Une photo fait le tour du monde! Evelyn Hecht-Galinski Traduction Christiane Reynaud

Une photo fait le tour du monde !

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire du 10 janvier 2018

Texte original : https://www.sicht-vom-hochblauen.de/ein-bild-geht-um-die-welt-von-evelyn-hecht-galinski/

Traduction : Christiane Reynaud

 

On est apparemment habitué à des photos cruelles qui montrent des enfants pris dans la tourmente de la guerre, victimes de la misère et de la faim. Il s’agit d’enfants du Yémen, de Syrie ou d’Afrique, photos qui servent à collecter des dons. Mais ce qui est frappant, c’est que des photos d’enfants palestiniens sous l’occupation juive ne sont pratiquement jamais montrées, et pour eux on ne fait jamais appel à des dons.

 

Après les images horribles de l’orgie de violence israélienne « Bordure protectrice » de Gaza qui dura 50 jours en 2014 et au cours de laquelle 480 enfants furent tués et des milliers blessés – des centaines d’entre eux si gravement qu’ils resteront handicapés à vie – parmi les 2.205 Palestiniens assassinés, ces photos ont disparu  des gros titres. Sans parler des innombrables orphelins et semi-orphelins !

 

Bien que, tragiquement, la bande de Gaza détruite soit sur le point d’être devenue inhabitable comme on l’avait prédit et que la reconstruction promise par la « communauté de valeurs » n’ait jusqu’à présent pas eu lieu, que l’accès aux soins médicaux urgents soit désastreux et que l’éducation reste soumise au blocus israélien et à l’arbitraire, très peu de médias y consacrent plus d’une ligne.

 

L’incarcération militaire est une réalité pour les enfants palestiniens où ils sont soumis sans aucune protection à la violence physique et psychique. Le respect des droits de l’enfant lors des interrogatoires n’existe pas pour la juridiction militaire israélienne dans les territoires palestiniens illégalement occupés ; les enfants arrêtés pour avoir lancé des pierres sont sans défense à la merci de la puissance occupante et peuvent compter sur des peines maximales allant jusqu’à 20 ans pour leur résistance.

 

Les « soldats juifs de la défense » sévissent sans égards contre les enfants palestiniens qui ne luttent que pour leur liberté. Le politique d’occupation honteuse ne recule même pas devant les punitions collectives contre les enfants et les applique avec brutalité. Ils utilisent aussi des chiens, de préférence des bergers allemands, pour menacer les enfants apeurés. Cela me rappelle ce que mon père racontait des camps de concentration où on utilisait des méthodes cruelles semblables contre les prisonniers juifs effrayés.

 

Alors que les colons judaïstes sont protégés par les « soldats juifs de la défense », les enfants palestiniens sont exposés sans défense à la violence des colons. Chaque autorisation de construire de nouvelles unités de logements pour les colons aggrave cette situation.

 

La violence, l’intimidation et l’humiliation dans la Palestine illégalement occupée sont quotidiennes et sont acceptées presque sans critique par la „communauté de valeurs“ hypocrite. Même les révélations de militants du mouvement « Breaking the silence » qui devraient alarmer tout le monde, restent jusqu’à présent sans conséquences.

 

La systématique avec laquelle les enfants palestiniens sont livrés à l’incarcération arbitraire est effrayante. Elle ne recule même pas devant les mineurs. Selon le politicien palestinien Moustafa Barghouti, 12 000 enfants palestiniens âgés de 12 à 17 ans ont été arrêtés par les forces de sécurité juives depuis 2000, principalement pour des délits anodins tels que les jets de pierres. Le nombre a augmenté massivement jusqu‘ à ce jour.

 

Des organisations de protection de l’enfance telles que la DCIP (Defence for Children International-Palestine) ont publié des études prouvant que les droits des enfants, comme l’information sur leurs droits après leur arrestation et leur interrogatoire ou la présence de leurs parents et de leurs avocats, ne sont pas respectés.

 

Bien que, selon la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, chaque enfant ait droit à une visite de sa famille, ce droit est refusé pendant des semaines aux jeunes Palestiniens incarcérés. Le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance UNICEF qui, en 2013, avait déjà dénoncé le « mauvais traitement » des enfants comme « un phénomène généralisé, systématique et institutionnalisé », a ajouté un constat accablant : « Dans aucun autre pays au monde les enfants sont systématiquement traduits devant des tribunaux militaires ». L’organisation B’Tselem a également dénoncé la pratique des deux poids, deux mesures en ce qui concerne le traitement des enfants israéliens juifs et des enfants palestiniens. Les enfants israéliens ne sont pas condamnés à la prison.

 

Cette discrimination raciste est particulièrement évidente en Cisjordanie illégalement occupée où deux systèmes juridiques parallèles coexistent : alors que le droit civil israélien vaut pour les colons et les occupants judaïstes, les Palestiniens occupés sont jugés selon la juridiction militaire. Selon le droit civil israélien, les enfants sont pénalement majeurs à partir de 14 ans, d’après la juridiction militaire (pour les Palestiniens), ils le sont à partir de 12 ans. Alors qu’un jeune Israélien est considéré comme adulte devant le tribunal civil à l’âge de 18 ans, un Palestinien devant le tribunal militaire l’est à l’âge de 16 ans. Bienvenue dans « l’État d’apartheid juif »!

 

Les organisations de défense des droits de l’homme ont régulièrement critiqué le traitement et la traumatisation des enfants et des adolescents parce que les arrestations ont lieu le plus souvent dans la nuit quand des hordes de « soldats juifs de la défense » encerclent les maisons, les prennent d’assaut pour arrêter le soi-disant lanceur de pierres sans que les parents ne soient autorisés à accompagner le jeune.

 

Ils ne reculent pas non plus devant la destruction de biens palestiniens et dans 20 % des cas ils utilisent la violence. Comme des avocats palestiniens le signalent régulièrement, les aveux sont obtenus à l’aide de chantages pendant l’interrogatoire où, dans certains cas, on ne recule pas devant la menace de violence sexuelle. Avec cette menace, les agents de sécurité israéliens ont la partie facile pour obtenir des aveux. Après jusqu’à six mois de détention préventive selon la juridiction militaire, les enfants et les adolescents apeurés, en plus sans défense juridique, avouent presque n’importe quel crime.

 

La présomption d’innocence ne s’applique pas aux Palestiniens et la libération sous caution est presque toujours refusée. Les enfants restent traumatisés. « L’État Juif » a bien signé la Convention relative aux droits de l’enfant mais elle ne s’applique qu’aux enfants israéliens juifs tandis que les enfants palestiniens sont livrés sans défense à la puissance d’occupation.

 

Dès le berceau, les enfants palestiniens ne connaissent rien d’autre que la cruauté de la vie quotidienne sous occupation avec les postes de contrôle, les chicanes, l’arbitraire, l’humiliation. Quand ils se défendent avec des pierres contre la confiscation de biens palestiniens, de terres et de maisons de leurs familles, ils sont jetés en prison.

 

Actuellement, une photo fait le tour du monde, celle d’Ahed Tamimi, une très belle jeune palestinienne, qui tient tête au symbole hideux de l’injustice, un « soldat de la défense » israélien, et lui fait front avec une gifle. Ahed Tamimi vient d’une famille palestinienne connue, active dans la résistance contre l’occupation: parents, oncle et tante arrêtés, un autre oncle a été abattu, et un cousin est dans le coma avec une balle dans la tête, ce qui a probablement déclenché les actions actuelles de résistance. . Cependant, elles ont commencé en 2009, lorsque les habitants du village palestinien de Nabi Saleh ont protesté contre le vol de terres et de sources pour l’expansion illégale de la colonie juive de Halamish.

 

La couverture « équilibrée » des médias allemands, cette famille héroïque avec sa résistance inébranlable contre l’occupation juive illégale ne peut pas être prise au sérieux. Ahed Tamimi giflant le soldat est le pur symbole de la résistance qui ne peut pas être souillé ni par les médias ni par les politiciens israéliens d’extrême-droite.

 

Cette fille courageuse que les larbins de l’occupation ont arrachée la nuit de son lit après la gifle, qui a été emmenée comme une criminelle et emprisonnée jusqu’aujourd’hui, va maintenant être inculpée devant un tribunal militaire. Alors que le Ministre de la guerre Liebermann écume de rage et lui souhaite, ainsi qu’à ses parents et son « milieu » toutes les peines possibles, le fin Ministre de l’Éducation sans éducation Bennett lui souhaite de « finir sa vie en prison »…N’est-il pas un drôle d’État de droit, cet État d’occupation ?

 

Je recommande à ce sujet le commentaire de Harriet Sherwood dans le Guardian, aussi en contraste avec la couverture médiatique allemande.

https://www.theguardian.com/commentisfree/2018/jan/02/ahed-tamimi-israel-occupation-palestinian-trauma

 

Il en va de même pour l’assassinat de l’handicapé en fauteuil roulant, Ibrahim Abou Thouraya, qui avait perdu ses deux jambes en 2008 lors d’un raid aérien d’un « bombardier juif à l’étoile de David » et qui a été abattu en décembre, lors de protestations dans la bande de Gaza, par des « soldats de défense juifs ». La réaction méprisante et lapidaire de l’armée à l’enquête a été la suivante : « On ne peut constater aucune faute morale ou professionnelle ».

La photo a fait le tour du monde, comme celle d’Ahed Tamimi en tant que symbole de l’héroïsme palestinien contre l’occupation et le nettoyage ethnique de la Palestine.

 

Je voudrais savoir combien de temps il faudra encore au gouvernement allemand ainsi qu’à l’UE pour réagir enfin aux crimes contre le droit international et les droits de l’homme

de la soi-disant « unique » démocratie au Proche-Orient, commis par l’armée soi-disant « la plus morale » de toutes les armées, et pour qu’ils prennent position – comme il se doit – contre ces crimes israéliens.

 

Stimulé par la décision de Trump au sujet de Jérusalem, le régime de Netanyahou annonce chaque jour de nouvelles violations du droit international et des droits de l’homme, comme la construction de milliers d’unités de logement dans les colonies, la suppression de l’organisation caritative pour la Palestine, cela va de pair avec Trump, ainsi que l’interdiction d’entrée en Israël pour les représentants d’ONG, de « Jewish Voice for Peace » jusqu’au mouvement BDS.

http://www.jewishpress.com/news/israel/boycott/israeli-government-publishes-full-anti-bds-blacklist/2018/01/07/.

 

Il est étonnant que, devant cette collection d’horreurs israélienne, le groupe parlementaire chrétien-démocrate et chrétien-sociale CDU/CSU se sente obligé de présenter une décision au Parlement allemand, précisément le 27 janvier, qui menace les « immigrants musulmans » d’expulsion qui « appellent à la haine contre les Juifs, qui refusent la vie juive en Allemagne ou qui remettent le droit d’existence d’Israël en question ». Ce n’est, à mon avis, qu’une nouvelle tentative honteuse d’empêcher la « critique d’Israël » ! Comme on pouvait s’y attendre, le président du Conseil central, M. Schuster, s’est montré très enthousiaste : il soutient cette demande et croit de cette façon protéger la démocratie en Allemagne.

 

Je peux me passer de cette « protection », Monsieur Schuster, parce que c’est par des responsables juifs comme vous que la démocratie est menacée en Allemagne, vous qui n’avez même pas pris vos distances envers les crimes antidémocratiques juifs dans « l’État Juif » et qui faites ici campagne contre les réfugiés musulmans. Vous êtes une honte pour tout citoyen juif en Allemagne qui a encore le sens de la décence.

 

Chancelière Merkel, vous qui aimez tant parler des « valeurs judéo-chrétiennes », engagez-vous enfin pour les valeurs démocratiques également dans « l’État Juif ». Et, non, Madame Merkel, ces crimes ne sont pas de « l’auto-défense », il arrêter de « blanchir » les atrocités israéliennes !

 

La photo d’Ahed Tamimi fait le tour du monde après celle d’Ibrahim Abou Thouraya. . La légitime résistance palestinienne est ininterrompue et nous devons la soutenir tous ensemble!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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