Quand notre silence nous rend coupables Evelyn Hecht-Galinski Traduction Chrisitane Reynaud

Quand notre silence nous rend coupables

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire du 7 février 2018

Texte original : https://www.sicht-vom-hochblauen.de/wenn-schweigen-zur-schuld-wird-von-evelyn-hecht-galinski/

Traduction : Christiane Reynaud

 

Ce lundi, il y avait 28 ans, deux mois et deux jours que le Mur de Berlin est tombé, exactement la durée pendant laquelle il avait été en place. Quand verrons-nous la chute du Mur de l’apartheid qui a été construit en 2003 en Palestine ? Ce mur qui se dresse comme nul autre symbole de l’occupation et de l’oppression avec ses huit mètres de haut – deux fois plus haut que le mur de Berlin – sépare les villages et les familles, a détruit des milliers d’oliviers, de champs et l’infrastructure et démontre aux Palestiniens leur impuissance et l’humiliation à laquelle ils sont soumis par ces représailles.

 

Ahed Tamimi, qui, si jeune, s’est déjà rebellée contre l’occupation illégale de son pays et va maintenant payer cher sa gifle à un « soldat juif de la défense » devrait nous servir d’exemple à tous. Je suis heureuse d’apprendre qu’elle a même reçu en prison où elle doit s’attendre à une lourde peine, des vœux pour son 17ème anniversaire de la part de jeunes citoyens juifs américains. Pourquoi n’entend-on pas la voix de jeunes juifs en Allemagne ? Parce que le lavage de cerveaux du lobby israélien est si efficace ici ?

 

Les soldats juifs sont des assassins d’enfants sans scrupule.

Comme c’est facile de comprendre la résistance désespérée des enfants et des adolescents qui lancent des pierres : il ne leur reste que cette tentative désespérée pour résister contre l’occupation illégale. Combien d’enfants et d’adolescents ont-ils payé cette tentative de leur vie ? Oui, les soldats juifs sont des assassins d’enfants sans scrupule qui n’hésitent pas à tuer les enfants d’une balle dans la tête. Ces derniers temps, les morts d’enfants et d’adolescents se multiplient particulièrement. La deshumanisation de l’occupation gagne de plus en plus de terrain.

 

Ce sont justement ces enfants qui ne connaissent rien d’autre que la destruction brutale, l’occupation et l’humiliation, qui méritent que nous les aidions. Quel doit être le désespoir des plus de 6000 enfants qui se sont rassemblés dimanche à Gaza pour exiger de la communauté internationale qu’elle s’engage pour mettre enfin fin à des décennies d’occupation et de blocus israéliens ! Ces enfants n’ont-ils pas le droit de vivre une vie décente comme les autres enfants? Ces enfants qui ne connaissent que la mort et l’occupation – oubliés par la communauté internationale ! Toute la communauté internationale est complice de l’occupation israélienne parce qu’elle se tait et que de nombreux pays, dont l’Égypte et les Etats-Unis, soutiennent activement ce siège. Mais, même l’Autorité palestinienne sous Abbas joue un mauvais rôle dans ce contexte et essaie de prendre le contrôle de Gaza.

 

L’UNO qui gère 700 écoles pour les enfants palestiniens a de plus en plus de difficultés pour gérer son office de secours UNRWA, surtout depuis janvier, depuis que les Etats-Unis retiennent 65 millions de dollars américains parce qu’ils lui reprochent de prendre parti unilatéralement pour les Palestiniens. De cette façon, l’enseignement pour 520.000 enfants est menacé.

 

Le droit à une vie digne

 

C’est précisément l’intention des occupants juifs de refuser l’éducation aux jeunes Palestiniens, car les élèves palestiniens sont considérés comme particulièrement intelligents et avides d’apprendre – ce qui est plus que compréhensible, car ils espèrent pouvoir échapper à la désolation de cette vie sous occupation. Tous ces enfants ont droit à une vie digne et c’est justement à nous de les soutenir.

 

Les camps de réfugiés surpeuplés qui, aujourd’hui encore, abritent les victimes de la Nakba et leurs descendants devraient nous rappeler que nous partageons une grande culpabilité dans cette situation parce que nous soutenons « l’État juif » qui, jusqu’à maintenant, refuse aux Palestiniens leur droit légal au retour.

 

Nous assistons actuellement à l’expulsion par le régime de Netanyahou d’environ 38.000 réfugiés africains – des infiltrés, comme les appelle Netanyahou -. On appliquera maintenant la « loi contre les intrus » adoptée en décembre en expulsant les « intrus » vers le Rwanda avec lequel Netanyahou vient de signer un accord en tant que pays tiers « sûr ». Les Africains pourront choisir entre une prime de sortie de 3.500 $ et l’expulsion, ou être mis en prison. Pratiquement aucun réfugié ne veut accepter cette offre « généreuse » car leurs compatriotes  les mettent en garde contre un départ vers un avenir dangereux. Quelques réfugiés sont entre-temps arrivés par voies détournées en Allemagne  et parlent des conditions inhumaines dans « l’État juif ». Alors que plus de la moitié de la population juive soutient cette „loi contre les intrus », une résistance se forme. Des anciens ambassadeurs, des écrivains, des médecins, des intellectuels et des survivants de la Shoah  rappellent ce que signifie être réfugié. Des pilotes de la compagnie aérienne EL AL ont refusé de transporter des passagers qui devaient être expulsés. Des sponsors étatsuniens importants veulent suspendre leurs dons à « l’État juif » car ils ont honte de ce comportement. Gideon Levy du journal Haaretz écrit que ce sont aujourd’hui des réfugiés noirs et demain peut-être le tour de députés palestiniens de la Knesset.

http://tlaxcala-int.org/article.asp?reference=22571

 

Les politiciens croient-ils en leurs propres paroles ?

 

Combien de temps la politique veut-elle encore nous faire croire que la politique d’occupation de « l’État juif » est une politique de paix qui n’agit que par « légitime défense » et qui est récompensée par une raison d’État pour la sécurité d’Israël? Les politiciens croient-ils vraiment en leurs propres paroles ?

 

Mais ce qui devrait surtout nous inquiéter en Allemagne c’est la nouvelle alliance du parti « Alternative pour l’Allemagne » AfD avec les représentants juifs et israéliens que rien ne soude plus que leur ennemi commun, les Musulmans et l’islam. Ce n’est pas l’antisémitisme comme le répète sans cesse la propagande et qu’on attribue dernièrement aux Musulmans et aux réfugiés musulmans pour masquer la propre défaillance contre les extrémistes de droite. Ce ne sont pas les Musulmans qui sont « nos » ennemis mais les ennemis de l’islam et leurs sympathisants. Dans un pays qui, 72 après la fin de la guerre et de la dictature nazie, cherche un exutoire pour sa xénophobie, toutes les sonnettes d’alarme devraient retentir quand les Musulmans deviennent les nouveaux boucs émissaires. Ces groupements veulent « nettoyer » l’Allemagne des Musulmans. Quand les responsables juifs n’hésitent pas à engendrer de l’islamophobie pour détourner l’attention des crimes de « l’État juif », que les politiciens allemands se mettent au diapason, font la louange des sionistes et dénigrent les Musulmans, cela devient dangereux.

 

Quand l’ancien président-pasteur Gauck se dit effrayé par le « multiculturalisme », dénonce l’antisémitisme de beaucoup de pays islamiques ou défend les critiques de l’islam qualifiés de racistes et d’ennemis des Musulmans, je me demande si Gauck n’a pas été rattrapé par son passé de RDA ? N’en avons-nous pas marre d’être menés par le bout du nez, en général, mais surtout quand il s’agit de « l’État juif » et de nos relations « particulières » ?

 

Comment peut-on entretenir des relations « particulières » avec un État qui pratique une politique d’occupation qui n’a pas son pareil dans le monde ? Les politiciens allemands de tous les partis politiques croient-ils vraiment que nous, citoyens allemands, sommes d’accord soutenir volontairement cette politique? Avons-nous jamais pu nous prononcer sur cette question ? Le résultat révèlerait sans aucun doute que nous ne sommes pas prêts à soutenir cette politique partiale, non parce que nous sommes « antisémites » mais parce que la politique de « l’État juif » ne doit pas être soutenue – pas non plus par l’argent des contribuables -.

 

600.000 colons juifs sur les terres volées

 

« L’État Juif », stimulé par Trump, a encore légalisé des avant-postes de colonies alors que du point de vue international, TOUTES les colonies où déjà plus de 600.000 colons vivent sur des terres volées, sont illégales.

 

Pour le moment, on ne parle pas encore de déplacer l’ambassade d’Allemagne à Jérusalem malgré la pression du président du Conseil central des juifs Schuster et du « Juif au casque d’acier » Wolffsohn. L’Allemagne résiste encore à cette politique de Trump et ne prévoit le déménagement que vers une Jérusalem capitale de deux États. Mais il est permis de se demander combien de temps l’UE restera unie dans cette politique ? Cette discorde à l’intérieur de l’UE devrait vraiment nous inquiéter.

 

Le ministre des Affaires Étrangères Gabriel, lors de sa visite dans « l’État juif » et de son discours à la 11ème conférence annuelle de l’institut national d’études de sécurité a demandé « Quelle stratégie a Israël ? ». Il aurait pu se dispenser de poser cette question car les politiciens allemands devraient connaître cette stratégie, à savoir les pleins pouvoirs sur la Palestine, par tous les moyens.

 

La solution à deux États, la résolution pacifique, quels mots dépourvus de sens depuis que le conflit palestinien existe ! Depuis 1948 se poursuit résolument la judaïsation en tant que raison d’État et en tant que nettoyage ethnique de la Palestine. Depuis le début, l’Allemagne surtout, mais aussi d’autres États sont fortement impliqués dans cette évolution qui se poursuit depuis 70 ans.

 

Gabriel, le chien battu

 

Un ministre des Affaires Étrangères allemand doit être bien naïf de louer Netanyahou pour l‘avoir assuré qu’il s’en tiendrait à la « solution à deux États » ? Mais lorsque le Ministre des Affaires Étrangères rétorqua que les questions du contrôle des frontières doivent encore être résolues, Netanyahou l’a tout de suite interrompu sans égards et expliqua comment il s’imaginait « la solution à deux États » à savoir qu’il garderait le contrôle total de la sécurité, donc un « État palestinien » démilitarisé au bon plaisir d’Israël. Gabriel avait l’air d’un chien battu devant Netanyahou, bien que cela ait été naturellement rapporté autrement.

 

Le ministre des Affaires Étrangères Gabriel est très bien informé et a également trouvé à plusieurs reprises les bonnes approches critiques. Mais maintenant il fait une courte « visite de convention » chez Netanyahou après n’avoir pas été reçu au printemps dernier par « le roi Bibi » comme punition pour une visite à des organisations critiques contre le gouvernement. Les différends comme le conflit avec l’Iran qui divise l’Europe, les Etats-Unis et Israël n’ont pas été résolus.

 

Là aussi, Gabriel a détendu un peu la situation avec Netanyahou et Trump en déclarant que l’Allemagne avait aussi un problème avec l’Iran et avec son rôle au Yémen et au Liban. N’avons-nous pas plutôt un problème avec « l’État juif » et sa politique de guerre croissante, lui qui a déjà menacé ouvertement d’attaquer l’Iran et maintenant le Liban ? Jusqu’à présent, seul le président russe Poutine a pu empêcher le régime de Netanyahou d’attaquer le Liban. Ne serait-ce pas la tâche de l’Allemagne de jouer ce rôle en raison de la relation « particulière“?

 

Cependant, il faut se demander pourquoi Gabriel s’est autant investi dans l’affaire des sous-marins et de leur livraison, alors qu’en fait elles étaient gelées à cause du scandale de corruption ? D’ailleurs, Netanyahou a remercié personnellement Gabriel par téléphone pour son engagement. Il faut donc se poser la question si Gabriel a déjà des projets pour l’avenir si ça ne marche pas avec un poste de ministre dans la prochaine grande coalition, ce à quoi on peut s’attendre.

 

Peut-on s’attendre à un changement de cette politique de la part d’une nouvelle édition de la grande coalition ? Probablement pas avec ces protagonistes, la « chrétienne sioniste » Merkel et le chef du parti social-démocrate Schulz qui, dans la campagne électorale, a déjà reproché  un antisémitisme « profondément enraciné » aux jeunes Palestiniens.

 

En tant que partisans d’une Palestine libre, nous n’avons que la possibilité d’informer sans relâche sur les crimes de l’occupation dans « l’État juif », de nous défendre contre toutes les tentatives de nous réduire au silence et de soutenir le mouvement BDS. Quand le silence devient une faute, nous ne devons pas nous rendre coupables.

 

 

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