht-Luxemburg » qui réclamait la liberté pour « ceux qui pensent autrement » ?

https://www.mdr.de/damals/archiv/luxemburg-demonstration100.html

C’était une femme de caractère charismatique, ce qui manque aux politiciens d’aujourd’hui. Heureusement que beaucoup de vrais partisans de gauche aient commémoré son assassinat et celui de Karl Liebknecht et n’ont pas oublié non plus les victimes du stalinisme. Le SPD a raté une fois de plus l’occasion de faire un travail de mémoire ce qui l’associe malheureusement à « l’État juif » qui ne veut rien avoir à faire avec l’histoire de la Nakba, à part sa propre mémoire de l’Holocauste. Dans ces circonstances, je plaide pour une cérémonie en souvenir de la Nakba au Parlement allemand : cette catastrophe fut une conséquence de l’Holocauste et de la création de « l’État juif » sur le dos des Palestiniens. Comme orateur du souvenir, on pourrait envisager l’historien israélien Ilan Pappé, auteur de nombreux ouvrages déterminants sur ce sujet.

N’oublions donc jamais la résistance comme symbole de libération.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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