Quand le mensonge, l’agression et l’occupation font partie de la raison d’État de l’Allemagne Evelyn Hecht-Galinski Traduction : Christiane Reynaud

Quand le mensonge, l’agression et l’occupation font partie de la raison d’État de l’Allemagne

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire du 27 octobre 2021

Texte original : https://www.sicht-vom-hochblauen.de/wenn-luegen-aggressionen-und-besatzung-zur-deutschen-staatsraeson-gehoeren-von-evelyn-hecht-galinski/

Traduction : Christiane Reynaud

 

Une évolution dangereuse est dans l’air et se rapproche du but. En ces temps d’ennemis déclarés, A. Kramp-Karrenbauer (AKK), une ministre « de la guerre » allemande menace vraiment la Russie de se servir de la « dissuasion » avec toutes les conséquences des stratégies de l’OTAN, qui n’excluent pas les armes nucléaires. Je n’en ai pas cru mes oreilles quand j’ai entendu ces mots le matin du 21 octobre 2021 dans l’interview d’AKK par l’émetteur radio Deutschlandfunk. 76 ans seulement après la fin de la guerre d’agression allemande, avec 27 millions de morts, contre la Russie, un pays auquel nous avons infligé de grandes souffrances, comme le terrible blocus et la famine de Leningrad, un pays où presque toutes les familles russes, y compris celle du président Poutine, ont été touchées, une ministre défaillante sur toute la ligne et qui, heureusement, quittera bientôt son poste, a l’audace de menacer de ne pas, au besoin, exclure une guerre nucléaire. Et ce, envers un pays qui a libéré Auschwitz et auquel nous dévons tant !

https://www.deutschlandfunk.de/nato-strategie-kramp-karrenbauer-cdu-russland-ist-eine.694.de.html?dram:article_id=504531

 

L’Allemagne sur une voie dangereuse

Entre-temps, l’Allemagne s’est engagée dans une voie très dangereuse où elle suit les directives de l’OTAN et des États-Unis et cherche – et trouve – des ennemis déclarés. Nos « médias dominants » jouent un grand rôle dans cette dangereuse évolution et s’emploient vraiment méticuleusement à ancrer ces images d’ennemis dans nos têtes par des lavages de cerveaux. C’est avec un zèle presque missionnaire qu’ils tentent d’empêcher tout doute et encore plus toute critique à cette démarche. Quiconque ose quand même s’y opposer devient un paria.

Quand il s’agit de la Chine, de la Russie ou de la Turquie, on ne recule pas devant des mensonges flagrants et de fausses nouvelles qui nous suggèrent que nous avons affaire à des pays dangereux. Pendant ce temps, le régime terroriste sioniste, truffé d’armes nucléaires, se prémunit déjà « contre un coup dur » et s’entraine à une éventuelle attaque contre l’Iran et ses soi-disant installations nucléaires – mais prend encore le temps de construire des colonies illégales pour les colons juifs terroristes.

Prenons actuellement la Russie et le gazoduc Nord Stream 2 qui, d’après les Verts, doit être empêché par tous les moyens : avec ce genre de politique de confrontation des Verts et un ministre des Affaires étrangères Vert, nous nous sommes déjà retrouvés une fois dans une guerre contraire au droit international.

 

Pourquoi s’immiscer dans le système juridique de la Turquie?

Prenons l’exemple actuel de la Turquie. Quelle hypocrisie que de s’indigner contre l’annonce plus que compréhensible du président turc Erdoğan, de réagir à la provocation commune des dix hauts diplomates des États-Unis, du Canada, de la Finlande, de la France, de l’Allemagne, des Pays-Bas, de la Nouvelle-Zélande, de la Norvège et de la Suède, dans laquelle ils exigent la « libération d’urgence » d’Osman Kavala, le « philanthrope » emprisonné depuis quatre ans. Celui-ci est accusé de financer des manifestations à travers le pays depuis 2013 et d’avoir participé à la tentative échouée du coup d’État en 2016. Après tout, de nombreux citoyens turcs avaient été tués et plus de 1 400 blessés. On attend le verdict du procès qui aura lieu le mois prochain.

Et ce sont justement des pays comme les États-Unis qui ne songent jusqu’à présent pas à fermer leur centre de détention de Guantanamo à Cuba, contraire aux droits de l’homme, qui s’ingèrent. Là-bas, des prisonniers sont toujours derrière les barreaux depuis presque 20 ans, sans inculpation, et on leur refuse tout droit et même un procès équitable. Dans leur « guerre mondiale contre le terrorisme », les États-Unis ne respectent pas non plus l’espace aérien européen et utilisent les pays européens pour des enlèvements et des tortures, pour des camps clandestins, pendant que les Européens ferment les yeux et se taisent. Tout cela fait partie, semble-t-il, des « valeurs occidentales » tant prisées.

Alors pourquoi s’immiscer dans le système juridique de la Turquie, le pays qui, sous Erdoğan,  a fait preuve de tant d’empathie et accueilli généreusement les réfugiés ? Où en seraient les pays avec ces diplomates « courageux » sans la Turquie ? Pourquoi refuse-t-on précisément à la Turquie l’adhésion promise à l’Union européenne avec toujours de nouvelles exigences et de nouvelles réserves ? La Turquie est également l’un des rares États à s’engager pour la liberté de la Palestine ? Elle est, entre-temps, devenue l’un des acteurs les plus importants au Qatar, en Somalie et en Afghanistan. Les partenaires et signataires de l’OTAN semblent avoir oublié tout cela en agissant de manière aussi imprévoyante et hypocrite. Ce « mobbing en groupe » n’est pas courageux, mais montre seulement qu’ils essaient de faire à la Turquie ce qu’ils ne se permettraient jamais de faire à d’autres partenaires.

Entre-temps, l’affaire est rentrée dans l’ordre dans la mesure où les ambassadeurs ont assuré qu’ils se conformeront aux pratiques diplomatiques et ils ont exprimé leur attachement à l’article 41 de la Convention de Vienne en se comportant à l’avenir plus prudemment et en respectant la souveraineté de la Turquie et ses lois. Erdoğan se montra satisfait de cette marche arrière et cette concession et ne tolérera à l’avenir plus d’ingérence dans sa justice. L’affaire est réglée pour le moment.

 

Pourquoi s’ingérer dans les affaires turques mais pas dans les affaires israéliennes ?

Pourquoi donc l’Europe, les États-Unis, le Canada et même la Nouvelle-Zélande s’ingèrent-ils dans cette affaire ? Se sont-ils ingérés une seule fois quand il s’est agi par exemple d’Israël, de l’Égypte ou de l’Arabie Saoudite ? Ils ont fermé les yeux quand des milliers d’opposants égyptiens ou de Frères musulmans ont tout simplement disparu après des simulacres de procès ou des raids de police arbitraires. Ni les décapitations publiques en Arabie Saoudite, ni même les tortures d’enfants dans « l’État juif » n’ont fait l’objet de protestations de la part de ces diplomates occidentaux, ne parlons pas de tentatives d’exiger des libérations.

Qu’en est-il de Mohammed El-Halabi, le chef du programme régional de World Vision, une organisation humanitaire chrétienne mondiale ? Il a été enlevé en juin 2016 entre Jérusalem et Gaza par des bandes de casseurs de « l’armée de défense » juive et est détenu depuis, sans procès. Il n’a eu droit que récemment à un avocat, mais on a refusé à celui-ci systématiquement l’accès aux témoins ou la consultation des preuves. La plupart des audiences se sont déroulées à huis clos. Les soi-disant « preuves » ont en réalité été produites par le Shin Bet, le service israélien de sécurité intérieure.

 

Pourquoi fermer les yeux sur l’apartheid raciste d’Israël ?

Avec un tel système juridique et judiciaire, peut-on encore parler de démocratie et exiger le « droit à l’existence », alors que les Palestiniens de Cisjordanie occupée sont jugés par des tribunaux militaires où le taux de condamnation est de 99,7%, un taux que seules les dictatures et leurs juridictions présentent ? En effet, la majorité des Palestiniens sont jugés et condamnés par des tribunaux militaires israéliens, ou pire, directement tués ou exécutés « extrajudiciairement », alors que les Israéliens juifs sont jugés par des tribunaux civils, si tant est qu’ils le soient, et peuvent compter sur des peines clémentes. Si cela n’est pas de l’apartheid raciste !

La guerre de diffamation contre l’organisation World Vision, qui est particulièrement engagée dans des programmes d’aide humanitaire dans la bande de Gaza, se poursuit sans la moindre contestation de la part de « l’Occident des valeurs ». Rien ne doit déranger la puissance occupante, rien ne doit devenir public lorsqu’elle commet ses crimes. Il en va d’ailleurs de même pour le nouveau cas d’arbitraire sioniste. Le nouveau « régime de terrorisme d’État » sioniste et l’ordre émis par le « ministre de la guerre » Gantz ont classé six des plus importantes organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme comme „organisations terroristes“, liées au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), qui est classé comme „groupe terroriste“ par Israël, les États-Unis et l’Union européenne.

Plus qu’à juste titre, le Comité israélien contre les démolitions de maisons (ICAHD) sous la direction de Jeff Halper déclare : « Ce n’est pas sans une certaine ironie qu’un État qui utilise régulièrement le terrorisme contre une population civile retenue en captivité, privée de ses droits humains et civils, privée de sa terre et de sa vie, victime d’une politique implacable de démolitions de maisons, qualifie de « terroriste » une partie légitime d’un mouvement de libération.“ (2)(3)

https://www.icahd.de/icahd-verurteilt-israelische-bezeichnung-von-palaestinensischen-menschenrechtsorganisationen-als-terroristische-gruppen/

https://www.aljazeera.com/news/2021/10/23/palestinian-ngos-designated-as-terrorist-call-for-support

 

On ne doit pas garder les crimes d’Israël sous silence

On ne doit pas réduire les groupes palestiniens de défense des droits de l’homme au silence tant que dureront l’occupation illégale et ses crimes. Ils ne doivent pas l’être non plus par l’Autorité palestinienne et le président Abbas à qui ces organisations palestiniennes de défense de droits de l’homme sont une épine dans le pied.

Alors, qui défend et protège les organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme qui sont attaquées par le régime sioniste qui s’est depuis longtemps éloigné du droit international et de l’État de droit international ? En tout cas, pas les diplomates occidentaux « des valeurs » qui ne protestent pas non plus haut et fort contre cette injustice criante !

Où sont-ils donc ces hauts diplomates « courageux et de valeurs occidentales » quand il s’agit des forces d’occupation sionistes qui ont arrêté plus de 1 300 Palestiniens au cours des trois derniers mois seulement, selon un rapport de groupes palestiniens de défense des droits de l’homme tels que Addameer et Wadi Al Hilwah, et autres. Ce rapport couvre la période entre juillet et septembre et révèle que 525 arrestations ont été effectuées dans la seule ville de Jérusalem. Parmi les personnes arrêtées se trouvent aussi 160 enfants et 37 femmes. Selon le rapport, cela portait à 4 600 le nombre total de prisonniers palestiniens en détention arbitraire par Israël en septembre, dont encore 35 femmes, 200 enfants et 500 personnes en détention administrative dans accusation ni procès.

 

Il est grand temps pour une raison d’État en faveur de la lutte palestinienne pour l’autodétermination

Qui s’engage  pour les Palestiniens à qui des années de leur vie sont volées par « l’État juif », ce projet sioniste raciste inhumain, cette colonie de colons juifs européens établie au cœur du monde arabe, qui est entièrement protégée par la raison d’État de l’Allemagne ? C’est unique au monde car il n’existe aucun autre État dont la raison d’État du gouvernement est la sécurité d’un autre pays. Pas même l’allié le plus important, les Etats-Unis, n’a déclaré cette monstruosité de « raison d’Etat pour la sécurité d’Israël ». Il faut espérer qu’après le départ de la Chancelière Merkel, cette clause inqualifiable qui ne représente ni une notion juridique écrite ni une preuve de compréhension de la démocratie, disparaitra aussi. Mais malheureusement, il ne faut pas y compter avec cette nouvelle coalition « feu tricolore » dont le « pilier central » est l’alliance transatlantique et l’OTAN. Ul serait grand temps pour une raison d’État en faveur de la lutte palestinienne pour l’autodétermination, la justice et la dignité dans une Palestine libérée des chaînes de la domination coloniale.

 

 

 

Hinterlasse jetzt einen Kommentar

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.


*